Le Briançonnais - le plus beau ciel de France

1950
-
Réf. 01007

Notice

Résumé :

Affiche issue du fonds iconographique du Musée dauphinois.

Type de média :
Date de diffusion :
1950

Éclairage

Quelques années après la fin de la guerre qui a vu l'ensemble des activités touristiques fonctionner au ralenti, au moment de la reconstruction qui privilégiait les autres secteurs économiques et notamment les villes détruites, les stations repartent à la conquête des touristes. Elles le font d'autant plus que se profile un mouvement de fond : le tourisme de masse. Retrouvant les pratiques de ses prédécesseurs, la SNCF inscrit son logo sur des affiches touristiques faisant la promotion des stations. En effet les compagnies de chemin de fer, pour les Alpes le PLM (Paris Lyon Méditerranée), contemporaines du tourisme moderne, ont contribué très largement à son expansion en facilitant l'accès aux territoires, mais aussi en adossant à leurs gares tous les supports modernes de la communication : affiches, guides touristiques, circuits associant train, véhicule hypo puis automobile (cars), hôtels, et avec l'aide à partir de la fin du 19ème des premiers syndicats d'initiative.

L'affiche, réalisée par J.R Poisonnié, dont le sous-titre est le plus beau ciel de France, cible le territoire du nord des Hautes Alpes, plus largement des Alpes du Sud, un territoire toujours en concurrence avec les Savoies, qui incarnent le massif dans l'esprit des touristes urbains.

Dans une réalisation à l'esthétique stylisée en accord avec la mode et les tendances de l'époque, en même temps que le procédé - une lithographie - en signe la qualité, son auteur a rassemblé de manière ramassée les atouts de ce territoire. Sur ce paysage reconstitué, à la différence des affiches antérieures qui soignaient la reproduction de la réalité, même lorsqu'elle était stylisée, l'auteur a inscrit par l'image et les slogans, les lieux emblématiques et attractifs. La région veut bâtir son attractivité sur la complémentarité entre les différents aspects du tourisme et les deux saisons, hivernale et estivale : le patrimoine, à l'époque incarné par les monuments historiques, l'alpinisme et les sports d'hiver, en fait le ski alpin, « nouveau » venu et caractéristique de cette nouvelle période du tourisme hivernal.

D'ailleurs l'accent est mis au premier plan sur cette activité phare. Sur une pente vertigineuse qu'un skieur dévale dans la position de « l'œuf », le dessin veut évoquer la vitesse, autre signe de modernité. Celle–ci est symbolisée au second plan par le téléphérique de Serre Chevalier, encore flambant-neuf et dont il faut faire la promotion. Mis en route en 1941, il lui faut attendre ces années 1950 pour véritablement entrer en fonction. Au 3ème plan des silhouettes escaladent une paroi abrupte (dans la tradition de l'alpinisme et pas encore des murs d'escalade ou autres via ferrata), qui peut symboliser les Ecrins. Le Pelvoux et surtout la Meije, lieux emblématiques signalés, sont à l'arrière plan. Enfin, du point de vue patrimonial, Briançon est représenté par son pont d'Asfelt surplombant la gorge de la Durance, et une de ses fortifications qui comme dans la réalité se confond avec la montagne. En fait en insistant sur les altitudes des massifs sud alpins, comme sur sa nouvelle station, le Briançonnais veut concurrencer la région de Chamonix en apparaissant comme l'autre territoire de la haute montagne, avec un atout supplémentaire, son climat avec le slogan qui depuis a fait florès : 360 jours de soleil par an.

Pour aller plus loin :

- Chabaud Gilles, Cohen Evelyne, Coquery Natacha, Penez Jérôme (1997) Les guides imprimés du XVIe au XXe siècle. Paris, Belin.

- Rauch André (2001 - réédition de 1998) Vacances en France de 1830 à nos jours. Hachette-Pluriel.

- Rioux Jean-Pierre, Sirinelli Jean-François, Tissot Laurent (2006) La culture de masse en France de la Belle Époque à aujourd'hui. Hachette-Pluriel.

Anne-Marie Granet-Abisset