Le futur parc de loisirs de Miribel Jonage
Notice
Situé entre la canal de Miribel et celui de Jonage, le futur parc de Miribel Jonage sera le plus grand parc de loisir de France. Il enfermera un très grand lac qui permettra, en dehors de la baignade, la régulation du débit du Rhône.
Éclairage
Le Rhône fut longtemps pour Lyon une menace. De nombreuses crues ont émaillé l'histoire de la ville et du fleuve. Au XIXe siècle, la construction de digues commence à permettre de contrôler la fougue du fleuve mais sa maîtrise implique aussi, en amont de Lyon, la construction de deux canaux, au milieu du XIXe siècle celui de Miribel, destiné à la navigation et celui de Jonage, creusé dans les années 1890 pour alimenter la centrale hydroélectrique de Cusset à Villeurbanne. Le site du futur parc est une zone où le Rhône divague entre des îles depuis Jonage jusqu'à Vaulx-en-Velin. Les cartes de la fin du XIXe siècle soulignent bien ce caractère et font de ces espaces des zones sauvages où se développent des gravières dont l'industrie du bâtiment a besoin, mais aussi des espaces de braconnage. Cette zone amphibie ne présente que peu d'intérêt pour les pouvoirs et n'a pas d'existence véritable, sauf sur ses limites.
Après la seconde guerre mondiale, alors que l'aménagement du territoire est mené de manière très volontariste sous les auspices de la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR), de nouvelles interventions sont décidées. Le renforcement de la digue de Vaulx-en-Velin, en 1955, en est un exemple significatif. Cette digue a pour objectif de parachever la domestication du Rhône ; elle permet à la commune d'échapper à la grande crue de 1957. Dans les années qui suivent, les terrains protégés des crues permettent à la commune d'être classée en ZUP (zone à urbaniser en priorité). La population de Vaulx-en-Velin bondit de 12000 habitants en 1962 à près de 38000 en 1975.
C'est dans ce contexte qu'est envisagé le parc de Miribel-Jonage. En 1968 se constitue le Syndicat mixte pour l'aménagement de l'île de Miribel-Jonage, le Symalim qui est évoqué dans le commentaire du reportage. Il regroupe onze communes limitrophes du futur parc dont Vaulx-en-Velin, Décines-Charpieu, Jonage dans le Rhône, Miribel, Beynost, Saint-Maurice-de-Beynost dans l'Ain, plus les départements du Rhône et de l'Ain... La Communauté urbaine de Lyon (COURLY), qui est, dans un autre domaine, une des manifestations de l'aménagement du territoire, appelé aujourd'hui le Grand Lyon, se constitue au même moment et fait partie du Symalim.
Le reportage mentionne que les travaux ont été confiés à la Société d'Equipement de la Région Lyonnaise (SERL), société d'économie mixte qui est en charge, au même moment, de l'aménagement du nouveau quartier de la Part-Dieu, pièce maîtresse de la politique de la DATAR pour faire de Lyon une métropole d'équilibre.
Le reportage se conclut sur le fait que Lyon pourra ainsi disposer de l'équivalent du Bois de Boulogne à Paris. Faut-il rappeler que ce bois, aménagé sous le Second Empire, est proche des beaux quartiers de l'ouest parisien alors que les communes sur lesquelles est installé le Parc de Miribel Jonage ne sont pas les plus aisées de l'agglomération lyonnaise ?
Bibliographie :
- Alika Amzert, Laurence Cottet-Dumoulin, «Du "sauvage" à "l'inaltérable" : les conditions sociales de création d'un espace naturel en milieu urbain : le cas du parc de Miribel-Jonage », Géocarrefour, Vol. 75, 2000, n°4, pp. 283-292.