Le hip hop aux Nuits de Fourvière
Notice
Pour les 20 ans du hip hop, le festival des Nuits de Fourvière a donné carte blanche au chorégraphe Mourad Merzouki. Directeur de la compagnie Käfig, il a souhaité inviter des danseurs de la région pour leur faire partager ce moment unique.
Éclairage
Les Nuits de Fourvière sont un festival multiculturel de danse, musique, théâtre qui se déroule chaque été en juin-juillet au théâtre ou à l'odéon du site gallo-romain de Fourvière à Lyon et qui rassemble des dizaines de milliers de spectateurs (près de 80 000 en 2004). Le festival de Lyon est né en 1946 ; mais, c'est en 1994 qu'il prend pour la première fois le nom de Nuits de Fourvière. C'est donc un spectacle de la 10e édition qui est présenté dans le reportage du 25 juillet 2004. C'est aussi l'occasion de célébrer les 20 ans de la culture Hip hop en France et dans la région lyonnaise.
Né aux États-Unis au milieu des années 1970, le mouvement hip hop se pratique à l'origine, dans des espaces peu habituels - la rue, les gares, les centres commerciaux, les cages d'escaliers. Les jeunes gens se lancent des défis artistiques pendant lesquels alternent des phases de danse collective et des prestations individuelles où chaque danseur du groupe à tour de rôle exécute une véritable performance. La danse hip-hop permet de répondre autrement que par la violence à l'oppression sociale et culturelle de minorités.
La danse hip-hop apparaît en France en 1982, puis est connue en 1984 grâce à l'émission de télévision « hip-hop » de l'animateur Sidney, dont le but était de valoriser la pratique venue de la rue. C'est donc pour célébrer les 20 ans de cet événement initiateur que la troupe Käfig est invitée aux Nuits de Fourvière. Le cadre (comme l'organisation ou les spectateurs) est surprenant pour des spécialistes de Hip hop. La break-dance (le terme break-dance ou danse au sol vient de breaking qui veut dire casser) est l'origine de la danse hip-hop, c'est-à-dire un mélange de figures acrobatiques. On distingue des techniques très variées qui proposent des styles de mouvements articulés, des déplacements et des mimes. Les danses hip-hop relèvent d'une véritable performance physique : tourner sur le dos (la coupole), sur la tête (la couronne), faire le « scorpion » et bien d'autres figures, demandent des qualités sportives et artistiques évidentes. De nombreuses troupes se sont professionnalisées : ainsi la troupe Käfig de la région lyonnaise dirigée par Mourad Merzouki. L'art et la culture deviennent un moyen d'essayer de s'en sortir dans une situation sociale difficile. Cependant la danse hip hop a du mal à se professionnaliser, car elle est souvent rejetée pour sa dimension non conventionnelle qui effraye. Mais dans ses chorégraphies, la danse hip-hop rassemble des styles et des influences artistiques, sportives, spirituelles issus de cultures globales : elle transmet mais aussi réinvente avec de nouveaux codes sociaux et culturels, une expression corporelle renouvelée ; elle incorpore la tradition ancestrale des peuples noirs d'Afrique, véhiculée par le biais des anciens esclaves en Amérique, mais elle puise aussi dans la culture asiatique avec le Kung Fu. Toutes ces influences montrent bien l'éclectisme de la danse hip-hop qui passe par la volonté de forger et d'universaliser une culture urbaine métissée et d'en permettre l'accès au plus grand nombre.