Les harkis du Logis d'Anne à Jouques
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Résumé
Le reportage porte sur les conditions de vie de familles harkis installées au Logis d'Anne, à Jouques, dans les Bouches-du-Rhône. Les habitants de ce hameau, éloigné du village, demandent l'éclatement des habitats de ce type où ils se sentent isolés. Ils ont le sentiment de ne pas pouvoir s'intégrer dans la société. Plusieurs personnes, hommes et femmes, sont interviewées. Elles évoquent les conditions de vie difficiles dans les camps ainsi que les difficultés à trouver du travail lorsqu'on est un harki. La situation locale est significative d'un problème national, mais le reportage n'évoque pas les tensions et manifestations que certains centres ont connues.
Date de diffusion :
22 avr. 1976
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La Provence a été l'une des principales régions d'implantation des groupes de harkis. C'est d'ailleurs au Mas Thibert, sur la commune d'Arles, que leur représentant le plus éminent, le bachaga Boualam, s'est installé avec trente familles de fidèles en 1962. On sait dans quelles conditions difficiles, parfois improvisées, souvent tardives, s'est effectué leur transport en France (voir Marseille, port de transit des harkis), suivi par leur regroupement dans des camps sommairement et insuffisamment équipés, en particulier celui de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Par la suite, surtout à partir de 1963, nombre d'entre eux ont été disséminés sur le territoire, en particulier dans l'un des 75 hameaux forestiers, gérés par l'Office national des forêts et implantés assez loin des agglomérations. Région boisée par excellence, rappelant parfois les massifs accidentés d'où les harkis étaient originaires, la Provence a connu d'assez nombreuses créations de ce type : Pertuis, Apt, Cucuron, Sault dans le Vaucluse, Ongles, Manosque, Saint-André, Jausiers, Sisteron, .... dans les Alpes-de-Haute-Provence, Saint-Maximin, Brignoles, Rians, Le Muy, Collobrières, Pignans, La Londe, Gonfaron, Saint-Paul-en-Forêt, ... dans le Var, Valbonne, Mouans-Sartoux, Roquesteron, L'Escarène ... dans les Alpes-Maritimes, La Roque d'Anthéron, Fuveau et Jouques dans les Bouches-du-Rhône. Le hameau du Logis d'Anne, à 8 km du village de Jouques, au bord de la RN 96, est l'un des principaux et celui qui, probablement, avec Saint-Martin-L'Ardoise dans le Gard, a contribué le plus à attirer l'attention sur le problème harki.
Ces camps ont constitué au départ une solution qui n'a pas été inefficace pour des populations rurales transplantées brutalement dans un univers totalement étranger. Le regroupement entre soi, un encadrement quasi militaire, un travail assuré (plus ou moins), des logements - souvent préfabriqués - modestes, voire sommaires, mais représentant souvent un mieux par rapport aux gourbis qu'ils avaient quittés assuraient une transition. Des hameaux comme Le Logis d'Anne ou Fuveau ont été considérés à l'origine comme des installations "modèles". Les hommes travaillaient dans les forêts sous la responsabilité d'un chef de camp. Ils ont assuré ainsi le déboisement régulier des bords de route et participé à la lutte contre les incendies. Les femmes, encadrées par une monitrice, restaient sur place et s'occupaient de leurs enfants et de leur foyer. Mais les familles s'agrandissant, de nouveaux besoins se faisaient jour, alors que souvent ces habitats, devenus trop exigus, se dégradaient. Il fallait prévoir une sortie à terme de ces camps qui, s'ils avaient été protecteurs au début, se transformaient de fait, au fil des années en ghettos, car éloignés de tout et ne permettant pas l'intégration. Longtemps, les harkis se turent sur leurs conditions de vie. Ayant peu de communications avec l'extérieur, ils se sentaient négligés, et souvent rejetés par les Français et relégués au même niveau que les immigrés. À partir du moment où la question des immigrés vient au premier plan de l'actualité (voir Le président de la République visite le bidonville Michel et Le problème des immigrés à Marseille), leur ressentiment s'accentue, d'autant qu'il est exploité par certains groupes d'anciens ultras d'Algérie. Il y a évidemment une relation entre les mesures prises en faveur des immigrés et les manifestations de la colère des harkis, l'une des interviews en témoigne. Dans l'été 1975, plusieurs incidents ont lieu aux abords de certains hameaux, notamment à Saint-Martin-L'Ardoise, où six immigrés nord-africains sont séquestrés par un commando de harkis, et à Apt où la suppression des camps est demandée. En novembre 1975, est créé à Marseille un comité de défense des harkis regroupant les représentants de 31 hameaux du Sud-Est. Il exprime la volonté d'émancipation de la population harkie toujours soumise dans les camps à la tutelle d'anciens officiers. Il revendique un droit de représentation et un droit à l'intégration. Des améliorations vont être apportées, par exemple à Fuveau où des logements enfin décents vont être inaugurés. Cependant l'agitation va se prolonger durant l'année 1976 et toucher, entre autres, Rians et Jouques. C'est donc dans ce contexte que le reportage se situe. Le Logis d'Anne connaît une situation d'autant plus difficile que l'on y garde le souvenir d'une époque heureuse, celle où le chantier de Cadarache fournissait du travail en abondance. Le hameau,qui compte 350 habitants, restera l'un des foyers les plus actifs du mouvement harki. Une trentaine de chômeurs y feront la grève de la faim durant une semaine en avril 1987. Finalement vidé d'une partie de sa population, il sera fermé en 1995.
Bibliographie :
Mohand Hamoumou, Et ils sont devenus harkis, Paris, Fayard, Paris, 1993.
Jean-Jacques Jordi et Mohand Hamoumou, Les harkis, une mémoire enfouie, Paris, Autrement, 1999.
Transcription
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