1918 en Meuse : le retour des civils dans les villages
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Témoignages de Marcel Robinet, 86 ans et d'Alice Trouslard, 94 ans, deux Meusiens qui ont quitté leur village au moment de l'occupation par les Allemands au cours de la Première Guerre mondiale.
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Date de publication du document :
11 mai 2021
Date de diffusion :
15 déc. 1999
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Marcel Robinet et Alice Trouslard, deux Meusiens âgés respectivement de 8 et 13 ans à la fin de la Première Guerre mondiale, racontent ce qu’ils ont vu lorsqu’ils sont revenus dans leur village après la guerre. Les paysages étaient en ruine : arbres mutilés ou déracinés, terres agricoles devenues des champs de bataille, maisons détruites. Les communes meusiennes - dont certaines seront totalement rasées - connaissent effectivement d'énormes destructions commises par l’artillerie française et allemande, notamment lors de la bataille de Verdun en 1916 : 300 jours de combats, 50 millions d’obus tirés, plus de 300 000 morts et 400 000 blessés.
Ainsi, les terres agricoles sont jonchées de cadavres, d’obus et de munitions, et labourées de tranchées. Par ailleurs, 30 000 immeubles sont détruits et 11 000 endommagés par les bombardements aériens, dont l’usage se généralise à partir des années 1916 et 1917.
Dès 1917, l’Etat français envisage que les 75 000 Meusiens évacués par les armées française ou allemande puissent revenir dans leurs communes. Pour cela, en décembre 1917, le ministère des Régions libérées voit le jour afin d’organiser le retour des Français. Cependant, de nombreux habitants n’attendent pas l’autorisation pour revenir chez eux. Pour les héberger, des baraques provisoires sont construites. Au début de l’année 1922, 13000 constructions provisoires ont été montées. Il faut attendre 1921 pour que les constructions définitives soient enfin habitables. Parallèlement, 19 571 hectares de la Meuse sont classés en Zone Rouge sur 120 000 hectares, c’est-à-dire des terres dévastées par les combats. 4 000 hectares sont remis en état par le gouvernement puis sont revendus à des particuliers. Beaucoup de terrains considérés comme inutilisables sont reboisés ou classés comme vestiges de la guerre. C’est ainsi que neuf villages dont Fleury-devant-Douaumont, détruit seize fois durant la guerre, ne sont pas reconstruits et sont déclarés "morts pour la France". Ces villages détruits se voient attribuer un "maire", qui entretient la mémoire du lieu disparu. Une signalétique particulière permet de perpétuer leur souvenir.
Nos deux témoins expliquent le travail réalisé par les civils pour rendre à l'agriculture les champs de bataille. Les sols ont d'abord dû être nettoyés des munitions et du matériel militaire. C'est seulement après le désobusage que les terres ont de nouveau pu être labourées. Les terres agricoles ne sont pas les seuls espaces marqués par la guerre : les routes, les voies ferrées et les ponts sont à rebâtir. Il est important de souligner que la Meuse n’est pas le seul département à avoir subi des dommages. En effet, tout le Nord et le Nord-Est de la France doivent être reconstruits. Pour cela, la France attend beaucoup des réparations que l’Allemagne doit payer suite à la signature du traité de Versailles le 28 juin 1919. Pour faciliter les dédommagements, la « charte des sinistrés », loi de 1919, est mise en place afin que les propriétaires sinistrés et les communes détruites puissent obtenir un soutien financier.
A la fin du reportage, Alice Trouslard fait référence à l’ambiance de l’après-guerre, avec la joie de retrouver ses proches, en particulier les hommes partis au front. Elle met l'accent sur la liberté retrouvée et la foi en un meilleur avenir. En effet, après-guerre, un mouvement antimilitariste et pacifiste voit le jour, surtout parmi les anciens combattants.
Éclairage média
Par
Dans le cadre de la série de reportages « Témoins du siècle » consacrés à la Première Guerre mondiale en Lorraine diffusés en 1999, la rédaction du Journal télévisé a choisi de présenter une série de reportages la semaine du 13 décembre. La présentatrice du journal télévisé présente le sujet et rappelle rapidement le contexte de la Première Guerre mondiale, en particulier l'évènement important pour la Meuse à l’époque du conflit : la bataille de Verdun.
Le reportage s’appuie principalement sur le témoignage de deux Meusiens : Marcel Robinet, 86 ans et d'Alice Trouslard, 94 ans. Ces derniers évoquent leurs souvenirs d’enfants lors de leur retour en Meuse à la fin de la Grande Guerre. Les journalistes ont choisi de centrer leur reportage sur ces deux témoignages, en les illustrant avec des photographies d’archives des villages détruits et des champs de bataille où les tranchées sont visibles. Une carte de la ligne de front permet de situer les zones de combats, mais aussi les villages concernés par le reportage : Flabas et Brandeville, au nord de Verdun. Ces documents d’archives permettent d’enrichir les propos des journalistes. Le téléspectateur peut aussi s’imaginer les champs de bataille ou encore les tranchées creusées par les soldats pendant la guerre. Le reportage souligne que les paysages meusiens sont toujours marqués par la Grande Guerre, puisque des obus sont encore découverts de nos jours dans les champs.
Les journalistes rappellent rapidement le contexte en évoquant l’occupation de la zone par les Allemands mais ils s’intéressent plus particulièrement aux conséquences de la guerre, en particulier aux dégâts matériels. Cela permettrait d’aborder en classe de Première le dernier thème du programme, en particulier le chapitre 3, qui demande d’étudier les bilans humain et matériel de la guerre.
Enfin, le reportage est aussi l’occasion de montrer que la Meuse regorge d’un riche patrimoine de la Grande Guerre comme l’illustrent les nombreux paysages qui gardent les traces des batailles dont les trous d’obus, les tranchées encore visibles. Un nouveau paysage mémoriel voit le jour en Meuse avec la construction de monuments aux morts et de stèles commémoratives. Il inscrit dans un temps long le sacrifice des soldats et des civils.
A partir des années 1990, la mémoire de la Grande Guerre se réactive avec la disparition progressive des derniers combattants. Leurs témoignages sont alors recueillis. Ce devoir de mémoire se voit à travers les œuvres cinématographiques et littéraires, dont La Chambre des Officiers de Marc Dugain. De même, les pouvoirs publics s’emparent de cette question. Par exemple, en 1998, le Président Jacques Chirac accorde la Légion d’honneur à tous les soldats étrangers s’étant battus sur son sol, reconnaissant ainsi les anciens combattants des troupes coloniales. La même année, le Premier ministre Lionel Jospin redonne une place aux "fusillés pour l’exemple" grâce à son discours de Craonne.
Transcription
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