Bioforce : une formation pour l'humanitaire
Notice
Bioforce est le premier établissement de formation des professionnels de l'humanitaire. On y apprend aussi bien à conduire un véhicule tout terrain, construire des bâtiments, ou encore à tenir une conférence de presse.
- Rhône-Alpes > Rhône > Lyon
Éclairage
« Aujourd'hui l'action humanitaire peut devenir un métier ». Le commentaire résume par cette phrase la principale caractéristique de Bioforce, fondée en 1983 à l'initiative du Docteur Charles Mérieux pour combler le manque de techniciens dont il venait de faire l'expérience à l'occasion d'une campagne de vaccination de masse menée au Brésil en 1974. L'initiative s'inscrit dans un mouvement plus général de professionnalisation de l'humanitaire et traduit l'émergence d'une nouvelle génération d'ONG qui entendent concilier générosité et efficacité. A Lyon, marquée par un engagement ancien dans l'humanitaire confessionnel issu des missions catholiques, puis dans les questions de développement, les années 1960 et 1970 amorcent une recomposition des engagements et accélèrent la sécularisation des associations.
Les modes et les motifs d'engagement se déplacent dans les années 1980 et 1990 au fur et à mesure que les grandes idéologies porteuses de projets alternatifs reculent. On assiste à un foisonnement d'initiatives individuelles, nées souvent à l'occasion d'un voyage (en Thaïlande pour Handicap International, 1982), d'une expérience de coopération, de contacts avec des étrangers. Les motivations idéologiques tendent à s'estomper au profit d'objectifs soigneusement ciblés qui revendiquent un savoir-faire et en appellent à la générosité mais n'ambitionnent pas de bouleverser les structures. Les Facultés de Médecine (Actes Lyon) et de Pharmacie (Lyon Humanitaire), l'Ecole vétérinaire (Vétérinaire Sans Frontière, 1983), l'Ecole d'Architecture de Lyon (OBEAHH, 1999), les Ecoles d'ingénieurs (Solidari'Terre, pour l'Ecole de Management de Lyon et l'Ecole Centrale ; Lato Sensu en 1993 et RAPP en 1994 à l'INSA), et sans doute beaucoup d'autres, voient se constituer des associations étudiantes qui montent des projets de coopération médicale, économique, technique. La stabilité que fournit le cadre d'un établissement universitaire compense l'extrême rapidité du renouvellement des générations étudiantes.
Mais ces associations nées d'initiatives individuelles, comme celles qui ont été créées par des institutions publiques ou privées, manquent souvent d'outils de formation adaptés aux besoins de l'action humanitaire d'urgence ou de l'action pour le développement. La séquence consacrée à Bioforce insiste sur le caractère pratique des formations données en 1995. Il est vrai que durant les premières années les formations sont centrées sur la logistique autour de 5 filières : Gestion, Santé Habitat, Techniques, Elevage Agronomie tropicale, Maintenance technique hospitalière. Mais la part théorique et la formation à la connaissance des sociétés concernées prend au milieu des années 1990 une importance croissante. Elle se traduit par l'évolution des programmes de formation et l'organisation régulière de colloques qui s'interrogent par exemple sur l'éthique de l'humanitaire ou ses relations avec les médias. Les années 2000, durant lesquelles Bioforce s'installe à Vénissieux, s'accompagnent d'une extension des relations à l'international et traduisent par un changement de nom les nouvelles orientations : Institut Bioforce Développement.