Le défilé des troupes coloniales dans Marseille libérée [Muet]
Infos
Résumé
Dès le lendemain de la libération de Marseille après de durs combats, les troupes coloniales françaises défilent le 29 août 1944 sur la Canebière et sur le quai des Belges, devant les autorités civiles et militaires et une foule enthousiaste.
Date de diffusion :
29 août 1944
Éclairage
- Contexte historique
- Articles utilisant cette vidéo
- Parcours thématiques
Informations et crédits
- Type de média :
- Type du document :
- Collection :
- Source :
- Référence :
- 00063
Catégories
Thèmes
Lieux
Personnalités
Éclairage
Éclairage
- Contexte historique
- Articles utilisant cette vidéo
- Parcours thématiques
Contexte historique
Par
Les combats pour la libération de Marseille viennent de se terminer. Le général Schaefer, commandant des troupes allemandes, a capitulé la veille, le 28 au matin, et le général Goislard de Montsabert, commandant la 3e Division d'Infanterie Algérienne, en a fait afficher l'annonce : "Habitants de Marseille, Marseille est définitivement délivrée. Grâce à votre courage et au sacrifice de vos enfants, grâce aussi à l'intervention des troupes débarquées, l'ennemi a accepté les conditions que je lui ai imposées". Marseille dont les plans prévoyaient la délivrance à J+40 se retrouvait libre à J+12. Montsabert rendait hommage à la Résistance qui avait engagé les combats depuis le 21 août, autour de la préfecture et dans les quartiers, avec les maigres forces dont elle disposait. Mais, dans les opérations militaires, l'essentiel était revenu aux troupes de la 3e DIA qui, seules, disposaient de l'expérience et du matériel adéquat. Pour les lancer sur Marseille, il avait fallu pour Montsabert forcer la main de son chef, de Lattre, inquiet, car les combats pour Toulon n'étaient pas terminés et parce que les Allemands conservaient encore la supériorité numérique à Marseille. Montsabert avait poussé le 7e RTA du colonel Chappuis vers le centre, alors qu'à la périphérie tabors et tirailleurs encerclaient la ville, avant de s'y engager et de réduire, après de durs combats, les points de résistance et les batteries adverses.
Le défilé du 29 consacre donc les vainqueurs. Le rassemblement des troupes commence au petit matin. Les FFI du régiment La Marseillaise ont reçu l'ordre de se regrouper à 7 heures. À 9 heures, les véhicules encombrent le centre et s'alignent le long de la Canebière et dans les rues voisines en attendant de défiler. Les drapeaux et étendards des diverses unités et les autorités locales, civiles et religieuses, s'installent sur le refuge central du quai des Belges, face à la Canebière. Le défilé est ouvert par les chefs militaires et politiques qui arrivent sur le port à 11h15 pour se placer devant les drapeaux. On aperçoit le général de Lattre, commandant les troupes françaises à qui avaient été dévolues les prises de Toulon et de Marseille. On voit aussi, côte à côte, le commissaire régional de la République Raymond Aubrac et le général Cochet, commandant le Théâtre Sud FFI. Mais, sur la tribune, prennent place également le général Maitland Wilson, le chef des opérations en Méditerranée, le général Patch, commandant la 7e Armée américaine qui a débarqué dans le Var le 15 août et dont les troupes poursuivent leur progression dans la vallée du Rhône, l'ancien ambassadeur des États-Unis Bullit. Il y a là aussi les représentants du Gouvernement provisoire du général de Gaulle, Emmanuel d'Astier de la Vigerie, commissaire à l'Intérieur, et André Diethelm, commissaire à la Guerre, qui prend un moment la parole, après la remise de récompenses posthumes aux résistants tués pendant la Libération. Le mouvement des troupes commence alors. Elles sont applaudies par la foule et les blessés au cours des combats, alignés sur le trottoir. Le reportage, qui est filmé de la place de la Bourse, là où se trouve la plaque commémorative de l'assassinat du roi de Yougoslavie et du ministre français des Affaires étrangères Barthou en 1934, suit longuement le défilé des troupes coloniales, tirailleurs algériens, zouaves, tabors marocains, avec leur nouba et ses deux béliers, puis la descente des unités motorisés, automitrailleuses et blindés des escadrons de cuirassés. En revanche, les FFI, qui défilent ensuite jusqu'à 13 heures, sont, pratiquement, absents du reportage, alors qu'ils sont souvent représentés, défilant le long du quai des Belges, dans les photographies qui rappellent l'évènement. C'est, pour Montsabert un triomphe qu'il relate dans son journal : "Il n'y a pas de mots pour dépeindre cet enthousiasme, cette chaleur, cette popularité, la Canebière bordée de blindés, carrefours garnis de canons, les quais du Vieux-Port encadrés de troupes, tirailleurs et goumiers... tous mes drapeaux ! ... Pour me rendre au quai des Belges, c'est un torrent d'applaudissements et de bravos qu'il faut traverser... Oui, une journée inoubliable".
La foule, la fierté qui se lit sur les visages des combattants, la musique dont on devine les accents, tout indique qu'une page est bel et bien tournée. Et, comme s'il en était besoin, les premières images du reportage l'ont souligné d'emblée avec, en gros plans, les affiches des films américains que les cinémas de Marseille se sont empressés de projeter. Si Gunga Din, film tiré d'une nouvelle de Rudyard Kipling (c'est l'histoire d'un porteur d'eau indien se sacrifiant pour sauver les troupes britanniques...) et sorti en 1939, est probablement une pellicule conservée après l'interdiction des films américains, en novembre 1942, on s'étonne de trouver déjà Convois vers la Russie, qui est, lui, un film de propagande de guerre tourné en 1943, et mettant en scène l'héroïsme des convois affrontant les sous-marins allemands. Mais ces images sont comme un pari sur l'avenir dans "une ville délivrée, qui titube, éblouie au grand soleil de la liberté", où la "foule, où se faisaient entendre les premiers nasillements yankees, allait heureuse de pouvoir enfin marcher à sa guise, parler fort, rire, dire n'importe quoi, voir avec ses yeux ce qu'elle n'avait perçu qu'avec ses oreilles au cours de la bataille", une bataille "qui se lisait partout". Et André Négis, qui a écrit ces lignes au lendemain des évènements, de poursuivre : " Quelle différence avec la Canebière des jours précédents, la Canebière vide, aux yeux clos, avec ses chevaux de frise et ses mitrailleuses allemandes ; la différence qu'il y a entre un cadavre et un corps exubérant de vie ".
Bibliographie :
Maréchal de Lattre de Tassigny, Histoire de la Première Armée Française, Paris, Plon,1949.
André Négis, Marseille sous l'Occupation, Paris-Marseille, Editions du Capricorne, 1947.
Guy Serbat, Le P.C.F. et la lutte armée 1943-1944. Témoignage. Mémoires de l'ancien commandant militaire en second des F.T.P. de la zone sud, Paris, L'Harmattan, 2001.
Filmographie :
Grégoire Georges-Picot, La Libération de Marseille, Les films du soleil, 1994.
Sur les mêmes thèmes
Date de la vidéo: 09 oct. 1954
Durée de la vidéo: 01M 19S
Commémoration de l'attentat contre le roi de Yougoslavie [Muet]
Date de la vidéo: 10 sept. 2012
Durée de la vidéo: 02M 27S
Inauguration du Mémorial du camp des Milles à Aix-en-Provence
Date de la vidéo: 15 août 1944
Durée de la vidéo: 06M 49S
La Provence, de l'Occupation à la Libération (1943-1944) [muet]
Date de la vidéo: 17 mai 2019
Durée de la vidéo: 02M 13S
La base sous-marine du port de Marseille se transforme en data center
Date de la vidéo: 06 avr. 1945
Durée de la vidéo: 01M 01S
Le retour des prisonniers de guerre à Marseille
Sur les mêmes lieux
Date de la vidéo: 22 sept. 1969
Durée de la vidéo: 01M 50S
Le président Pompidou évoque l'affaire Gabrielle Russier
Date de la vidéo: 10 nov. 2018
Durée de la vidéo: 01M 33S
Marche blanche en hommage aux victimes de l'effondrement d'immeubles de la rue d'Aubagne à Marseille
Sur les mêmes personnes
Date de la vidéo: 15 août 1944
Durée de la vidéo: 06M 49S