Le Hartmannswillerkopf, ensemble mémoriel majeur de la Première Guerre mondiale
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Le Hartmannswillerkopf, ou Vieil Armand, est à la fois un champ de bataille de la Première Guerre mondiale, un monument national, un lieu de mémoire et un historial. Objet de convoitise pour sa situation géographique stratégique, le sommet change de nombreuses fois de camp pendant la guerre. Le site est aujourd’hui un symbole de la réconciliation franco-allemande.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
10 nov. 2017
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Sur les contreforts du massif vosgien, entre Cernay et le Grand Ballon, le sommet du Hartmannswillerkopf est un site stratégique à 956 mètres d’altitude, et l’un des terrains de la bataille des Vosges pendant la Première Guerre mondiale. A l’extrémité de la crête, l’Aussichtsfelsen, ou Rocher panorama, présente une vue dégagée sur la plaine sud-alsacienne et la trouée de Belfort. Depuis le traité de Francfort signé le 10 mai 1871, la frontière franco-allemande dans les Vosges suit la ligne de crête. L’armée allemande est en position de défense de l’Empire, dont fait partie l’Alsace, alors que les Français veulent reconquérir les territoires perdus.
Au cours de l’automne et de l’hiver 1914, le front vosgien se stabilise entre Cernay et Thann et rejoint le Hartmannswillerkopf. Si la guerre de mouvement n’est alors plus d’actualité sur le front occidental, des combats de forte intensité continuent localement dans les Hautes-Vosges en vue de meilleures positions. C’est le cas à la Tête de Faux, à Noël 1914, au Linge près d’Orbey en 1915, et dans les guerres des mines à la Fontenelle ou à la Chapelotte. Les batailles sont particulièrement meurtrières sans pour autant que les positions évoluent : il s’agit désormais d’une guerre d’usure.
Dans le secteur du Hartmannswillerkopf, les principales opérations se déroulent entre décembre 1914 et janvier 1916. Les généraux français voient dans le contrôle de cette crête, en territoire allemand, un moyen de surveiller l’ennemi et de menacer la ligne de chemin de fer reliant Mulhouse à Colmar et Fribourg. En un peu plus d’un an, le sommet change huit fois de camp. Dès 1915, la presse surnomme ce sommet la « Mangeuse d’hommes » ou « Montagne de la mort ». Sur un espace très restreint, environ 30 000 soldats français et allemands combattent sur un champ de bataille dévasté par les obus, l’usage des gaz et lance-flammes et dans un paysage rapidement devenu lunaire. En décembre 1915, une attaque du 152e régiment d’infanterie - le « 15-2 » - est particulièrement meurtrière. Le front se stabilise en janvier 1916 autour de la croix sommitale actuelle, et les adversaires s’enterrent dans des tranchées. Les armées allemandes construisent des abris en béton armé, grâce à du matériel acheminé par voie de chemin de fer, puis par funiculaire. Les Français aménagent des abris plus précaires avec du matériel apporté par traction animale.
L’étude des affrontements au Hartmannswillerkopf, qui auraient fait entre 6000 et 30 000 morts français et allemands selon les estimations, montre des similitudes avec d’autres épisodes de la Grande Guerre, comme les batailles de la Somme ou de Verdun : à la guerre de mouvement succède une guerre de position ou guerre de tranchées, très meurtrière, à la dimension industrielle, nécessitant des équipements d’artillerie très importants pour d’infimes gains territoriaux. Mais la guerre de montagne présente des caractéristiques propres : les lignes des deux camps sont souvent très proches et les opérations logistiques plus difficiles en raison de la topographie accidentée. Le terrain rend aussi plus imprécise l’utilisation de l’artillerie, alors que les conditions climatiques extrêmes compliquent le quotidien des soldats et sont une des spécificités de l’expérience combattante en montagne. Si les opérations d’envergure dans les Hautes Vosges prennent fin au début de l’année 1916, les escarmouches continuent jusqu’en 1918, avec parfois des combats de forte intensité.
Aujourd’hui, l’ensemble mémoriel est composé de différentes parties : le champ de bataille, la nécropole française, le monument national, sa crypte et la croix sommitale, ainsi que l’historial. Le champ de bataille, le premier classé au titre des Monuments historiques dès 1921, est devenu un véritable musée à ciel ouvert. La nécropole, aménagée sur une pente du Silberloch, a permis de regrouper les cimetières disséminés et plusieurs ossuaires. Dans son prolongement, le monument national, construit dans les années 1920 et classé monument historique, est l’un des quatre monuments nationaux de la Grande Guerre avec Notre-Dame de Lorette, Dormans et Douaumont. Un ossuaire, recouvert du « bouclier de la patrie », occupe le cœur de la crypte, et trois autels dédiés aux cultes concordataires catholique, protestant et israélite ont été aménagés. A l’extérieur, l’autel de la Patrie, orné des blasons des 12 villes donatrices et inspiré de l’autel de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790, le surplombe et célèbre la reconnaissance de l’Alsace à la France dans une unité nationale retrouvée.
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Consacré au Hartmannswillerkopf, dans le Haut-Rhin, ce reportage a été diffusé dans le journal télévisé de France 3 Alsace, le 10 novembre 2017. Le choix de l’antenne régionale s’explique par l’inauguration le jour même de l’historial franco-allemand, mais qui n’est pas évoqué dans ce reportage. Pour l’occasion, celui-ci présente des images récentes du site : le monument national avec la vue extérieure de la crypte et l’autel de la patrie, le cimetière français, la croix sommitale, et le champ de bataille. Plusieurs vues panoramiques permettent de constater l’extraordinaire observatoire sur la plaine alsacienne qu’est le Hartmannswillerkopf. Le reportage montre ensuite des images des chantiers « patrimoine », les premiers chantiers de jeunesse franco-allemands ayant eu lieu dès les années 1980, et une opération de déminage, intervention encore fréquente. Il se clôt avec le monument dédié au 152e régiment d’infanterie inauguré en 1921. Dès l’après-guerre, le site est en effet devenu un lieu de pèlerinage en hommage aux soldats disparus.
Ces images récentes alternent avec des archives de la Première Guerre mondiale : offensives, soldats dans les tranchées, champ de bataille dévasté par les tirs d’artillerie, convois et soldats sous la neige, illustrant les conditions climatiques extrêmes. Le reportage permet de constater le remarquable état de conservation des tranchées, creusées pour certaines dans le grès, et la variété des dispositifs de barbelés et des abris.
L’ensemble est entretenu par le Comité du monument national du Hartmannswillerkopf (CMNHWK), dont un des responsables est interviewé. Le CMNHWK agit avec le soutien financier de nombreux partenaires dont l’Union européenne, les Etats français et allemand, des collectivités territoriales, et des mécènes. C’est aussi le comité qui a assuré la maîtrise d’ouvrage de plusieurs chantiers de réhabilitation, ainsi que la construction du mémorial, ou historial, de la Grande Guerre. Celui-ci a été conçu comme un symbole de la réconciliation franco-allemande. La première pierre a été posée en 2014 par les présidents Hollande et Gauck, pour lancer les commémorations du centenaire de la Grande Guerre. Il est ensuite inauguré le 10 novembre 2017 par les présidents Macron et Steinmeier, sous le signe de la défense de la souveraineté européenne. L’ensemble du site est ainsi devenu un haut lieu de l’amitié franco-allemande. Son histoire permet d’étudier la diversité des acteurs impliqués dans la politique mémorielle en Alsace, et en particulier au Hartmannswillerkopf, dans une optique transfrontalière.
Par la mise en valeur et la communication autour du site, les acteurs locaux veulent aussi favoriser le tourisme patrimonial, mais cela n’est pas évoqué dans le reportage. Lieu de pèlerinage dès la fin de la guerre, le Hartmannswillerkopf a vu se développer le tourisme de mémoire. Moins connu que les sites de Verdun ou de la forêt d’Argonne aussi situés dans la région Grand Est, il n’en est pas moins un des sites touristiques alsaciens les plus visités. Son aménagement depuis un siècle illustre comment il est devenu un lieu de mémoire, à travers la multiplication de stèles puis l’érection du monument national. Sa patrimonialisation, dans un souci de transmission aux générations futures alors que les derniers survivants ont disparu, a permis d’en faire un symbole de la réconciliation franco-allemande de nos jours. La nécropole et le monument national font partie des sites funéraires et mémoriels du front occidental pour lesquels la France a demandé l’inscription au patrimoine mondial, et dont l’Unesco a reporté l’examen de la demande de candidature à 2021.
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