Les espaces ruraux dans le Grand Est : des territoires multifonctionnels
Par Cyrille Litterst et Anne Gerhard - Masson, Professeur d'histoire-géographie et documentalistePublication : 11 déc. 2024
Jusqu’en 2020, l’INSEE considérait comme rurale toute personne vivant dans une commune de moins de 2000 habitants agglomérés au chef-lieu. Cette définition a été modifiée en 2021 en prenant en compte le critère de densité de population, croisé avec des critères fonctionnels. Les espaces ruraux couvrent environ deux tiers du territoire français, mais regroupent seulement 33 % de la population : ils incluent les communes peu ou très peu denses, représentant 88 % des communes les espaces françaises. Les contrastes sont importants entre les espaces de l’hyper ruralité et les communes appartenant au rural périurbain : les dynamiques démographiques en sont la preuve. Si la baisse du nombre d’habitants et le vieillissement des campagnes restent une réalité dans les communes rurales les plus isolées, cette tendance s’infléchit depuis les années 1990 dans les espaces ruraux périurbains du fait notamment de l’arrivée de néo-ruraux. Dans le Grand Est, en 2018, 39 % des habitants résident dans une commune rurale. La Meuse, les Vosges et la Haute-Marne figurent dans les quinze départements les plus ruraux de France. À l’inverse, avec moins d’un tiers de la population vivant dans une commune rurale, le Haut-Rhin (28 %), le Bas-Rhin et la Meurthe-et-Moselle (30 %) font partie des quinze départements les moins ruraux de province.
Le reportage diffusé début 2016 revient sur les inquiétudes et les espoirs des élus locaux des espaces ruraux meusiens à la suite de l’application de la loi NOTRe de 2015 et la fusion des régions Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine.
Marqué par de profonds contrastes territoriaux, le Grand Est nécessite la mise en œuvre de politiques d’aménagement pour en assurer la cohésion et l’attractivité. L’accès physique ou dématérialisé aux services publics est au centre du reportage, mais il est parfois complexe de déterminer l’origine des actions menées, entre État, collectivités locales et région.
En Moselle, les difficultés de l’agriculture s'expliquent notamment par un grand retard dans le remembrement, retard qui résulte des particularismes locaux. Dans ces conditions, beaucoup d’exploitations agricoles disparaissent ou ne se modernisent pas, menaçant la vitalité des villages.
Si les espaces ruraux se caractérisent par une prédominance des paysages naturels et agricoles, on assiste de plus en plus à une diversification fonctionnelle des campagnes, désormais résidentielles, productives, touristiques et environnementales. Ces territoires présentent une grande diversité de profils démographiques, économiques et morphologiques. Certains de ces espaces, notamment les zones du rural isolé (moins de 10 habitants/km²) sont confrontés au vieillissement, à la pauvreté et à l’enclavement ; tandis que d’autres s’intègrent dans l’économie mondialisée : le tourisme rural (routes des vins, tourisme vert), le télétravail et certaines industries (agroalimentaire, biens intermédiaires) dynamisent par exemple ces territoires.
A la veille de l’ouverture du Salon de l’agriculture de 2016, tour d’horizon des principales caractéristiques de l’agriculture dans la nouvelle entité régionale. Un secteur modernisé et très spécialisé qui constitue un atout économique pour le Grand Est.
L’enquête de l’INSEE Champagne-Ardenne de 1992 rend compte des évolutions très contrastées de la région : dynamismes des agglomérations de l’ouest et et déprise forte des espaces ruraux surtout à l’est. Le devenir de la région est donc interrogé.
Les espaces ruraux doivent ainsi relever plusieurs défis :
Démographiques : vieillissement, déclin de la population dans certaines zones.
Sociaux et économiques : inégalités entre territoires ruraux et urbains, progression de la précarité dans certaines campagnes, recul des services publics (déserts médicaux par exemple).
Au niveau des infrastructures : désenclavement grâce au numérique (fibre optique), amélioration des réseaux de transports.
C’est pour relever et répondre à ces défis que des politiques publiques ciblées, à différentes échelles, visent à accompagner ces évolutions : certaines sont nationales comme les dispositifs tels que les Zones de Revitalisation Rurale (ZRR) ou l’Agenda rural piloté par l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT), qui mettent l'accent sur l’accès aux services du quotidien. Elles sont parfois accompagnées d’initiatives locales portées par des intercommunalités ou par les chambres d’agriculture qui visent à revitaliser les territoires. L’Union européenne participe aussi à ce soutien aux territoires ruraux par les financements de la politique agricole commune (PAC) et du fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER).
La modernisation des exploitations agricoles, pour assurer leur rentabilité et pour alléger la charge de travail, requiert des investissements importants que la collectivité doit soutenir pour garder ses agriculteurs. Exemple en région Grand Est.
Maire des Voivres depuis plus de 30 ans, Michel Fournier témoigne de son action locale et nationale au service de la ruralité, et montre que des initiatives peuvent contribuer à maintenir des activités et des habitants dans les villages. Il est aussi le symbole de l’engagement fort de citoyens au service de leurs concitoyens et de leur territoire.
La Région Grand Est a aussi engagé depuis 2016 un « Pacte pour les Ruralités », afin de préserver le cadre de vie des habitants des 4 553 communes rurales du Grand Est, renforcer l’attractivité des territoires ruraux, défendre un environnement préservé et une agriculture de
Ce reportage présente les différents projets réalisés par Rachel Paillard, maire de la commune viticole de Bouzy, afin de dynamiser cette dernière, pour ne pas voir sa population baisser. Cette politique volontariste a permis à la commune de décrocher de nombreux labels, dont celui de pôle d’excellence rurale.
Le projet d’aménagement du lac de Pierre-Percée, en Meurthe-et-Moselle, vient d’être labellisé « pôle d’excellence rurale » pour le plus grand bonheur des acteurs des communes environnantes et de la région. Ce label mis en place depuis 2005 par la DATAR (Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale) et le ministère de l’Agriculture vise à soutenir les initiatives locales innovantes et créatrices d’emplois, avec pour objectif la dynamisation des territoires ruraux.
Au lendemain de l’inauguration du 11e parc national français, ce reportage s’interroge sur les retombées économiques potentielles que cette création pourrait entraîner dans le département de la Haute-Marne, confronté à une déprise démographique et à des difficultés économiques.
Le même contenu, adapté à l’enseignement, est accessible aux enseignants et aux élèves de la région Grand Est, sous le titre :« La multifonctionnalité des espaces ruraux dans le Grand Est : des dynamiques contrastées ».
Piste Pedagogique
Publication : 10 déc. 2024, Mise à jour : 11 déc. 2024
Cette piste pédagogique conçue pour le programme de géographie en Première répond à la problématique : Comment les espaces ruraux, entre transitions et mutations, se recomposent-ils sous l'influence des politiques locales, nationales et européennes ?