Opération "Stop croisières"
Infos
Résumé
L'actuel plus gros paquebot du monde, le Wonder of the Seas, a été bloqué pendant deux heures à l'entrée du port de Marseille par le collectif écologiste Stop Croisières et le mouvement Extinction Rebellion afin de dénoncer la pollution induite par les bateaux de croisière. Les images montrent le paquebot stoppé mais aussi les activistes en canoe. Marcelle Duchamp, membre d'Extinction Rebellion décrit l'importance de leur action, déplore cette forme de tourisme et insiste sur les risques juridiques encourus par les activistes.
Date de diffusion :
14 juin 2022
Éclairage
Informations et crédits
- Type de média :
- Type du document :
- Collection :
- Source :
- Référence :
- 00608
Catégories
Thèmes
Lieux
Personnalités
Éclairage
Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
Publication : 03 déc. 2024
Le 14 juin 2022, des membres du collectif écologiste « Stop croisières », en coordination avec le mouvement « Extinction Rébellion » tentent d’empêcher le Wonder of the Seas, alors plus gros paquebot au monde, et le MSC Orchestra de manœuvrer pour entrer dans le port de Marseille. Juchés sur des canoës et des zodiacs, ils mènent leur action militante avec détermination durant près de deux heures avant d’être interpellés par la gendarmerie maritime et placés en garde à vue pour entrave à la navigation.
Depuis quelques années, le croisiérisme se développe avec vigueur dans la cité phocéenne, dont le port est fréquenté par les plus grands armateurs de croisières, comme l’Italien Costa Croisières, l’Italo-Suisse MSC Croisières, l’Américano-Norvégien Royal Caribbean, basé à Miami et propriétaire du Wonder of the Seas, ou le français Ponant, spécialiste des croisières haut de gamme. En 2022, Marseille a accueilli 1,43 million de croisiéristes, soit à peine 400 000 de moins qu’en 2019, année précédant la pandémie de coronavirus. La cité phocéenne occupe désormais une place de première importance en Méditerranée pour cette activité de loisirs. Une soixantaine de navires fréquentent ainsi mensuellement le port et ils furent nombreux à y stationner durant la pandémie de COVID 19 dans l’attente de reprendre la mer. Bénéfique économiquement pour la cité phocéenne, ce boom des croisières est toutefois dénoncé avec véhémence par certaines franges de l’opinion voire par les pouvoirs publics à cause des problèmes sanitaires qu’il suscite et du réchauffement climatique qu’il aggrave par la production supplémentaire de gaz à effet de serre. Ces géants des mers continuent en effet à faire tourner leur moteur lors des escales et provoquent, via la combustion du fioul lourd, une importante pollution de l’air à l’oxyde de soufre, à l’oxyde d’azote, et aux particules fines. Les populations riveraines de l’Estaque, de Saint-Henri et alentours sont donc quotidiennement exposées à des risques pour leur santé pouvant se traduire par la survenue de graves maladies respiratoires et l’aggravation d’autres pathologies. Pour tenter d’atténuer cette pollution de l’air, les navires utilisent des filtres, appelés scrubbers, qui ont l’inconvénient d’engendrer un déplacement de pollution, puisque les effluents sont directement rejetés dans le milieu marin. Le gouvernement français a d’ailleurs interdit, à partir du 1er janvier 2022, ce type de rejets dans les zones portuaires et dans les eaux littorales. Le gestionnaire du port de Marseille envisage, en outre, à terme de généraliser le branchement électrique à quai des navires. Cette solution de décarbonation est toutefois loin de satisfaire les opposants à l’économie croisiériste, qui rappellent que ces villes flottantes consommeraient ainsi autant d’électricité que des dizaines de milliers de foyers. Une autre solution avancée par les croisiéristes pour réduire la pollution est l’utilisation de moteurs alimentés par du gaz naturel liquéfié (GNL). En avril 2023, un navire appartenant à TotalEnergies réalise dans le port de Marseille le premier avitaillement en GNL d’un bateau de croisières, le MSC World Europa, exploité en tête de ligne. Mais le recours au GNL comme carburant provoque dans l’atmosphère des fuites de méthane, un puissant gaz à effet de serre.
Face au mécontentement des populations riveraines confrontées à cette pollution persistante, les édiles ont réagi. À l’été 2022 une pétition a ainsi été lancée par la mairie de Marseille contre les niveaux de pollution atmosphérique excessifs atteints dans la ville à cause des bateaux de croisières. L’objectif est d’obtenir de l’État une interdiction d’escale pour les navires les plus polluants durant les pics de pollution. L’industrie croisiériste, via la commande aux chantiers navals de navires de plus en plus imposants, tels le Wonder of the Seas pouvant embarquer jusqu’à 6 000 personnes, augmente mécaniquement ses rejets, et est aussi accusée de favoriser la surfréquentation touristique. Les autorités de Venise ont ainsi interdit, en 2021, aux plus gros paquebots de croisières d’accoster au centre de la cité, réduisant du même coup significativement la pollution atmosphérique. À l’inverse, avec 2,5 millions de croisiéristes enregistrés au port de Marseille en 2023, la reprise soutenue post-COVID de cette activité de loisirs laisse augurer une poursuite de la pollution et par conséquent de futures mobilisations des riverains et des militants écologistes.
Bibliographie
- Maria Gravari-Barbas, Sébastien Jacquot, Atlas mondial du tourisme : du Grand Tour aux voyages low cost, Paris, Autrement, 2018.
- Rémy Knafou, Réinventer (vraiment) le tourisme : En finir avec les hypocrisies du tourisme durable, Paris, Éditions du Faubourg, 2023.
- Linda Lainé, Voyage au pays du surtourisme, La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube, 2024.
Transcription
Sur les mêmes thèmes
Date de la vidéo: 28 mars 1977
Durée de la vidéo: 01M 25S
Le Parc naturel régional de Camargue et ses défis
Date de la vidéo: 20 sept. 2005
Durée de la vidéo: 01M 42S
Grève de la Société nationale Corse-Méditerranée
Date de la vidéo: 20 juin 1992
Durée de la vidéo: 02M 38S
Vers le classement de la vallée de la Clarée
Date de la vidéo: 03 nov. 2012
Durée de la vidéo: 03M 58S
Marseille-Provence et son GR 2013 : une étonnante randonnée artistique
Date de la vidéo: 16 mars 1977
Durée de la vidéo: 01M 30S
Les parcs naturels régionaux du Luberon et du Queyras
Date de la vidéo: 05 mai 2013
Durée de la vidéo: 01M 41S
Naissance d'une association contre les violences homophobes à Toulon
Date de la vidéo: 10 nov. 2018
Durée de la vidéo: 01M 33S
Marche blanche en hommage aux victimes de l'effondrement d'immeubles de la rue d'Aubagne à Marseille
Date de la vidéo: 10 mars 2019
Durée de la vidéo: 01M 38S