Le parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne, catalyseur économique ?
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Au lendemain de l’inauguration du 11e parc national français, ce reportage s’interroge sur les retombées économiques potentielles que cette création pourrait entraîner dans le département de la Haute-Marne, confronté à une déprise démographique et à des difficultés économiques.
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Date de publication du document :
16 nov. 2022
Date de diffusion :
09 nov. 2019
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Contexte historique
ParProfesseur certifié d’histoire-géographie au lycée Scheurer-Kestner de Thann
Le Parc national de forêts de Champagne et de Bourgogne est le premier parc national français de plaine et l’unique parc national français dédié à la forêt et à ses habitants. La forêt feuillue de plaine n'était jusqu’ici pas représentée dans la famille des parcs nationaux français. Situé sur le plateau de Langres, à cheval entre le sud de la Haute-Marne et le nord de la Côte-d’Or, le territoire du Parc national de forêts s’étend sur 241 089 hectares. Le cœur du Parc national de forêts totalise 56 614 hectares, s’étend sur 60 communes et est à 95% forestier (constitué en grande partie de forêts publiques). On y trouve l’une des plus importantes diversités d’essences d'arbres par hectare de France (jusqu’à plus de 15).
Peu densément peuplé (11 habitants / km² en moyenne), le territoire du Parc national offre une ambiance très rurale, où la présence de la forêt est parsemée de villages de taille modeste, comme c’est le cas à Bugnières (154 habitants en 2015). Un des enjeux du parc national est de redynamiser ces villages, en y développant notamment le tourisme.
Près de la moitié du territoire du Parc national de forêts est constitué de terres agricoles, sur lesquelles on cultive des céréales et où l’on pratique l’élevage de vaches laitières et de vaches allaitantes (pour la production de viande), comme c’est le cas de la race Simmental dans le reportage. La charte du parc national vise avant tout à soutenir une agriculture durable en devenant un territoire pilote en matière d'agro-écologie, en soutenant l’agriculture biologique et en privilégiant les circuits courts en termes de commercialisation.
Un parc national a pour ambition de concilier la préservation de patrimoines naturels, culturels et historiques exceptionnels et le développement économique et social de son territoire. C’est pourquoi le Parc national de forêts est découpé en trois grandes zones (une réserve intégrale, le cœur du parc et l’aire d’adhésion) pour lesquelles des projets de territoires différents ont été définis pour la période 2019-2034. Si un projet de développement durable est mis en œuvre sur l’ensemble du territoire du parc national, un projet de préservation spécifique est décliné pour le coeur du parc national. Dans cette zone, consacrée à la protection des richesses naturelles, culturelles et paysagères, les actions entreprises respectent une réglementation spécifique.
En effet, dans la réserve intégrale (3100 hectares dans la forêt domaniale d’Arc-Chateauvillain), la cueillette et la chasse sont par exemple interdites. Par contre, la régulation des populations de cerfs, chevreuils et sangliers est autorisée sous la responsabilité du Parc national car l’évolution naturelle de la forêt ne doit pas être perturbée par une présence excessive de grands ongulés sauvages. Cette réserve est la plus vaste forêt en libre évolution de France métropolitaine. Elle joue un rôle de vitrine de la forêt naturelle et de sa protection. C’est un lieu unique d’observation pour les scientifiques qui peuvent étudier sur une longue durée l’évolution de l’écosystème forestier lors du passage d’une forêt exploitée à une forêt en libre évolution. Si la réserve intégrale relève d’une logique préservationniste de la biodiversité ; dans le cœur et dans l’aire d’adhésion, c’est la logique conservationniste de l’environnement qui prédomine. Les différents usagers de la forêt y sont accueillis (acteurs de la filière bois, promeneurs locaux, touristes et chasseurs) et accompagnés pour qu’ils adhèrent à un modèle de gestion forestière durable et résilient face au changement climatique.
Éclairage média
ParProfesseur certifié d’histoire-géographie au lycée Scheurer-Kestner de Thann
Le sujet est introduit par le présentateur du journal télévisé, qui rappelle au lendemain de l’inauguration du parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne que ce dernier était attendu depuis longtemps par certains habitants de Haute-Marne, département français peu dynamique du point de vue démographique et économique. Les images filmées dans le reportage qui suit renforcent le propos initial : les quelques plans proposés entre les interviews de trois acteurs économiques locaux représentent des scènes de rues désertes ou des pâturages. On peut être surpris par le fait que les seuls plans de paysages forestiers interviennent sur les toutes dernières secondes du sujet. Plus globalement, les interviews proposées paraissent anecdotiques pour mesurer les impacts économiques qui pourraient découler de la création du parc national. L’aspect touristique est évoqué dans les deux premières interviews mais cela est peu convaincant : la buvette filmée au début du reportage qui propose aussi des pizzas n’a que trois tables pour les clients. Le voisin interrogé ensuite (Jean-Michel Rousselle) pense que l’ouverture du parc ne représentera pas de grands changements pour son activité car il est en effet limité en termes de production de boissons à base de groseilles et de cassis. Cela contredit les propos du présentateur en plateau qui évoque le parc comme étant perçu par certains comme un espoir de renouveau économique
. Le reportage se clôt sur une interview de Philippe Nolot, président de « la Vache française » qui veut profiter de l’effet parc pour valoriser la filière Simmental, une race bovine haut-marnaise
. L’interview est réalisée dans la commune de Thivet, située au-delà du périmètre du parc national de forêts. La Vache française est une start-up qui vise à créer une filière de production, de transformation et de commercialisation de la race Simmental, une vache bovine autochtone qui figure parmi les quatre meilleures viandes bovines au monde. Philippe Nolot souhaitait faire de cette vache un emblème du parc national en 2019 pour communiquer sur son projet économique. Force est de constater qu’aujourd’hui, les animaux emblématiques du parc sont plutôt la cigogne noire (20% de la population française de cette espèce) ou le chat sauvage. La cigogne noire symbolise le lien naturel entre les grands massifs forestiers (où elle niche) et les cours d’eau et vallées (où elle se nourrit) illustrant le concept de solidarité écologique (entre cœurs et aire d’adhésion du parc) qui est un des enjeux portés par ce parc national.
La situation en 2022 tend à confirmer que le choix des personnes interrogées n’était pas forcément très pertinent. En effet, la buvette L’estaminet n’est plus en activité en 2022. Par ailleurs, on ne trouve fin 2022 ni des produits issus de la transformation de la vache Simmental, ni les produits fabriqués par Jean Michel Rousselle au catalogue des produits estampillés de la marque Esprit parc national
. Cette marque déposée, créée en juillet 2015, et propriété de l’Office français de la biodiversité, est déclinée dans les 11 parcs nationaux de France. Elle est une vitrine des savoir-faire d’acteurs locaux engagés dans une démarche écologique et valorise les produits élaborés au sein des parcs nationaux.
Il aurait peut-être été plus pertinent d’interroger des acteurs de la filière bois, car plus de 400 personnes vivent de cette activité sur ce territoire. La sylviculture et l’exploitation forestière constituent le levier principal de développement de ce territoire, bien davantage que le tourisme.
Transcription
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