Crise sanitaire et distribution de repas aux étudiants précaires d'Aix Marseille

À la mi-mars 2020, les universités françaises et les autres établissements scolaires du pays ferment leurs portes pour près de deux mois. À l’annonce de ce confinement national destiné à lutter contre la propagation de l’épidémie de COVID-19, la plupart des étudiants rentrent au domicile familial, d’où ils tentent de suivre les cours à distance. D’aucuns n’ont cependant pas cette possibilité, en particulier ceux ne disposant pas d’un foyer accueillant et les étudiants étrangers. Ils demeurent alors isolés dans leur chambre au sein des cités universitaires de la région ou dans des immeubles privés.    

Le ralentissement de l’activité économique et la limitation drastique des déplacements entraînent parallèlement  la disparition de nombreux emplois exercés par des étudiants ou, au mieux, une forte diminution des heures travaillées. Or quatre étudiants sur dix exercent une activité rémunérée pour subvenir à leurs besoins. Cette perte soudaine de revenu entraîne pour des milliers d’étudiants installés dans la région des difficultés pour payer leur loyer ou tout simplement se nourrir au quotidien. Les restaurants universitaires, permettant de bénéficier de deux repas par jour à moindre coût, gardent, de surcroît, portes closes.        

À partir du 10 avril, le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS) d’Aix-Marseille Avignon et la Fédération Aix-Marseille Interasso (FAMI) recensent les jeunes dans le besoin et préparent des paniers alimentaires, composés de pâtes, de produits laitiers, de fruits et légumes, de confitures, de gâteaux et de diverses conserves, représentant l’équivalent de quatre repas. Les volontaires distribuent ensuite chaque semaine ces denrées, accompagnées de kits d’hygiène, sur les différents campus, dont notamment à Marseille ceux de Saint-Charles et de Luminy. Cette action d’urgence est soutenue par l’Université, la municipalité de Marseille et des dons de particuliers.

Les Restos du Cœur des Bouches-du-Rhône, avec le soutien de l’OM Fondation, mettent en place un autre centre éphémère d’aide aux étudiants et aux plus démunis ouvert, à partir du 23 avril, tous les jeudis durant la durée du confinement. Ces distributions de colis alimentaires et kits d’hygiène s’effectuent au stade Vélodrome, lieu symbolique connu de tous et ayant une position centrale entre les différents campus marseillais. L’enceinte sportive est en outre facilement accessible en transport en commun. Les distributions s’effectuant à l’air libre sous la tribune Ganay, les bénévoles et les bénéficiaires disposent ainsi d’un vaste espace, leur permettant de plus facilement respecter la distanciation sociale en vigueur. Ces commodités favoriseront, l’année suivante, la transformation du même stade Vélodrome en un immense centre de vaccination. 

Largement médiatisées, les files qui s’allongent lors de ces opérations caritatives font apparaître au grand jour une précarité étudiante, dont une partie de l’opinion publique n’avait pas pleinement pris conscience. Ces difficultés ne datent pas du confinement, mais elles connaissent durant cette période une forte recrudescence et touchent par conséquent certains étudiants non habitués à demander de l’aide et qui hésitent parfois, par honte, à franchir le pas. Pour venir en aide à ces derniers des distributions similaires de produits de première nécessité sont organisées au sein même de certaines résidences universitaires.        

Les affres du confinement ne se limitent pas, pour les étudiants isolés, à des problèmes économiques. Une grande détresse psychologique est également constatée. La solitude et l’incertitude pesant sur le devenir de leur cursus universitaire constituent des éléments angoissants et nerveusement épuisants que les services universitaires concernés tentent, tant bien que mal, de prendre en charge dans l’urgence. Les téléconsultations médicales s’avèrent cependant, par manque de personnel, bien inférieures aux besoins réels.   

Bibliographie 

• La vie d’étudiant confiné. Résultats de l’enquête sur les conditions de vie des étudiants pendant la crise sanitaire, Observatoire national de la vie étudiante, 2020. 
• « La vie étudiante au temps de la pandémie de COVID-19 : Incertitudes, transformations et fragilités », OVE Infos, n° 42, Septembre 2020.