Le retour du président Herriot

25 mai 1945
43s
Réf. 00105

Notice

Résumé :

Edouard Herriot, maire de Lyon avant la guerre, de retour de captivité d'Allemagne, est accueilli à Lyon par Justin Godart, qui occupe alors cette fonction. Les Lyonnais venus l'acclamer le rééliront.

Type de média :
Date de diffusion :
25 mai 1945

Éclairage

Justin Godart, l'un des 80 parlementaires qui refusa les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940, maire provisoire de la ville de Lyon depuis septembre 1944, accueille à l'aéroport de Bron Édouard Herriot, libéré par les troupes soviétiques le 25 avril 1945, mais qui n'arrive à Lyon qu'un mois plus tard. Édouard Herriot vient d'être réélu, le 18 mai 1945, alors qu'il n'est pas présent à Lyon, maire de la ville à la suite des élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945, les premières depuis la Libération de la France et les premières aussi où les Françaises sont appelées à voter.

Le commentateur des Actualités françaises précise, à la fin du document, en évoquant la foule présente sur la place des Terreaux : « cette population... qui devait le réélire dès son retour pour le remercier de n'avoir pas cédé ». La formule est courte et ne rend qu'imparfaitement compte de ce qui s'est joué pendant le mois qui s'est écoulé entre la libération du président de la Chambre des députés de la IIIe République par l'armée rouge et son arrivée à Lyon.

Édouard Herriot, président de la Chambre des députés en 1940 après avoir été plusieurs fois ministre ou président du Conseil – président du Conseil du cartel des gauches en 1924, il joue un rôle dans la reconnaissance officielle de l'URSS et cela n'est pas sans impact dans l'accueil chaleureux que lui réserve Moscou après le 25 avril 1945 – est avec Jules Jeanneney, président du Sénat, l'organisateur de la réunion de « l'assemblée nationale » (nom donné alors à la réunion commune des deux chambres pour réviser la constitution) qui, à Vichy, vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Président la séance du 10 juillet, Jules Jeanneney ne prit pas part au vote alors que Édouard Herriot s'abstint.

« Ce vétéran des débats, des rites et des honneurs de la IIIe République » selon la formule du général de Gaulle n'avait pas, d'emblée, pris ses distances avec le régime de Vichy même s'il avait été démis de ses fonctions de maire dès le 20 septembre 1940. Pourtant, la dissolution des bureaux des Assemblées par Vichy en 1942 provoque son hostilité et le 30 août il démissionne de l'Ordre de la Légion d'honneur. L'État français le place alors en résidence surveillée, mais il garde cependant une once de légitimité aux yeux de Vichy puisque le 12 août 1944, Laval lui demande de convoquer les Chambres et de former un gouvernement pour prendre de vitesse le Gouvernement provisoire de la République française que préside Charles de Gaulle et dans lequel Jules Jeanneney est ministre d'État. Le refus d'Herriot provoque son internement en Allemagne. Dans ses mémoires le général de Gaulle évoque « l'attitude ondoyante qu'il avait eue, vis-à-vis de Laval et Abetz, quand ceux-ci, à la veille de la libération de Paris, lui proposaient de réunir « l'Assemblée nationale » de 1940 et de former un gouvernement qui ne serait pas le mien ».

Il est libéré le 25 avril 1945 par l'armée rouge dans la région de Berlin, il demande dans un message radiophonique de soutenir le gouvernement provisoire de la république française (GPRF). Puis, après être passé par Téhéran et Le Caire, il arrive à Paris le 21 mai 1945. Le général de Gaulle refuse qu'il s'installe à l'hôtel de Lassay, résidence du président de la Chambre des députés, ce qui serait une manière de restaurer la IIIe République. Herriot refuse de rejoindre Jules Jeanneney au GPRF.

Trois jours plus tard, il rejoint Lyon et salue la foule depuis le balcon de l'Hôtel de Ville. L'attachement d'Herriot, qui redevient président du parti radical, à la IIIe république explique que lors du referendum constitutionnel du 21 octobre 1945, le parti radical soit une des rares formations politiques à faire campagne pour le Non à la première question posée aux électrices et aux électeurs « voulez-vous que l'Assemblée élue ce jour soit constituante ? ».

Bibliographie :

- Jean Jolly (dir.), Dictionnaire des parlementaires français : notices biographiques sur les ministres, sénateurs et députés français de 1889 à 1940, Paris, PUF, 1960-1977.

- Serge Berstein, Edouard Herriot ou la République en personne, Paris, Presses de la FNSP, 1985.

Voir aussi la base de données des députés français.

Jean-Luc Pinol

Transcription

(Musique)
Journaliste
A l’aérodrome de Bron, Monsieur Justin Godart accueille le Président Herriot libéré par l’armée rouge aux environs de Berlin.
(Musique)
Journaliste
Acclamé par les Lyonnais, Monsieur Edouard Herriot s’incline devant les troupes qui lui rendent les honneurs.
(Musique)
Journaliste
Puis, du balcon de l’hôtel de ville, il salue cette population qui l’a élu Maire pour la première fois en 1904 et qui devait le réélire dès son retour pour le remercier de n’avoir pas cédé.