Marseille, port de transit des harkis
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En même temps qu'il est la principale porte d'entrée en métropole pour les Européens rapatriés, le port de Marseille sert aussi au rapatriement de harkis et de leurs familles. Le document suit le débarquement de 259 harkis et de leurs familles du porte-avions La Fayette dans l'enceinte militaire et leur départ en camions vers le camp de Bourg-Lastic dans le Puy-de-Dôme.
Date de diffusion :
23 juin 1962
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Contexte historique
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Le terme harki englobe en fait l'ensemble des supplétifs que l'armée française a utilisé pour combattre le FLN, soit aux alentours de 150 000 hommes, auxquels s'ajoutent plusieurs milliers de militaires engagés. Le transport de quelques milliers d'entre eux en France - entre 25 et 40 000 - masque sans doute à l'époque les drames que connaissent beaucoup de ceux qui, restés en Algérie et considérés comme des "collaborateurs", sont souvent victimes d'une terrible épuration. Si le rapatriement des Européens n'a pas été anticipé, que dire de l'abandon dans lequel les harkis ont été souvent laissés. Le général de Gaulle et son gouvernement souhaitaient qu'ils restent dans leur pays natal et considéraient que les accords d'Évian offraient une protection suffisante, alors qu'ils faisaient perdre dans le même temps la nationalité française à ces hommes. Le plan de rapatriement mis en place ne concernait que 5 000 hommes dont on pensait qu'ils pourraient être victimes de représailles et le premier contingent officiel n'est arrivé à Marseille que le 13 juin. Cependant, dès le début avril, devant les menaces qui pesaient sur eux, les autorités ont encouragé leur regroupement et leur protection, sans toutefois lever l'interdit sur leur transfert en métropole et en condamnant même les départs clandestins organisés par certains officiers. Mais il fallut se rendre à l'évidence. Souvent bien tard. Les rapatriements seront même stoppés en août pour manque de places et il faudra attendre le 19 septembre pour que Georges Pompidou, chef du gouvernement, ordonne leur reprise, alors que des dizaines de milliers de ces hommes sont emprisonnés et soumis au travail forcé, quand ils ne sont pas exécutés après tortures.
Les harkis transférés en France arrivent à bord de bateaux de la Marine nationale, comme le La Fayette, et en convois militaires à Port-Vendres ou à Marseille. Là, ils sont réceptionnés par le service s'occupant de l'accueil des travailleurs nord-africains et hébergés quelques jours dans des centres prêtés par l'armée - en particulier à Sainte-Marthe - ou des cités de transit, mais aussi à Jouques où fonctionne un centre de répartition pour Français musulmans. Le convoi que l'on voit débarquer dans le document ne paraît même pas bénéficier de ce temps d'adaptation. Ces hommes et leurs familles sont expédiés directement vers le camp de Bourg-Lastic, dans le Puy-de-Dôme. C'est un des divers camps qui regroupent les harkis et autres Français nord-africains, avec ceux de La Rye, dans la Vienne (pour les personnalités), de Saint-Maurice L'Ardoise, dans le Gard et du Larzac, dans le sud de l'Aveyron. Il s'agit de camps militaires, entourés de barbelés, où ils sont logés dans des baraquements ou des tentes avec un confort réduit au strict minimum. L'objectif mis en avant est d'éviter les heurts avec des immigrés favorables au FLN. Ils sont ainsi 6 000 au Larzac, dont 2 000 femmes et autant d'enfants en juillet 1962, manquant d'eau, de WC, de médicaments, alors que les malades sont nombreux. Ces familles et celles de Bourg-Lastic seront transférées au début de l'hiver à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), dans une région certes au climat plus doux, mais où rien n'aura été préparé pour les recevoir et où il faudra construire deux grands ensembles de tentes. Fin décembre 1962, 10 000 personnes s'entasseront là dans la boue. Il en restera encore 4 000 là fin 1964. Entre 1962 et 1969, plus de 42 500 personnes vont transiter par ces camps qui devaient être des lieux d'accueil provisoires, mais qui subsisteront jusqu'en 1975, date de leur suppression officielle. Entre temps, 75 hameaux forestiers, avec un encadrement semi-militaire, auront été créés, souvent à l'écart des agglomérations, où les hommes seront employés au forestage. Cette solution temporaire qui n'a pas été forcément inefficace, a, au fil du temps, avec le renouvellement des générations, fait saillir les difficultés de l'intégration. Cependant plusieurs milliers de ces Français nord-africains se seront, dans le même temps, fondus dans la population des villes - notamment Marseille où l'on comptera quelques années après la moitié des 5 000 harkis résidant dans les Bouches-du-Rhône.
Bibliographie :
Mohand Hamoumou, Et ils sont devenus harkis, Paris, Fayard, Paris, 1993.
Jean-Jacques Jordi et Mohand Hamoumou, Les harkis, une mémoire enfouie, Paris, Autrement, 1999.
Jean-Jacques Jordi et Émile Témime dir., Marseille et le choc des décolonisations, Aix-en-Provence, Édisud, 1996.
Transcription
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