Jacques Médecin en exil en Uruguay
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Poursuivi par la Justice pour délit d'ingérence, Jacques Médecin s'est exilé en Argentine, puis en Uruguay. Contrairement à ce qu'il a affirmé, les plus hautes autorités argentines démentent tout contact avec lui. Il est à nouveau convoqué à Grenoble pour le 26 septembre pour avoir fait financer par le Conseil général des Alpes-Maritimes la revue Action Côte d'Azur dont il était propriétaire. S'il ne s'y rend pas, un mandat d'arrêt international risque d'être lancé contre lui.
Date de diffusion :
16 sept. 1990
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L'affaire n'est pas banale : un haut responsable politique, maire d'une des plus grandes villes du pays, ancien membre du gouvernement, tente d'échapper à la justice en fuyant à l'étranger... Jacques Médecin est un personnage dont les écarts de langage, sur le plan politique, avaient déjà fait parler de lui et dont le système de pouvoir très personnel qu'il exerçait sur Nice et sa région soulevait depuis longtemps la critique. Il était maire de Nice depuis 1966, date à laquelle il avait succédé à son père, le "roi Jean" (maire de 1928 à sa mort en 1965, avec une interruption à la Libération). Il présidait le Conseil Général depuis 1973, avait été élu député en 1968 et réélu jusqu'en 1981. Un système de dons, d'alliances et de faveurs locales, une ligne axée sur la défense de l'identité niçoise et un certain populisme, joints à une grande familiarité et à des réalisations nombreuses dans sa ville, lui assuraient un pouvoir que peu de choses limitait. Son ancrage local reposait sur un parti local, celui de son père, le Rassemblement républicain, et un réseau d'associations dont la moindre n'était pas celle des "Amis du maire". Sur un plan national, il avait fait le tour de presque tous les partis politiques de droite en fonction de ses intérêts et de ceux de son territoire, passant des Républicains indépendants au Parti républicain, le quittant pour le RPR, avant de finir proche de l'extrême droite, au Centre National des Indépendants. C'est d'ailleurs de ce côté-ci de l'échiquier politique qu'il avait débuté, du côté de l'Algérie Française et de l'antigaullisme virulent. Mais ses propos comme son intérêt pour l'Afrique du Sud du temps de l'Apartheid montraient régulièrement qu'il n'avait guère changé de pensée. Cependant, il avait été secrétaire d'État au Tourisme, puis à la Culture et à l'Environnement dans les gouvernements Chirac et Barre entre 1976 et 1978.
L'arrivée de la gauche au pouvoir provoqua sans doute chez lui un réflexe de peur et le souci de préparer ses arrières. C'est alors qu'il commence à transférer de l'argent en Californie (à Beverly Hills, non loin de la villa où il résidait régulièrement avec sa nouvelle épouse d'origine américaine), via l'association Nice Opéra, dont les responsables étaient des parents ou des proches. Ne payant aucun impôt sur le revenu et possédant des avoirs non déclarés à l'étranger, son intégrité commença à être mise en cause par le fisc. Par ailleurs, la justice s'intéressait à des commissions suspectes et à des subventions accordées à des associations ou des publications que Jacques Médecin contrôlait directement ou indirectement. Inculpé pour ingérence et abus de confiance en novembre 1989, soumis à un redressement fiscal de 2,2 millions de francs, il vient de démissionner de la mairie de Nice, le 15 septembre, et de s'enfuir en Amérique du Sud lorsque le reportage est tourné.
En novembre 1994, il sera extradé, trois mandats internationaux ayant été lancés contre lui pour recel d'abus de biens sociaux, corruption passive, abus de confiance et ingérence. Il sera condamné à deux ans de prison en mars 1995 par le tribunal correctionnel de Grenoble (qui l'avait déjà condamné par défaut en janvier 1992) et à nouveau à la même peine, pour fraude fiscale, en avril 1998. Il était alors reparti à l'étranger, après vingt-et-un mois d'emprisonnement. C'est à l'étranger qu'il décèdera le 7 novembre 1998.
Les ouvrages qu'il écrira pour se défendre le montrent tel qu'en lui-même, volontiers hâbleur, cynique, s'estimant victime de complots, tenant des propos provocateurs, à la limite du racisme. Mais il gardera pourtant la confiance de nombreux Niçois et l'extrait de ce reportage qui le montre, avec son épouse, acclamé lors d'une réunion reflète cette étonnante réalité.
Bibliographie :
Jacques Médecin, "Et moi je vous dis..." ma vérité, entretiens avec Henri-Christian Giraud, Michel Lafon/Éditions de la Table Ronde, 1991.
Jacques Médecin, Un Lynchage exemplaire. Mitterrand m'a tuer, Paris, Editions Première ligne, 1994.
Jacques Médecin, La République des juges, Paris, Hachette, 1996.
Brigitte Rénaldi et Claude-Henry Laval, Jacques Médecin, chronique d'un sabordage, Paris, Tallandier, 1991.
Transcription
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