La deuxième bataille de la Marne : la fin des espoirs allemands
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Le mémorial national de Dormans est un des principaux lieux du souvenir de la seconde bataille de la Marne, moins connue que la première, mais tout aussi importante. En juillet 1918, les Allemands franchissent la rivière pour une dernière offensive en direction de Paris. Ils se heurtent à une défense efficace des Alliés sous le commandement unique de Foch et doivent finalement reculer.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
13 juil. 2018
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Contexte historique
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège François Legros de Reims
Au printemps 1918, la cinquième année de guerre sur le front occidental ne permet toujours pas d’entrevoir une issue proche. Pourtant, la situation en Europe a beaucoup évolué au cours de l’année précédente. L’Allemagne, qui porte l’essentiel du poids de la Triple Alliance, a vu ce poids allégé par l’armistice avec la Russie en décembre 1917 (le traité de paix est signé en mars 1918). Épuisés par la guerre, les Russes ont renversé le tsar en février puis accepté le coup d'État de Lénine en octobre en échange de la paix. Non seulement, l’Allemagne ne doit plus combattre que sur le seul front occidental, mais elle peut y renforcer ses troupes, même si celles-ci sont épuisées, dans un pays qui subit en plus le blocus de ses côtes. Pourtant, l’Etat-major allemand, avec Hindenburg et Ludendorff, a compris que l’arrivée des Etats-Unis dans la guerre oblige l’Allemagne à hâter la fin de celle-ci. Il y a une "fenêtre" entre la décision du président Wilson d’entrer en guerre en avril 1917 et leur entrée en guerre effective quinze mois plus tard, le temps de constituer une armée. Au printemps 1918, les Allemands cherchent donc à reprendre l’offensive pour obtenir une victoire décisive et pouvoir terminer la guerre en vainqueur, avant de subir la puissance des Etats-Unis.
A contrario, le temps semble jouer en faveur de l’Entente. Même si le prix de la guerre est terrible, elle apparaît en position de force : les empires coloniaux lui assurent un réservoir humain et surtout l’arrivée des Américains, après le ralliement des Italiens dès 1915, apparaît décisive. De plus, l’Entente s’est enfin mis d’accord sur le commandement unifié des forces : c’est Foch, promu maréchal, qui dirige les armées alliées. La guerre d’usure lui est favorable et économise les vies humaines.
En mars 1918, les Allemands reprennent donc l’offensive, dans le Nord et sur l’Aisne, avec quelques succès qui leur permettent d’occuper Soissons et Château-Thierry. Surtout ils élaborent un nouveau plan qui doit leur permettre de gagner la guerre par un dernier effort : le Friedensturm, la bataille pour la paix, celle qui doit permettre une paix victorieuse. Comme en 1914, il s’agit de franchir les cours d’eau pour marcher sur Paris au plus vite. Pourtant si l’objectif est le même, les conditions de la guerre ont beaucoup changé.
A ce titre, il pourrait être intéressant de comparer les deux batailles de la Marne que finalement tout distingue, à commencer par la géographie car la seconde a lieu sur la Marne même, ce qui n’est pas le cas de la première, 50 km plus au sud. Les forces en présence ont changé : en 1914, trois belligérants seulement s’opposent, tous européens. En 1918, la bataille est mondiale : aux Européens s’ajoutent d’autres Européens, Italiens, mais surtout les troupes coloniales, du Commonwealth et françaises et les Américains. La guerre s’est internationalisée. Si la stratégie allemande est celle d’un retour à l’offensive, les moyens de celle-ci ont aussi changé. La bataille de 1914 est une bataille de fantassins et d’artilleurs, celle de 1918 appartient aussi aux aviateurs et blindés, le char jouant un rôle important. La capacité à mettre en synergie ces armes nouvelles devient décisive. La tactique a donc évolué au plan offensif mais aussi au plan défensif. Face à la puissance de feu croissante des artilleries, les lignes de défense utilisent la profondeur pour être à l’abri des tirs, ce que Foch fait en juillet 1918 et qui lui permet de contrer rapidement les Allemands. Enfin, il faut souligner que les soldats ne sont plus les mêmes : ceux de 1914, novices, ont laissé place à des professionnels aguerris par 4 années de combats pour les plus anciens. Ils ont accumulé et transmis un savoir-faire qui les rend moins vulnérables. En ce sens, on peut donc reprendre l’interrogation de l’historien François Cochet qui se demande si la première bataille de la Marne n’était pas la dernière du XIXe siècle et la seconde bataille, la première du XXe siècle.
Éclairage média
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège François Legros de Reims
Pendant le Centenaire de la Première Guerre mondiale, les rédactions régionales de France 3 ont réalisé une très grande série de reportages sur la Première Guerre mondiale dans leur région. C’est un épisode de cette série que France 3 Champagne-Ardenne nous propose ici, un épisode peu connu : la seconde bataille de la Marne en juillet 1918. Les reportages sont tous construits sur le même modèle : on part d’un lieu de mémoire pour raconter ce qui s’est passé à l’aide d’images d’archives. On notera toutefois que les images utilisées posent question sur le lien entre les faits décrits et leur contenu : toutes ne sont pas en rapport avec la bataille dont il est question. On pourra se demander en quoi cette bataille a-t-elle été décisive ?
Pour raconter la Bataille de la Marne, le journaliste a choisi le mémorial national de Dormans au nord-ouest du département de la Marne et en surplomb de la vallée. Un lieu stratégique en juillet 1918, un lieu qui permet d’embrasser du regard le champ de bataille. Sur le sommet du versant sud de la vallée a donc été érigé un ensemble mémoriel imposant. On accède par un grand escalier au parvis d’une chapelle de style gothique et sous laquelle une crypte regroupe les noms des morts de la bataille. Un ossuaire rassemble 130 cercueils contenant les restes non identifiés de nombreux soldats et une lanterne aux morts leur rend hommage. Enfin, une galerie couverte relie l’ossuaire à une seconde chapelle ; sur les murs, on a les effigies de Joffre et Foch, et le nom des unités qui ont combattu lors de la bataille.
Le journaliste parcourt ce cadre monumental pour raconter la bataille. Il revient donc longuement sur le contexte du printemps 1918 qui conduit l'État-major allemand a lancer le Friedensturm. L’offensive lancée par les Allemands d’étend de Massiges en Argonne à Château-Thierry, au sud de l’Aisne, que les Allemands ont repris quelques semaines auparavant. Reims et Epernay sont donc touchées par les opérations en cours. Il raconte alors les grandes étapes de l’offensive qui débute le 15 juillet 1918, avec notamment le franchissement de la Marne, une rivière déjà large à l’ouest d’Epernay, dans une vallée qu’il faut franchir au prix de lourdes pertes et d’une intense préparation d’artillerie. L’obsession allemande de la prise de Paris semble pouvoir se concrétiser mais se heurte à la stratégie défensive des Alliés, plus efficaces et économes en hommes car ils sont moins exposés aux tirs d’artillerie.
Les forces allemandes s’étirent et s’épuisent. Le 18 juillet, les troupes alliées, sous le commandement unique de Foch, lancent la contre-offensive, appuyées par les chars dont nous voyons des images, et l’aviation. Dès le 20 juillet, les Allemands doivent refranchir la Marne, Château-Thierry est reprise. A partir du 22 juillet, les Allemands ne résistent plus : ils reculent et le front se stabilise au nord-est sur la Vesle. Portés par ce succès, les Alliés reprennent aussi l’offensive sur les autres fronts, la Somme, l’Artois, la Flandre. Des soldats allemands sont faits prisonniers dans un repli désordonné, du matériel est pris. Le coup est rude pour les Allemands.
La guerre n’est pas encore gagnée pour les Alliés et il faudra attendre novembre pour voir les combats cesser, les Allemands occupant encore une partie du territoire français. Mais ce qui est terminé sur la Marne, c’est l’espoir d’une offensive victorieuse. Ce que les Allemands ont perdu va en fait bien au-delà : c’est l’espoir de gagner la guerre sur le terrain militaire. Et c’est bien, contrairement à la légende portée par les généraux allemands après-guerre, l’armée allemande qui a failli sur la Marne, et non une population civile allemande pourtant épuisée et souvent accusée d’avoir faibli dans son soutien à l’armée et voulu le renversement de l’Empire pour mettre en place un gouvernement socialiste voulant la paix, une paix devenue défaite humiliante et trahison, selon les militaires.
Transcription
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