Reprise du chantier Union et Travail

27 janvier 1990
02m 01s
Réf. 00220

Notice

Résumé :
Océa, jeune chantier des Sables d'Olonne spécialisé dans la production de catamarans de pêche en aluminium, vient d'être désigné par la Justice repreneur des chantiers Union et Travail. Avec un carnet de commandes fourni, des aptitudes d'innovations et de performances techniques importantes, Océa double ainsi ses capacités de production.
Date de diffusion :
27 janvier 1990
Personnalité(s) :

Éclairage

Le chantier Océa a été créé en 1987 aux Sables d’Olonne par Roland Joassard (ingénieur naval) et Fabrice Epaud (commercial) qui est interviewé ici. Ce chantier vendéen n’a cessé de croître depuis bientôt trois décennies, avec de fortes retombées sur l’économie locale et l’emploi. A partir de son port d’attache historique, il a repris trois chantiers dans les années 1990 : Union et Travail en 1990, les chantiers Pouvreau de Vix en 1993 et les Ateliers du Bastion en 1995. Océa s’est aussi implanté à Fontenay-le-Comte, au milieu des terres vendéennes, où son usine produit des éléments préfabriqués. L’assemblage est réalisé sur les autres sites du groupe aux Sables, à Saint-Nazaire ainsi qu’à La Rochelle, où le site a racheté les chantiers Gamelin (2009). Sur son catalogue, les modèles les plus gros dépassent aujourd’hui les 80 mètres. Cette montée en gamme, qui se traduit par une forte activité internationale, a entraîné le lancement du projet ORION, pour « Optimisation, Réorganisation, Industrielle d’Ocea Naval » en 2012, achevé en 2015 avec l’inauguration d’un nouveau plateau technique aux Sables d’Olonne.
Le reportage de 1990 nous transporte donc au tout début de cette extraordinaire aventure industrielle, lorsque le tribunal de commerce de La Roche sur Yon, après avoir prononcé la mise en redressement judiciaire du chantier Union et Travail, déclarait Océa repreneur pour 1,3 millions de F. Chantier typique de l’après-guerre sur le port des Sables d’Olonne, Union et Travail avait négocié avec succès le passage de la marine de travail et de pêche en bois vers les coques en acier. Cette solution technique était devenue onéreuse avec l’installation durable d’un pétrole cher. Océa avait fait le choix d’un autre matériau, l’aluminium, robuste et léger dont la filière connaissait une croissance de plus de 30% par an, pour les navires de pêche et de travail. S’ils avaient fait le bon choix technique, l’aluminium, les chantiers Pouvreau de Vix s’étaient quant à eux trompés de créneau, ayant opté pour la plaisance haut de gamme qui préférait alors le polyester. Quant aux Ateliers du Bastion, dont la proposition de reprise avait été rejetée, le maintien de leur option pour les coques en acier les condamnait à terme.
En 1990, la société Océa se singularisait déjà par sa forte propension à innover. La mise en œuvre des premiers outils de conception numérique lui permettait de proposer des solutions inédites, comme ces catamarans de pêche en aluminium dont la série était en cours de commercialisation en 1990 et qui sont venus enrichir la palette des solutions offertes au monde de la pêche. La stratégie du succès industriel a consisté à utiliser tous les atouts offerts par le territoire : absorption de concurrents dont les savoir-faire ont été recyclés, maintien des activités de maintenance et réparation pour les anciens clients, installation dans l’arrière-pays vendéen pour profiter de subventions et d’une main d’œuvre peu chère, prospection de marchés étrangers qui constituent aujourd’hui l’essentiel de la clientèle pour les unités les plus grosses, dans un contexte de réduction des flottes de pêche en Europe.
Thierry Sauzeau

Transcription

Présentatrice
Une affaire qui reste sablaise. Le tribunal de commerce de La Roche-sur-Yon a désigné finalement OCEA comme repreneur du chantier Union et Travail. OCEA qui prendra possession de ces murs lundi, s’était retrouvé face à deux autres prétendants, le groupe Bastion et un cadre du chantier. Union et Travail, reportage Thierry Berco, Fernando Lavaredas.
Journaliste
1 300 000 francs, voilà ce que coûtera Union et Travail à son repreneur, le chantier OCEA. Ce jeune chantier va pouvoir disposer de 2 000 m², d’outillage et de 19 employés supplémentaires pour construire ce qui a fait sa réussite, les catamarans de pêche en aluminium. Des anciennes activités ne seront conservées que la construction des bateaux en bois et un atelier de réparation, mais plus de bateaux neufs en acier.
Fabrice Epaud
OCEA a un plan de charge actuellement assez important composé de catamarans de pêche, de navires de servitude. Et nous avions un problème de capacité de production. L’opportunité de la société Union et Travail a été saisie pour augmenter cette capacité de production.
Journaliste
Créé il y a trois ans aux Sables-d’Olonne, OCEA va mettre à l’eau le 10 février prochain son sixième catamaran de pêche. Sa capacité innovante et sa performance technique lui ont permis de devenir leader européen sur ce marché qui progresse de 30 % par an.
Fabrice Epaud
Nous travaillons beaucoup sur le catamaran de pêche, pour lequel nous avons développé un programme de recherche et de développement. Et depuis la création d’OCEA, nous travaillons aussi sur le marché du catamaran transport de passagers, qui est un marché sur le plan mondial en pleine expansion. Et nous avons effectivement plusieurs projets, nous travaillons sur des projets à l'exportation, mais aussi en France, en Méditerranée et océan Atlantique.
Journaliste
OCEA a le vent en poupe, un carnet de commandes plein jusqu’au premier semestre 1991. Une capacité de production désormais doublée, mais pas question de concurrencer l’autre chantier sablais qui s’était également porté acquéreur. A chacun son créneau, l’alu pour OCEA, l’acier pour les ateliers du Bastion.