Hommage aux soldats tombés en Indochine
Notice
Sur la place des Terreaux, le maire de Lyon Edouard Herriot est venu rendre hommage aux soldats morts dans la guerre d'Indochine. Le cardinal Gerlier l'accompagnait.
Éclairage
Guerre lointaine dans un contexte dominé par les nécessités du quotidien dans une France en reconstruction, encore soumise à des rationnements, guerre peu compréhensible, menée par des soldats de métier, et non des appelés du contingent, la guerre d'Indochine (1945-1954) est devenue en 1949 une guerre meurtrière. Cette cérémonie publique en hommage aux soldats décédés vient rappeler que près de 50 000 soldats français y trouveront la mort : environ 20 000 Français de métropole, 11 000 Légionnaires, 3 500 Africains (dits tirailleurs sénégalais) et 12 000 Nord-africains. Il faut y ajouter 45 000 Indochinois recrutés comme auxiliaires. On compte parmi eux 450 Lyonnais.
La place des Terreaux et l'Hôtel de Ville servent ici de cadre à une manifestation où le ciel de février est en harmonie avec la tristesse qui entoure l'événement et la douleur des familles. Le rituel civil, présidé par le maire radical Édouard Herriot et le préfet, obéit aux règles habituelles : cercueils alignés recouverts du drapeau tricolore, dépôt de couronnes, salut des troupes, défilé. La participation du cardinal Gerlier vient rappeler que la République laïque a pour tradition d'associer l'autorité religieuse, notamment catholique, à ce type d'hommages. Le commentaire invoque brièvement les droits de la France « sur une terre qu'elle a fécondée » et reprend le discours traditionnel sur le sacrifice héroïque de ses enfants. La banalité du propos trahit la difficulté de donner un sens à ces morts tombés pour une cause qui laisse les Français indifférents ou perplexes, et de plus en plus divisés alors que dirigeants politiques et militaires semblent dépassés par la tournure des événements au début de l'année 1949. Une série de revers sur le terrain et la victoire devenue inéluctable des communistes de Mao Tse Toung en Chine (la République populaire sera proclamée le 21 septembre 1949) justifient la montée des inquiétudes qui conduisent à créer un État indépendant artificiel et à faire appel au général de Lattre de Tassigny.
Guerre effacée de la mémoire, la guerre d'Indochine reste matérialisée à Lyon dans le 8ème arrondissement par le Jardin du combattant d'Indochine et la stèle qu'elle contient. Créé en 1990 par la municipalité que dirige Michel Noir, ce lieu entend cependant, au-delà des blessures du passé, contribuer au rapprochement avec le Vietnam lié à la région par des accords de coopération signés avec le Grand Lyon et la région Rhône-Alpes.