Le quartier de Cleunay à Rennes
Notice
Cité d'urgence créée en 1954 pour loger les plus démunis, le quartier de Cleunay à Rennes a mauvaise réputation. Ses habitants apprécient différemment leur logement et le voisinage. Un collectif s'est cependant créé pour préserver le quartier.
Éclairage
Le 1er février 1954, suite à un hiver particulièrement rude ayant entraîné la mort de sans-abri, Henri Grouès dit l'abbé Pierre lance un appel à la radio. Celui-ci, entendu dans toute la France, suscite un important mouvement de générosité. La communauté d'Emmaüs, créée en 1949, reçoit alors beaucoup de dons. De son côté, le gouvernement répond à l'appel de l'abbé Pierre en créant les "cités d'urgence" afin de loger les plus démunis et en lançant les logements "millions", des habitations dont le coût de construction ne devaient pas dépasser un million de francs de l'époque. Le 8 février, le premier chantier est lancé au Plessis-Trévise (commune du Val-de-Marne). En quelques mois, 250 petites maisons individuelles sont construites dans la "Cité de la Joie".
En Bretagne, la municipalité de Rennes réagit elle aussi très rapidement. En 1954, une cité d'urgence de 93 logements, une des premières de France, est construite dans un quartier excentré par rapport au centre-ville, celui de Cleunay. Les logements sont réalisés selon les plans de l'architecte Georges Maillols. Conçus comme de petites maisons individuelles, ils comprennent une entrée aménagée en cellier, un séjour, une chambre et un WC. Ils sont équipés d'un évier, d'un WC à la turque, d'une douche à l'eau froide avec la possibilité d'obtenir l'eau chaude grâce à un raccordement et d'une prise de courant pour tout le logement. Parallèlement à ces habitations, 1000 logements "millions" sont construits entre 1954 et 1960 sur une surface totale de 30 hectares. Vingt cinq ans plus tard, les logements d'urgence de Cleunay, au départ provisoires, sont devenus permanents. Au cours de ces années, la cité a évolué et les logements se sont dégradés. En 1982, un projet de reconstruction par tranches est lancé sous l'impulsion de l'opération nationale "Habitat et vie sociale". Ce projet prévoit la réhabilitation de la plupart des logements devenus vétustes mais aussi de nombreuses actions encourageant l'insertion professionnelle des jeunes, effaçant ainsi l'image de délinquance que la cité a longtemps véhiculé. Désormais, dans le quartier de Cleunay, les petites maisons ont cédés la place aux appartements.
En France, la dernière cité d'urgence à Gretz-Armainvilliers (en Seine-et-Marne) est sur le point de disparaître. Sa destruction est prévue pour 2010.