Les pêcheurs du passage du Gois

07 novembre 1992
02m 28s
Réf. 00222

Notice

Résumé :
Le passage du Gois n'est praticable qu'à basse mer et a longtemps été le seul lien entre l'Île de Noirmoutier et le continent. Moins fréquentée par les Noirmoutrins que par les estivants, qui se transforment en pêcheurs lors des basses mers, la route est souvent le théâtre d'accidents car elle disparaît sous les flots à marée montante.
Type de média :
Date de diffusion :
07 novembre 1992
Source :
FR3 (Collection: En flânant... )

Éclairage

La baie de Bourgneuf est caractérisée par la disparité de ses ouvertures, large au nord de Noirmoutier, très étroite au goulet de Fromentine, du côté du viaduc. Si l’on tient compte de la profondeur et de la largeur, la section du passage nord est 10 fois plus grande que celle du sud et même de 1 à 20 par coefficient de marée supérieur à 100. Lorsque la baie se remplit, les flots nord et sud se rencontrent en face de Beauvoir sur mer. C’est là que les dépôts sédimentaires ont fait naître un haut fond, signalé à usage de gué – d’où son toponyme Le Gois – dans les chroniques dès le IXe siècle et bien décrit par Vauban, puis par le géographe Claude Masse, sous Louis XIV. Par suite des poldérisations du XIXe siècle, la sédimentation s’est accélérée jusqu’à rendre ce passage praticable à toutes les marées basses. La chaussée actuelle a été surélevée en 1926 et empierrée en 1939. Elle a supporté seule le trafic routier jusqu’à l’ouverture du viaduc, en 1973.
Le Gois fait toujours la curiosité des touristes et il a fait le malheur des insouciants qui ne prenaient pas la peine de s’informer des horaires de marée : à présent un affichage digital situé aux entrées y pourvoit. Une ligne de refuges surélevés permet aux imprudents surpris par les flots de se réfugier hors d’eau, tandis que leur véhicule est submergé. Le passage, d’une longueur de 4,5 km est classé route départementale 148, il est géré par le département. Il découvre 4 à 5 heures selon les marées, mais n’est praticable que dans un intervalle d’une heure trente avant et après la basse mer, ce qui permet une grande variété d’activités. C’est un chemin d’accès commode pour la pratique des pêches de loisir, qu’il s’agisse de pêches à pied de coquillages fouisseurs (palourdes, couteaux, praires) et d’huîtres, ou de capture des poissons piégés dans les nombreuses mares que compte un estran découvert sur plusieurs dizaines d’hectares. Cette activité est tellement populaire qu’un site web en donne les principales règles, à destination des néophytes (http://www.passagedugois.com/).
Le Gois est aussi un élément structurant de l’activité ostréicole. Il offre en effet l’avantage exceptionnel de pouvoir se rendre sur les parcs et viviers situés en mer, à l’aide de tracteurs munis de remorques. Les concessions octroyées par l’Etat aux professionnels sur le domaine public maritime s’étendent dans ce secteur sur 300 à 350 ha. et sont surtout exploitées par les continentaux de Beauvoir sur mer. Enfin, une course à pied, Les Foulées du Gois, est organisée chaque année depuis 1987. Le signal de départ est donné lorsque les premières eaux montantes franchissent la route. Certains concurrents arrivent avec de l'eau jusqu’aux genoux …
Thierry Sauzeau

Transcription

Journaliste
Et puis le Gois, c’est aussi les pêcheurs, les petits ostréiculteurs et toute une vie qui commence quand la mer se retire. Valérie Heurtel raconte. C’est la route nationale 148, praticable uniquement à basse mer. Ici, on l’appelle le Gois. Elle a été pendant longtemps le seul lien entre l’île et le continent. Aujourd’hui, elle intrigue les curieux et piège les imprudents à la marée montante. Quand la mer se retire sur le Gois, les voitures reprennent leur droit juste pour quelques heures. Elles découvrent alors des hectares et des hectares de sable. Paradis des pêcheurs, des fouilleurs de mares et des ostréiculteurs qui transforment alors la plaine sableuse en une fourmilière active.
Inconnu
Elle est moins fréquentée par les Noirmoutrins qu’elle l’a été. Elle est très fréquentée par les estivants.
Journaliste
Qui trouvent ça rigolo.
Inconnu
Qui trouvent ça rigolo. C’est une curiosité, puis en plus il y a beaucoup de pêcheurs, d’un côté ou l’autre. Coquillages d’un côté, poissons de l’autre.
Journaliste
Alors, ils empruntent la route pour aller à la pêche ?
Inconnu
Ils empreintes la route pour aller à la pêche. On s’amuse aussi à regarder la mer monter jusqu’au toit de la voiture. Quelquefois.
Journaliste
Alors, quand on est Noirmoutrin, on doit toujours avoir l’horaire des marées dans sa voiture.
Inconnu
Toujours l’horaire des marées dans sa voiture, ça c’est primordial pour le Gois et pour la pêche.
Journaliste
Il y a souvent des accidents ?
Inconnu
Il y a souvent des accidents, le dernier date de lundi. Parce que là, on l’a repêchée.
Journaliste
Des accidents qui sont dus à quoi alors ?
Inconnu
Par imprudence. On a toujours le temps. La mer, elle, elle n’attend pas.
bruit
(bruit)
Journaliste
Quand la marée remonte sur le Gois, la route nationale 148 recouverte par les flots laisse alors la place aux bateaux. Et si le pont n’existait pas, Noirmoutier redeviendrait une île jusqu’à la prochaine marée.
bruit
(bruit)