La nouvelle université de Lyon II à Bron-Parilly
Notice
En novembre, l'université de Bron-Parilly ouvrira ses portes. Elle est le fruit de la scission de l'université Lyon II au lendemain de mai 68. La conception des lieux est le résultat d'une collaboration entre les architectes et le monde universitaire.
- Rhône-Alpes > Rhône > Bron
Éclairage
A l'étroit dans ses locaux du XIXe siècle sur les berges du Rhône, l'université de Lyon, comme beaucoup d'autres, a dû repenser son implantation dans les années 1960. Les disciplines scientifiques sont regroupées à l'université Lyon I qui s'installe sur le campus de la Doua (commune de Villeurbanne). Après la promulgation de la loi Edgar Faure, l'université de Lyon 2 (Droit, Lettres et Sciences humaines) s'implante sur la commune de Bron, à quelques sept kilomètres de ses anciens bâtiments. Cet éloignement s'explique en partie par des raisons financières, mais aussi par des choix politiques qui visaient, après l'agitation de mai 1968, à éloigner les universités des centres villes. Les campus de Nanterre (Paris X) et de Vincennes (Paris 8) sont contemporains de celui de Bron.
Sa conception est d'ailleurs profondément marquée par les idées qui alimentaient les débats de cette époque. René Dottelonde était alors un jeune architecte peu expérimenté. Il avait été choisi par le ministre de l'Éducation nationale en raison de sa capacité à expérimenter de nouvelles propositions architecturales. D'une culture politique marquée à gauche, il conçoit le programme en relation étroite avec des représentants des étudiants et des enseignants. Ce mode opératoire, déterminé par une conception sociologique de l'architecture, implique que le maître d'œuvre n'impose pas un cadre contraignant. Il ne s'agit plus de mettre en ordre et de hiérarchiser, mais de libérer les relations collectives au sein de la communauté universitaire. Convaincus que « la vie sociale [est] à réinventer », les concepteurs refusent le poids de l'institution et proclament vouloir faire un « non-édifice » dans un « anti-campus ».
En collaboration avec Jean Prouvé, sur un brevet de Pétroff, Dontelonde conçut une « structure spatiale » en métal, apparente à l'intérieur comme à l'extérieur. Elle se prête à beaucoup de souplesse et, en principe, à des évolutions ultérieures. Elle permet de disposer les entités architecturales avec une grande liberté en créant des espaces ouverts. Une rue sinueuse traverse l'ensemble, organisé autour d'une placette qui fait office de lieu d'échanges et de prise de parole. De multiples ruptures de niveaux créent des effets pittoresques et animent le parcours de l'usager. Cette organisation est aussi destinée à pallier l'absence de contexte urbain et d'inscription sociale du campus, ce qui avait été très tôt perçue comme un handicap difficile à surmonter. L'accent est donc mis sur les échanges au sein de la communauté universitaire. Des salles de cours de dimensions très diverses peuvent accueillir des publics de 15 à 90 personnes. Leurs cloisons qui les clôturent sont constituées de panneaux recouverts de plastique et de pans de verre qui les ouvrent largement à la lumière extérieure. Le même dispositif prévaut à l'intérieur, ouvrant cette fois sur les espaces collectifs. Les amphithéâtres sont pourvus de sièges pivotants avec tablettes afin de permettre le dialogue entre étudiants.
Des budgets de construction et d'entretien insuffisants, des matériaux trop fragiles, le choc pétrolier et un contexte économique dégradé constituèrent autant de circonstances défavorables. La scission de l'université Lyon III et son déménagement dans d'autres locaux mieux situés (la manufacture des tabacs rénovée à Lyon) aggravèrent le malaise. Il fallut attendre les années 1990 pour que des extensions et la construction du tramway améliorent une situation encore souvent jugée critique par les usagers éloignés du centre ville et de la plupart des bibliothèques qui s'y trouvent encore.