La cinémathèque de Bretagne
Notice
La Cinémathèque de Bretagne s'installe à Brest. Elle détient un fonds de films amateurs, et professionnels. André Colleu, son directeur, explique le rôle de la cinémathèque.
Éclairage
Avec presque 20 000 films conservés, dont une grande partie est l'œuvre de cinéastes amateurs, la cinémathèque de Bretagne est un lieu de conservation exceptionnel pour le patrimoine breton. Il faut souligner le caractère pionnier de l'entreprise. Deux expériences actent le besoin et l'envie de conserver les films liés à la Bretagne dans les années 1970. Dès 1974, René Vautier, cinéaste militant d'origine bretonne, lance avec l'Unité de Production de Cinéma Bretagne (UPCB) l'ébauche d'une cinémathèque pour conserver la production audiovisuelle de toute sa région. Parallèlement, le musée de Bretagne élabore une collection cinématographique composée de films professionnels et semi-professionnels. Ces deux tentatives trouvent écho dans l'action notamment d'André Colleu qui commence à collecter des films amateurs pour témoigner du patrimoine d'une région.
Réunie en association en 1986, la cinémathèque est née. En 1987, la collaboration avec FR3 Bretagne pose les premiers jalons de ce nouveau lieu de conservation audiovisuelle. La création d'une série de documentaires, Melezour Breizh, nécessite des images d'archives que la cinémathèque fournit en échange d'un transfert de support de film à vidéo, réalisé par FR3. Avec cette diffusion télévisée, la cinémathèque se fait connaître plus largement. Mais de 1986 à 1992, on ne peut parler que d'une association de préfiguration, la cinémathèque n'ayant pas de lieu fixe. Enfin, en 1995 elle s'établit à Brest où elle trouve un soutien financier des collectivités locales (la région, les départements bretons, la ville de Brest, Rennes Métropole, la Drac Bretagne) qui lui permet de mettre en place les missions qu'elle s'est fixée depuis 1992.
Deux axes principaux forment les missions de la cinémathèque de Bretagne : la conservation et la diffusion. L'association collecte des documents, les restaure, en analyse le contenu. Il s'agit bien d'une mission patrimoniale de sauvegarde et d'inventaire. L'originalité de ce fonds, alimenté d'environ 300 documents par an, c'est la place qu'il donne aux films des amateurs. C'est une véritable reconnaissance pour ces objets audiovisuels qu'on nomme "des inédits". C'est une richesse incomparable pour étudier les usages d'une société. Quel luxe pour l'historien d'être face à des images animées, lui qui est plus habitués aux papiers qu'aux bandes d'un film ! Pour valoriser un tel patrimoine, une politique de diffusion est nécessaire. Deux actions définissent cette politique. Premièrement, une diffusion culturelle, qui permet de faire connaître le fonds dans le cadre de manifestations diverses, par exemple pour le programme "Mémoires locales", mais aussi au sein d'expositions. Les cessions de plans (ventes d'images) sont le deuxième point de la diffusion. Cette valorisation commerciale permet d'enrichir de nombreux documentaires sur la Bretagne en offrant une vision plus originale grâce aux images plus personnelles réalisées par des amateurs. Avec ce travail de conservation et de valorisation patrimoniale, une autre vision de la Bretagne est possible, autre que la bigoudène et sa fameuse coiffe.