Citroën, les intérimaires
Notice
Une majorité de candidats à l'embauche chez Citroën la Janais sont d'anciens intérimaires de l'entreprise. Ils sont pour la plupart jeunes et diplômés. Selon les anciens de l'usine, ces jeunes vivent cependant mal leur statut d'ouvrier.
Éclairage
Ce film, qui fait partie d'une sélection multiple d'extraits concernant le groupe PSA-Citroën, est à remettre dans un double contexte :
- un contexte exogène à l'entreprise : les conflits nés de l'emploi intérimaire se multiplient depuis l'application des 35 heures mises en place par le gouvernement Jospin. Il semblerait que le patronat ait alors cherché à utiliser au maximum la flexibilité permise par l'intérim. En 2000, en France, 1,78 million de personnes, dont 45 % de moins de 25 ans, ont effectué au moins une mission d'intérim. Ces pratiques utilisées chez Citroën, et qui se répandent dans beaucoup d'autres entreprises, ont fait l'objet et l'inquiétude de la population.
- un contexte endogène à PSA : cette entreprise, qui n'embauchait plus depuis plusieurs années, relance son activité en 2000 grâce à la fabrication de la C5. Citroën envisage alors d'embaucher 2000 personnes afin de produire 1800 véhicules par jour. Mais cela ne devait être qu'un début puisque le site de la Janais devait fabriquer ensuite des Peugeot. Cette "révolution" née de la fusion Citroën-Peugeot qui se produit quand est votée la loi des 35 heures a impliqué une augmentation du nombre de travailleurs qui se fera en partie sous forme d'intérim. C'est un véritable changement dans cette entreprise où, jusque dans les années 80, on se faisait embaucher de père en fils.
La main d'oeuvre intérimaire est moins docile et ne peut pas être attachée à l'entreprise comme l'étaient les premiers ouvriers ruraux. Des conflits éclatent chez Citroën : en 2000, huit intérimaires n'ont pas accepté une diminution de leurs salaires liée à la flexibilité et ont décidé de porter l'affaire devant le tribunal des Prud'hommes avec l'aide de la CGT. Ils demandent aux sociétés d'intérim le paiement des journées de "chômage technique". Le tribunal leur donnera partiellement raison. Ce recours aux intérimaires n'a fait que croître : en 2003, l'effectif des précaires ne représentait que 5% du personnel, en 2009 il dépasse les 20%.