Mai 68

31 décembre 1968
01m 04s
Réf. 00210

Notice

Résumé :

La rétrospective de fin d'année de la station ORTF de Rennes est l'occasion de revenir sur les évènements du mois de mai 1968 en Bretagne.

Date de diffusion :
31 décembre 1968
Source :

Éclairage

En mars 1968, un éditorialiste diagnostique que "la France s'ennuie" : l'explosion de mai était-elle imprévue ? Dans une France en période de haute croissance et où le chômage dépasse rarement les 1,5 % d'actifs, un regain certain des luttes ouvrières, parfois violentes, est certes apparu. Mais les regards des politiques et de la presse se tournent plutôt vers l'université, agitée par quelques troubles. Toutefois, à l'échelle locale, l'ampleur du "mai 68" breton ne doit pas surprendre. En effet, la modernisation de l'économie bretonne a certes de belles réussites, mais elle ne se fait pas sans heurts et sans laissés-pour-compte : fermetures d'usine, licenciements, bas-salaires importants. En janvier 1968, les crises à répétition de l'industrie de la chaussure donnent lieu par exemple à une grande manifestation unitaire à Fougères. Cette dernière commencée dans le calme se termine par de violents affrontements avec la police. Des mécontentements de tous ordres et dans de nombreux domaines existent donc. A l'instar de la France entière, les débuts de mai 1968 en Bretagne sont timides. Le mouvement ne va pas alors cesser de s'amplifier, sans jamais atteindre toutefois les violences parisiennes. Pour la première fois en Bretagne, ouvriers et paysans sont ensemble dans la rue. Le 8 mai 1968, plus de 100 000 personnes dans tout l'ouest se retrouvent. Ensuite, grèves avec occupations d'usine, comme Sud-Aviation à Nantes le 14 mai, et manifestations se multiplient. Peu à peu, à l'image de la France, le reflux contestataire gagne la Bretagne et les grèves cessent vers la mi-juin. La dissolution de l'Assemblée nationale et les accords de Grenelle contribuent à changer les esprits. En outre, Georges Pompidou rassure, par quelques mesures, l'opinion paysanne, et promet aux élus bretons de prochaines avancées sur la réforme régionale. Tous ces éléments favorisent le succès des gaullistes en Bretagne mais traduit peut-être bien plus la défaite des centristes.

Bibliographie :

- Alain Monchablon, "Mai 1968" dans Jean-François Sirinelli (dir.), Dictionnaire historique de la vie politique française au XXe s., Paris, PUF, p. 719- 723.

- Jacqueline Sainclivier, La Bretagne de 1939 à nos jours, Rennes, Ed. Ouest France, 1989.

François Lambert

Transcription

Journaliste
Le problème de la pêche n'était pas isolé. En fait, en Bretagne comme ailleurs , le malaise était général. Et pourtant, personne ne s'attendait à l'ampleur de la crise. Dès les premiers jours de mai, tous les milieux se laissaient envahir.
(Musique)
Journaliste
Les agriculteurs, largement représentés, furent les plus clairvoyants. La rue, où couvait l'émeute, présentait un spectacle effrayant. Fin mai, la confusion était totale, et personne ne pouvait sérieusement prévoir l'issue de ce mouvement, d'abord à caractère revendicatif, pour prendre ensuite une couleur politique très nette.
(Musique)
Journaliste
Finalement, c'est la politique qui aura le dernier mot. Dissolution de la chambre, élections législatives, et majorité sans précédent pour le gouvernement.
(Musique)