L'horloge astronomique de la cathédrale de Beauvais
Notice
La cathédrale Saint-Pierre de Beauvais possède une horloge astronomique de 12 m de haut. Un chef-d'œuvre de précision, une pièce unique et très originale en son genre : composée de 90 000 pièces, elle ne comporte pas moins de 52 cadrans et 68 personnages statiques ou animées. Cette horloge, conçue entre 1865 et 1868, est l'œuvre magistrale d'un horloger beauvaisien Auguste-Lucien Vérité. Découverte de cette horloge avec Marina Klimm : cadrans, personnages dans la cité céleste et la cité terrestre.
Éclairage
Il y a des horloges astronomiques dans quasiment tous les pays d'Europe. Pour la France seule on en compte déjà une douzaine, les plus célèbres étant incontestablement celles de Strasbourg, de Besançon et de Beauvais. D'ailleurs les deux dernières ont cette particularité d'avoir le même auteur, le maître horloger picard Auguste-Lucien Vérité. C'est quelques années après qu'il était intervenu à Besançon (1857-1862) que le maître horloge picard conçut et exécuta l'horloge astronomique de Beauvais, répondant ainsi à la demande de l'évêque local. Trois ans (1865-1868) suffirent à sa construction.
L'horloge beauvaisienne est un meuble de style romano-byzantin haut de 12 mètres, large de 5 mètres 12 et profond de 2 mètres 82. Elle est composée de 90 000 pièces mécaniques, 52 cadrans en émail et 68 automates. Les cadrans indiquent la mesure du temps sidéral, les cycles solaires, le comput des fêtes mobiles, la déclinaison du soleil et bien évidemment les heures, jours mois et années du calendrier profane. La partie haute du buffet occupée par les automates représente le théâtre du Jugement Dernier. À chaque heure qui sonne, saluée par un coq battant des ailes, le Christ fait signe à deux anges de sonner de la trompette. Puis le mécanisme fait apparaître un vertueux qu'un ange emmène au Ciel cependant qu'un diable emmène de son côté un Damné qui glisse vers l'enfer.
Remontée tous les quatre ans et profondément restaurée en 2012 l'horloge constitue l'une des curiosités marquantes de la cathédrale Saint Pierre. Un commentaire audio est à la disposition des touristes pour leur instruction. On peut se demander pourquoi l'art horloger semble avoir prospéré dans les édifices religieux dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Peut-être convenait-il de concilier les progrès de la science et en l'occurrence la mathématique sidérale avec le message évangéliaire traditionnel. La Révolution était passée par là et après les destructions de la statuaire et les pillages auxquels la cathédrale avait été alors exposée ainsi que sa transformation en temple de l'Être Suprême (dont la présence est toujours invoquée par une inscription sur l'un des murs), le clergé avait dans doute jugé nécessaire de réaffirmer intelligemment la primauté éclairée du spirituel sur le scientifique. Il se trouve aussi que dans la grande révolution patrimoniale engagée par le second Empire (Viollet le Duc, Mérimée etc...) la cathédrale de Beauvais pouvait apparaître comme le symbole même de l'échec du gothique. Certes le chœur (1225-1272) était-il le plus haut du monde (48 mètres 50) loin devant la nef d'Amiens, mais sa mise en place n'avait pas tenu au-delà de 1284, avec la rupture d'un arc-boutant. En 1347, les vicissitudes de la guerre de Cent Ans avaient différé l'édification logique d'une nef, alors même que le chœur venait d'être consolidé. La construction des transepts attendrait ensuite les années 1500-1548 et la volonté édificatrice de l'évêque Louis Villiers de l'Isle Adam mais, catastrophe suprême, la flèche et le clocher élevés entre 1563-1569 devaient à nouveau s'effondrer en avril 1573. Sans doute valait-il mieux désormais se concilier les astres, c'est à dire les calculs précis de la raison scientifique, pour prévenir d'autres échecs, et consolider d'un tel soubassement le fragile castelet céleste du Jugement Dernier.