Anjela Duval et la terre
Notice
Extrait du film de André Voisin. Assise dans l'herbe, un chien sur ses genoux, la poétesse Anjela Duval raconte sa terre, à laquelle elle est profondément attachée.
Éclairage
Angela Duval est née en 1905 au Vieux-Marché près de Plouaret dans les Côtes-d'Armor. Elle s'occupera de la petite ferme familiale toute sa vie. Elle est d'une part connue pour ses poèmes, chansons et textes rédigés en langue bretonne (son œuvre complète a été publiée en 2000 sous le titre Oberenne Glok) mais aussi pour son militantisme face à la mise à mal de l'identité bretonne. Elle s'insurgera contre la vente de terres, l'abandon du breton, etc. Dans son article publié dans Ar-Men (n°56), Roger Laouénan rappelle que sa devise fut « Stourm a ran war bep tachen » traduit par « Je résiste sur tous les fronts ». Gilles Servat lui dédiera d'ailleurs une chanson intitulée Traon an Dour, nom du hameau où elle a toujours vécu.
Dans cet extrait Angela Duval ne raconte pas les légende bretonnes, sujet habituel de l'émission « Les Conteurs » d'André Voisin, mais elle dit son attachement à la terre agricole. Interrogée sur le nom de ses parcelles, elle file la métaphore, voyant en elles des enfants qu'elle nomme et qu'elle individualise car elle en connaît l'histoire. Ces propos nous font mieux comprendre sa révolte exprimée dans ses poèmes quand le foncier est vendu aux étrangers à la Bretagne... ceux qui ne connaissent des terres que leurs numéros sur le cadastre.
Ses propos rappelle aussi une tradition qui se perd : celle de nommer les parcelles en fonction de leurs qualités. La microtoponymie en a gardé beaucoup de traces. Par exemple, la terre était souvent qualifiée par la culture qui lui convenait le mieux. Angela cite d'ailleurs la terre à landes, parcelle probablement non cultivable autrefois. La taille des parcelles était souvent suivie de qualificatifs : petit (bihan) ou grand (bras) etc.. mais la proximité d'un réseau hydographique pouvait également suggérer le nom des terres.
Pour aller plus loin :
Voir les travaux d'Albert Deshayes publiés dans le bulletin Foen-Izella, association de recherches sur l'histoire locale du pays de Fouesnant (numéros de 1992).