Séance inaugurale du conseil de la communauté urbaine de Lyon
Notice
La première séance de la communauté urbaine de Lyon, inaugurée par le préfet de la région Rhône-Alpes, s'est faite en présence des 90 élus des communes concernées. Louis Pradel, maire de Lyon, a été élu président du Conseil à la majorité absolue.
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Éclairage
La France n'est pas un pays où les grandes villes ont annexé les communes suburbaines comme cela s'est produit, par exemple, en Allemagne. Pour la gestion des réseaux techniques des agglomérations, cela n'est pas allé sans inconvénient. Les pouvoirs publics ont essayé de promouvoir des syndicats de communes ou des districts urbains qui devaient permettre l'émergence de politiques d'agglomération tout en respectant l'autonomie municipale. Face au peu d'empressement à se saisir de ces nouvelles opportunités institutionnelles, une loi, autorisant la constitution de communautés urbaines à Bordeaux, Lille, Strasbourg et Lyon, est votée en décembre 1966. Pour les trois premières, la communauté urbaine est installée au plus tard le 1er janvier 1968. Pour celle de Lyon, il faut attendre un an de plus puisque le reportage sur la séance inaugurale de la COURLY date du 11 décembre 1968.
Lors d'une discussion au conseil général du Rhône, le maire de Villeurbanne proteste contre le vote de la loi qui a été élaborée sans consultation des édiles municipaux. Villeurbanne craignait une annexion depuis que Lyon avait, en 1852, annexé les communes de La Guillotière, de La Croix Rousse et de Vaise. Mais ce ne sont pas ces réserves qui provoquent le retard. C'est la particularité administrative de l'agglomération lyonnaise à cheval sur trois départements : le Rhône, l'Isère et l'Ain. Or la loi de 1966 prévoit, en son article 43, que « ces dispositions ne seront applicables à l'agglomération lyonnaise qu'après modification des limites territoriales des départements de l'Ain, de l'Isère et du Rhône ». Il faut donc attendre la réforme départementale qui entre en application le 31 décembre 1967. Elle réorganise les départements de la région parisienne et modifie les limites du Rhône. Cette modification ne va pas être simple et plusieurs hypothèses sont rapidement débattues. Finalement, six communes de l'Ain et vingt-trois communes de l'Isère sont rattachées au département du Rhône qui s'étend ainsi vers l'est et vers le nord. Mais nombre d'observateurs considèrent que la discussion a été bâclée et qu'elle n'anticipe pas sur l'avenir : cela ne sera pas sans conséquence sur la création de la ville nouvelle de l'Isle d'Abeau, étrangère au département du Rhône et tout entière dans l'Isère. Cette expansion du Rhône vers l'est pour suivre la croissance de Lyon n'est pourtant pas nouvelle : elle avait débuté en 1852 avec le rattachement au Rhône de quatre communes de l'Isère Vénissieux, Bron, Vaulx-en-Velin et Villeurbanne...
Une fois le verrou des limites administratives levé, les discussions commencent pour fixer le périmètre de la COURLY qui est précisé par un décret du 27 août 1968. Le 11 décembre 1968, les représentants des 56 communes concernées élisent, sous la présidence du doyen d'âge, représentant de Saint-Priest, une des communes de l'Isère rattachées au Rhône, le président de la communauté urbaine. Louis Pradel, maire de Lyon est élu contre Franck Sérusclat maire de Saint-Fons et socialiste.
Dans leurs entretiens respectifs le préfet, Max Moulins et Louis Pradel expliquent les conséquences de la mise en place de la COURLY. Les 56 communes ont une population qui dépasse un million d'habitants et leur superficie totale est presque 10 fois supérieure à celle de Lyon. Aujourd'hui le vocable Grand Lyon est plus utilisé que celui de communauté urbaine de Lyon.
Bibliographie :
- Marie-Clotilde Meillerand, Penser l'aménagement d'une métropole au 20ème siècle. Enjeux territoriaux, acteurs locaux et politiques publiques dans la région lyonnaise, Thèse, Université Lyon 2, 2010.