Hommage national aux trois victimes de l'attentat de la basilique Notre-Dame de Nice

Le samedi 7 novembre 2020 dans la matinée, le Premier ministre, Jean Castex, préside à Nice, sur la colline du château dominant la baie des Anges, l’hommage national rendu aux trois victimes de l’attentat islamiste survenu neuf jours plus tôt en plein centre-ville de la cité azuréenne à la basilique Notre-Dame de l’Assomption. Dans cet édifice religieux de l’avenue Jean Médecin s’introduit, au petit matin du 29 octobre, un Tunisien de 21 ans armé d’un couteau, qui égorge d’abord le sacristain Vincent Loquès, tué à la veille de ses 55 ans. Puis il s’en prend à une paroissienne de 60 ans, Nadine Devillers, retrouvée morte au pied du bénitier. Elle venait de terminer les premiers chapitres de son autobiographie, forme de thérapie pour cette femme fragile et forte non épargnée, dès l’enfance, par les affres de la vie. Après sa mort son mari termine l’ouvrage et le publie de manière posthume pour perpétuer son souvenir et celui de leur amour indéfectible. Le choix de la photo de mariage pour servir de portrait, lors de la cérémonie d’hommage, est tout sauf un hasard. Poignardée à plusieurs reprises, la troisième victime parvient à se réfugier dans un restaurant voisin et donne l’alerte. Mais elle succombe à ses blessures. Simone Barreto Silva était une aide-soignante franco-brésilienne de 44 ans arrivée adolescente en France avec sa famille et mère de trois enfants. Les médias ajoutent à l’émotion en rapportant ses derniers mots : « dites à mes enfants que je les aime ».

Lors de cette cérémonie sobre et solennelle, clôturée par trois coups de canon symboliques et où les notes de musique accompagnent le recueillement des familles des victimes, le chef du gouvernement rappelle la volonté de l’État de lutter contre l’islamisme radical, idéologie politique obscurantiste, qui n’a rien de commun avec la religion musulmane. Il réaffirme également le fait que ces crimes, aussi odieux soient-ils, n’amèneront jamais la République française à transiger sur ses valeurs fondamentales de laïcité et de liberté de culte. Le maire de Nice, Christian Estrosi, filant la métaphore guerrière, appelle « à entrer en résistance » face à cette barbarie et à demeurer dans un esprit d’unité nationale. La cérémonie se tient d’ailleurs en présence de plusieurs membres du gouvernement et du président du Sénat Gérard Larcher. À l’issue de l’hommage national, Jean Castex remet la Légion d’honneur ou l’Ordre national du mérite à sept policiers municipaux ayant évité, par leur courage et leur sang-froid, un alourdissement du bilan humain. Arrivés rapidement sur les lieux, ils ont, par leurs tirs, mis hors d’état de nuire l’assaillant qui se précipitait sur eux, avant de l’interpeller et de le faire soigner.       

L’émotion de la nation est d’autant plus forte que ce drame se produit moins de deux semaines après la décapitation, par un autre terroriste islamiste, du professeur Samuel Paty, survenue le 16 octobre près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine en région parisienne. La recrudescence des actes terroristes est à mettre en relation avec la tenue, du 2 septembre au 10 novembre devant la cour d’assises spéciale de Paris, du procès des sinistres attentats de janvier 2015 contre la rédaction de « Charlie Hebdo », une policière à Montrouge et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Cette nouvelle vague a d’ailleurs débuté, le 25 septembre, par une attaque au hachoir devant les anciens locaux du journal satirique. Nice et Paris sont les deux villes ayant payé, depuis cinq ans, le plus lourd tribut à ces actes terroristes inspirés par l’islamisme radical. Lors de cet hommage national sont d’ailleurs présentes, par solidarité, des victimes ou familles de victimes de l’attentat au camion-bélier du 14 juillet 2016, qui a fait 86 morts et plusieurs centaines de blessés sur la promenade des Anglais à l’issue du feu d’artifice célébrant la fête nationale.

Bibliographie 

• Gilles Ferragu, Histoire du terrorisme, Paris, Perrin, 2014.
• Gilles Kepel, Terreur dans l’Hexagone : genèse du djihad français, Paris, Gallimard, 2015.
• Hugo Micheron, Le jihadisme français : quartiers, Syrie, prisons, Paris, Gallimard, 2020.