Voyage du général de Gaulle à Lyon

08 octobre 1958
01m 21s
Réf. 00318

Notice

Résumé :

A son retour d'Algérie, le général de Gaulle s'est rendu à Lyon. Il est venu déposer une gerbe au monument aux morts de la Résistance puis a inauguré la plaque du nouveau pont De Lattre de Tassigny.

Type de média :
Date de diffusion :
08 octobre 1958
Personnalité(s) :
Lieux :

Éclairage

Le 5 octobre 1958, Lyon accueille le général de Gaulle. Le traitement qu'en fait ce reportage laisse penser que cette visite est placée sous le signe de l'hommage rendu. En effet, l'homme de l'appel du 18 juin y honore la mémoire de la Libération : son premier geste est de déposer une gerbe au pied du Veilleur de Pierre (le monument aux morts de la résistance situé place Bellecour). Puis il inaugure une plaque en mémoire du maréchal de Lattre de Tassigny dont le nom a été donné au pont situé au débouché du récent tunnel de la Croix-Rousse et qui a été inauguré quatre ans plus tôt. Ainsi est rendu hommage à celui qui, en tant que général de la Première Armée française, a contribué à la libération de Lyon, aux côtés des troupes américaines et des FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) le 3 septembre 1944.

Le général de Gaulle se rend ensuite à la préfecture (où l'attendent parlementaires et principaux élus du département) puis à l'Hôtel de Ville (où il est reçu par le maire, Louis Pradel). Là, il prononce un discours face à une place des Terreaux comble de monde. Le reportage insiste sur les acclamations qui ont jalonné toute cette journée et fait un parallèle avec la visite triomphale du 14 septembre 1944 rendue à Lyon par celui qui était alors chef du Gouvernement Provisoire de la République Française. Le Progrès du 6 octobre 1958 précise quant à lui que 200 000 Lyonnais ont acclamé le général de Gaulle place Bellecour et que 40 000 personnes ont chanté avec lui la Marseillaise place des Terreaux.

Cependant, au-delà des applaudissements, la signification essentielle de cette visite est plutôt à chercher dans le contenu du discours de la place des Terreaux. En disant « et maintenant l'avenir est devant nous », le général de Gaulle fait en effet allusion au contexte politique de l'époque. Après douze années passées en retrait de la vie politique française, le général de Gaulle a été nommé président du Conseil le 1er juin 1958 par le président de la République de l'époque René Coty. C'est la conséquence de l'enlisement de la France dans la guerre d'Algérie (débutée en novembre 1954) et plus particulièrement de la crise du 13 mai 1958 au cours de laquelle un Comité de salut public, composé de militaires et représentants de courants politiques favorables à l'Algérie française, s'est constitué à Alger. C'est sous la pression de celui-ci que de Gaulle a pu revenir au pouvoir. Le but du général est alors de mettre en place une nouvelle constitution. Celle-ci est présentée aux Français lors d'un grand cérémonial place de la République, à Paris, le 4 septembre 1958. Elle est soumise à référendum et acceptée par les Français le 28 septembre 1958 par plus de 79% des suffrages exprimés. C'est l'acceptation officielle de la Cinquième République. S'ouvre alors une période préparatoire aux élections législatives, prévues les 23 et 30 novembre 1958, qui doivent nommer les nouveaux députés de l'Assemblée nationale. Au cours de cette période, le général De Gaulle ne s'économise pas afin de régler les deux dossiers prioritaires de son action : le problème algérien (comme le rappelle le reportage, il était en Algérie les 2 et 3 octobre) et la victoire aux élections législatives. Pour ce faire, l'Union pour la Nouvelle République (UNR) qui regroupe la plupart des mouvements gaullistes vient d'être créée (le 1er octobre). Cette structure doit permettre aux électeurs d'identifier les candidats qui soutiennent officiellement l'action du général de Gaulle. Elle est animée par Jacques Soustelle, gaulliste de la première heure, député du Rhône, ancien gouverneur de l'Algérie et dont le reportage nous précise qu'il a accueilli le général de Gaulle à son arrivée à Lyon. Car en effet, ce dernier multiplie les voyages (avant Lyon il était en Corse, puis à Marseille le 4 octobre) afin d'appeler les Français à voter pour les députés qui le soutiennent. On comprend mieux ainsi les phrases prononcées au balcon de la place des Terreaux (et dont le reportage ne donne qu'un extrait) : « Et maintenant l'avenir est devant nous. Pour le faire, comment la France ne compterait-elle pas d'abord sur Lyon (...) Ici, vous avez tout ce qu'il faut pour être en tête du mouvement que nous commençons ; vous avez l'esprit d'entreprise, vous avez le courage, vous avez la sérénité, vous avez l'humanité. (...) Or, c'est d'hommes, de travailleurs, d'efforts que la France a besoin sur la route du renouveau. Elle en a besoin pour elle... Elle en a besoin aussi pour tous ces peuples qui, au-delà des mers, sont alliés à son destin, en particulier ceux de l'Afrique du nord, ceux d'Algérie, ceux d'Afrique noire (...) ».

Au soir du deuxième tour des élections, l'UNR dispose de 206 députés (plus de 35% des sièges) et, avec l'appui de ses alliés, permet au général de Gaulle de disposer d'une confortable majorité à l'Assemblée nationale. Le 21 décembre, il est, sans surprise, élu président de la République par les deux Chambres. La Cinquième République, république gaullienne, peut alors vraiment commencer. Dans le Rhône, 9 des 10 députés élus aux législatives de 1958 sont alors soit membres de l'UNR, soit de son principal allié : le Centre National des Indépendants et Paysans.

Nicolas Rocher

Transcription

(Musique)
Journaliste
En revenant d’Algérie, le Général de Gaulle avait tenu à s’arrêter à Lyon qui lui a de son côté réservé un accueil chaleureux. Le Chef du Gouvernement, qu’avaient accueilli dans la grande cité industrielle Monsieur Jacques Soustelle et Monsieur Berthoin, s’inclinait devant le monument aux morts de la Résistance avant de parcourir à pied la rue La Barre au milieu des acclamations.
(Bruit)
Journaliste
Le Général de Gaulle se rendait ensuite au nouveau pont qui porte le nom du Maréchal de Lattre de Tassigny et là, il devait dévoiler une plaque commémorant le rôle joué par la Première Armée et son chef dans la libération de Lyon.
(Musique)
Journaliste
En ce dernier jour de l’année du bimillénaire, la capitale des Gaules a reçu le Président du Conseil comme elle l’avait fait il y a 14 ans pour le Chef du Gouvernement provisoire, avec enthousiasme. Sur le perron de l’Hôtel de Ville, le Général de Gaulle devait dire notamment : « Et maintenant, l’avenir est devant nous. Ici, vous avez tout ce qu’il faut pour être en tête du mouvement que nous commençons. Vous avez l’esprit d’entreprise, vous avez le courage ».
(Bruit)