Le centenaire de l'aéroport Marseille-Provence à Marignane

En 2022, l’aéroport Marseille-Provence, qui porte officiellement ce nom depuis 1986, a fêté ses 100 ans. Ce siècle d’existence a été marqué par de nombreux succès, mais aussi quelques drames. La plateforme est située en bordure de l’étang de Berre sur la commune de Marignane, soit pratiquement à équidistance entre Marseille et Aix-en-Provence. Elle a officiellement vu le jour le 22 octobre 1922 à quelques encablures du lieu où, le 28 mars 1910, l’ingénieur marseillais Henri Fabre a fait décoller son premier hydravion devant un public nombreux. La première ligne exploitée au « port aérien » de Marignane est à destination de Toulouse, puis, en 1925, la liaison Paris-Lyon est prolongée vers Marseille, alors que deux ans plus tard la compagnie nationale allemande Lufthansa commence à exploiter la ligne Berlin-Genève-Marseille avant de la prolonger vers Barcelone et Madrid. La desserte, d’abord postale, d’Alger voit elle le jour en 1928. Passé en 1934 dans le giron de la chambre de commerce et d’industrie de Marseille, l’aéroport se développe et accueille, en 1939, la première liaison postale entre la France et les États-Unis assurée par la Pan American Airways (Pan Am) et reliant la cité phocéenne à New York.

La Seconde Guerre mondiale a de très funestes conséquences pour la plateforme des Bouches-du-Rhône, qui, bombardée en 1944 par les Allemands, doit se reconstruire après le conflit. Les hangars « Boussiron » sont achevés en 1953, alors que trois ans plus tard est donné le premier coup de pioche de la nouvelle et majestueuse aérogare, imaginée par l’architecte Fernand Pouillon. Au début de la décennie 1960, l’aéroport marseillais devient le second de France derrière celui d’Orly, à Paris, et des stars françaises et internationales sont filmées à leur descente d’avion, comme les Rolling Stones en 1966, Johnny Hallyday en 1969 ou Claude François en 1970. La démocratisation progressive du transport aérien nécessite une amélioration constante des infrastructures, à l’instar de la création de passerelles d’embarquement au cours de la décennie 1970 ou l’inauguration, dans les années 1990, des nouveaux halls et salles d’embarquement du Terminal 1 imaginés par l’architecte Richard Rogers.

Ces installations flambant neuves sont le témoin, en décembre 1994, de l’assaut par le GIGN, sur le tarmac de l’aéroport, d’un avion d’Air France assurant initialement la liaison Alger-Paris, mais dérouté à Marseille à la suite d’une prise d’otages par les membres du Groupe islamique armé (GIA). En 2001, la mise en service de la ligne ferroviaire à grande vitesse Méditerranée permet de relier Paris à Marseille, de centre à centre, en à peine plus de trois heures. Elle constitue donc une concurrence frontale pour l’aéroport, qui doit, en termes de trafic, se tourner vers d’autres horizons. Ainsi, en 2006, un terminal low-cost, baptisé « MP 2 », est inauguré pour accompagner le développement rapide des compagnies à bas-coût, qui près de deux décennies plus tard représentent une part très significative du trafic de l’aéroport et ont contribué à accentuer son statut de porte privilégiée vers le bassin méditerranéen. Les cinq pays générant le plus de trafic sont dans l’ordre l’Espagne, l’Algérie, le Maroc, la Grande-Bretagne et l’Italie, ce qui ne signifie pas pour autant que les autres liaisons vers l’Europe, voire des liaisons domestiques, n’aient pas connu parallèlement un fort développement. En 2019, le second aéroport régional français, après celui de Nice Côte d’Azur, franchit, avec un trafic de 10,1 millions de passagers annuels, une barre symbolique. La crise sanitaire du COVID-19, survenue l’année suivante, constitue certes un brutal coup d’arrêt, mais ce record est battu dès 2023 avec 10,8 millions de passagers. Confronté à la montée des préoccupations environnementales dans la société, l’aéroport Marseille-Provence doit, tout en se développant, faire diminuer son empreinte carbone et tenter de limiter, en collaboration avec les compagnies, l’augmentation du nombre de vols grâce à une optimisation du remplissage des avions. Un autre défi de taille pour l’aéroport Marseille Provence, comme pour les autres plateformes régionales françaises, est de mieux se connecter, par des vols directs, à l’Amérique du Nord, au Moyen-Orient ou à l’Asie. En juillet 2024, la compagnie chinoise China Eastern inaugure ainsi une liaison sans escale Marseille-Shanghai. Quelques semaines auparavant a été finalisé le projet « cœur d’aéroport » créant au sein du Terminal 1 un parcours unique fluidifié pour les passagers et une zone d’enregistrement unique pour les bagages, afin de permettre à la plateforme d’accueillir dans les meilleures conditions les compétiteurs de certaines épreuves des Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024. Lors de cette saison estivale est assurée, au départ de Marseille, la desserte de 128 destinations dans 36 pays grâce à 34 compagnies opérant 164 lignes.

Bibliographie

• Théodore Amarantinis, L’infrastructure aéronautique dans l’aménagement du territoire : Marseille-Marignane et l’équipement aéronautique de l’aire métropolitaine marseillaise, Thèse d’État de l’Université d’Aix-Marseille, 1971.  
• Michel Olivier, Aéroport Marseille-Provence 65 ans d’aviation commerciale, Marseille, Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence, 1987.