Le musée de la résistance à Grenoble
Notice
Le nouveau musée de la Résistance a été conçu en collaboration avec des résistants et des historiens. Il tente de plonger le visiteur dans l'atmosphère de ces années là en Dauphiné, en mêlant reconstitutions, images d'archives et témoignages.
- Rhône-Alpes > Isère > Grenoble
Éclairage
Dans la création ou le renouvellement des musées de la résistance et de la déportation, nombreux à émerger en France à partir des années 1990, celui de Grenoble et de l'Isère occupe une place à part. Inauguré en 1994, la même année que le Centre d'histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon, le musée de la résistance et de la déportation de l'Isère (MRDI) prend la suite d'un premier musée associatif. Celui-ci fondé en 1966 par d'anciens résistants et déportés, le plus souvent également des enseignants, fût un des premiers du genre en France. Tous ces résistants qui s'étaient engagés au nom de valeurs, reprises pour la plupart dans le programme du Conseil National de la Résistance (CNR), voulaient témoigner de leurs combats, de leurs actions mais aussi des souffrances endurées par certains. Transmettre aux jeunes générations leur expérience pour les inciter à s'interroger sur la nécessité de résister et l'actualité de la Résistance, telle était leur motivation. Garder des traces de cette période leur semblait indispensable comme témoigner de leur vie et de leurs engagements. Initialement installé rue Jean-Jacques Rousseau, le premier musée accueillait essentiellement les scolaires, en présence de ces acteurs qui tenaient à témoigner. A la fin des années 1990, la disparition de bon nombre d'entre eux et la volonté conjointe des différents acteurs de toutes les composantes des mouvements de résistance et des rescapés des différents camps, de donner une pérennité à leur musée, les incite à se tourner vers la Conservation du Patrimoine de l'Isère (CPI). La notoriété du Musée dauphinois pilier de cette nouvelle structure du Conseil Général, leur semble un gage de fiabilité pour ce passage de témoin. Installé dans de nouveaux locaux, rue Hébert, ce musée est à la fois un musée d'histoire et un musée de société, favorisant une réflexion forte sur la mémoire et ses usages. Son conservateur en chef et directeur, Jean-Claude Duclos, filmé dans l'exposition permanente au moment de l'inauguration, explique ses choix muséographiques pour cette refondation. Il privilégie la réflexion autant que l'émotion dans un parcours qui met le visiteur en situation. Après un rappel chronologique des principaux temps des « années noires », on participe de scènes de la vie reconstituées, dans la rue, dans le café, dans l'évocation du salon de Marie Reynoard, pour l'organisation des premiers réseaux de résistants, etc. Les photos des principales personnalités locales que la caméra balaie (Le doyen Gosse, l'Abbé Pierre) ou d'acteurs plus anonymes, rappelle qu'il s'agit bien là de l'histoire réelle d'hommes et de femmes. Ceux-ci ont vécu, pris des engagements qu'ils ont souvent payé de leur vie : arrestations, tortures, exécutions directes et déportation. La caméra fixe le mur où est reporté l'ensemble du système concentrationnaire nazi maillant la carte européenne. Les témoignages insérés rappellent concrètement ces expériences pour ceux qui ont survécu, ou la mémoire des disparus. La bande son du reportage est émaillé de ces paroles. Dans les dernières minutes, pour retisser le lien, non visible pour le téléspectateur, avec le premier musée, la parole est donnée à un des fondateurs : un ancien résistant déporté rappelle l'importance de la transmission au présent des valeurs de la Résistance et la vigilance qu'il faut avoir face à toutes les manifestations contemporaines de la résurgence d'un totalitarisme et/ou des valeurs antihumaines autant qu'antidémocratiques : le journaliste insère les images de quelques reportages (une réunion de néonazis, une procession du Klu-Klux-Klan), présentés en continu dans la dernière salle du musée : une salle situant volontairement le visiteur dans l'actualité. Depuis cette émission, le musée a évolué et s'est enrichi pour tenir compte des avancées de la recherche et rester en phase avec le contexte contemporain des formes de résistance. Des expositions temporaires, approfondissant des sujets de la période 1939-45, portant sur des formes très actuelles de la résistance ou présentant des œuvres d'artistes autour de la notion de résistance, participent de cette constante actualisation. Citons entre autres les sans papiers, les réfugiés espagnols en 1936, les Juifs en Isère, les travailleurs coloniaux ou les chômeurs en fin de droit. Quelques 20 ans après son inauguration, le devenir de ce musée se pose à l'instar des autres musées de ce genre. A Grenoble, le choix a été fait d'élargir la thématique à celle des droits de l'homme, en associant au Musée de la résistance et de la déportation une Maison des droits de l'homme.