Des bénévoles entretiennent la mémoire de la guerre des mines à Vauquois en Argonne
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Résumé
En Argonne, près de Verdun, le village de Vauquois a été pendant la Première Guerre mondiale un enjeu stratégique pour les belligérants. Tenue par les Allemands, la butte de Vauquois a connu une forme particulière de la guerre des tranchées : la guerre des mines. Aujourd’hui, une association de bénévoles fait revivre l’histoire du lieu et entretient sa mémoire.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
10 nov. 2002
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Contexte historique
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège François Legros de Reims
En août 1914, quand la guerre éclate entre Triple Alliance (Allemagne - Autriche - Italie) et Triple Entente (France - Russie - Royaume-Uni) , les Allemands font le choix de violer la neutralité belge pour attaquer la France par les Ardennes. Pendant ce temps, les Français lancent leur offensive sur l’Alsace et sont pris à revers. Ils réussissent finalement à stopper l’avancée allemande lors de la première bataille de la Marne en septembre 1914. La guerre de mouvement prend fin et les deux armées s’enterrent le long d’une ligne de front allant de la Suisse à la mer du Nord, et passant par Verdun : c’est le début de la guerre de position, marquée par la mise en place d’un système de tranchées de plus en plus sophistiqué. La situation de Vauquois fait alors de ce lieu un enjeu constant des quatre années de guerre.
Vauquois est un petit village de l’Argonne, entre Marne et Meuse, à 25 km au nord-ouest de Verdun. Un village qui se meurt en 1914 mais dont le site, une butte, et la situation, à proximité de la ligne de chemin de fer entre Verdun et Paris, font un lieu stratégique : les artilleurs allemands peuvent ainsi couper le ravitaillement de la citadelle de Verdun, un enjeu stratégique dans la guerre d’usure en 1916, mais aussi tout au long de la guerre.
Dès septembre 1914, le village fait l’objet d’âpres combats entre les deux camps et ce sont finalement les Allemands qui le prennent. Ils y resteront jusqu’en septembre 1918, malgré tous les efforts français pour le reconquérir. Immédiatement, les Allemands fortifient leur position pendant que les Français s’installent au pied de la butte. Au début 1915, ils lancent une grande offensive pour chasser les Allemands. C’est un échec mais les Français réussissent malgré tout à s’installer en haut de la butte, à quelques mètres des ennemis : les deux armées se font ainsi face pendant plus de trois ans, chacun dans leurs tranchées. Les combats en surface ne changent rien à la situation, mais c’est la guerre des mines, c’est-à-dire des galeries souterraines, qui devient le fait marquant de Vauquois. Chaque camp creuse des galeries (les mines) pour atteindre le camp ennemi et y faire exploser, en sous-sol donc, de lourdes charges explosives, visant à détruire le système de défense et permettre ensuite un assaut en surface.
Ce sont les unités de sapeurs, spécialisés dans les travaux de terrassement, le creusement des tranchées et des tunnels, qui sont mobilisés pour construire ces kilomètres de galeries et déposer les charges explosives. C’est un travail très dangereux : la butte ressemble peu à peu à une immense termitière où l’effondrement menace en permanence, et les explosifs sont instables, provoquant nombre d’accidents. En trois ans, ce sont quelques 500 explosions qui touchent la butte, dont la plus célèbre et la plus importante est celle des Allemands le 14 mai 1916, avec une charge de 60 tonnes d’explosifs, tuant 108 soldats français, provoquant des destructions massives, et créant un gigantesque cratère au sommet de la butte, devenu symbole de Vauquois. Les Français projettent même l’arasement complet de la butte. La guerre est ainsi devenue une guerre technique et donc industrielle dans un effort pour mobiliser au mieux toutes les ressources, humaines et donc matérielles, des belligérants avec l’unique but de gagner une guerre devenue guerre totale.
Au printemps 1918, la guerre des mines prend fin, dans un contexte de retour à la guerre de mouvement. Mais les Allemands tiennent toujours Vauquois. Ils ne sont finalement délogés que par les troupes américaines en septembre 1918. Ironie de l’histoire, parmi les combattants américains, il y a le futur général Patton mais surtout le futur président Harry Truman, celui qui en 1945 prendra la décision des bombardements atomiques sur le Japon, les plus grosses explosions de l’Histoire, mais venues du ciel cette fois…
Éclairage média
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège François Legros de Reims
Le reportage présenté par France 3 Lorraine évoque un fait assez connu de la Première Guerre mondiale : la guerre des mines, à Vauquois, en Argonne. C’est l’occasion pour le journaliste de mêler histoire et mémoire.
L’histoire, parfois considérée comme le récit le plus exact possible des faits du passé, grâce à un méticuleux travail d’enquête, est présente en particulier grâce à quelques images d’archives, et aux récits. Ces images permettent de retracer l’histoire du village, puis de montrer la guerre et la vie des soldats. Les récits, du journaliste qui contextualise, et des membres de l’association qui apportent leur éclairage de spécialistes du site, se complètent pour donner à comprendre la singularité de Vauquois. Le travail d’historien n’est pas ici fait par des historiens professionnels mais par les bénévoles d’une association de passionnés, comme on en trouve beaucoup dans la région. Abandonné depuis la fin de la guerre, le site a suscité un intérêt croissant à partir des années 1960.
Depuis les années 1990, l’archéologie a investi ce champ de recherches, et l’INRAP - Institut National des Recherches Archéologiques Préventives - a beaucoup fouillé, notamment dans le nord-est de la France. Ici, les bénévoles font des fouilles mais sans les méthodes scientifiques des archéologues, sans relevé topographique, ou encore sans photographier les zones fouillées avant de prélever les objets. Malgré tout, l’intérêt de leur travail est manifeste : ils mettent au jour les fondations du vieux village et surtout ils découvrent les quelques 20 kilomètres de galeries (surtout allemandes) du site.
Leur travail permet ainsi de mettre à jour des différences entre Français et Allemands. Si les premiers ont creusé, c’est seulement pour placer des charges explosives sous les positions allemandes. Pour les Allemands, c’est un usage bien différent qui est fait de ces galeries : le souterrain est le lieu de vie des soldats à Vauquois. Les Allemands ont en effet construit un véritable camp souterrain dont le reportage fait apparaître quelques éléments au gré des images et des paroles : électrification, rail pour wagonnets, chambrée, alimentation…
Au travers de tous ces éléments, c’est la vie quotidienne des soldats au front qui se fait jour, un champ d’investigation récent qui s’est notamment développé autour du travail fait au Mémorial de Péronne. On peut aussi relier le site de Vauquois à d’autres sites où les Allemands avaient déjà développé des pratiques de vie souterraine : on retrouve en effet cela en Somme mais aussi avant la Guerre 1914-18, quand les occupants de l’Alsace-Moselle avaient construits des lignes de forts, dont celui, gigantesque, de Mutzig, dans les années 1890.
Transcription
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