La championne Alizé Cornet évoque l'évolution du tennis féminin durant sa carrière

La joueuse de tennis niçoise Alizé Cornet est interviewée, en décembre 2020, sur la promenade des Anglais quelques semaines après la sortie de son livre autobiographique intitulé Sans compromis. Ayant habité jusqu’à l’âge de 20 ans le quartier du port, la « Prom » était son lieu naturel de footing d’où elle pouvait admirer quotidiennement le spectacle de la Baie des Anges, à moins qu’elle ne fréquente le stade d’athlétisme de Vauban. Elle voue une véritable passion au tennis, sport qu’elle pratique dès l’âge de 4 ans, en suivant les pas de son frère, de 12 ans son aîné, sur les courts en terre battue du CCCF Tennis des Arènes de Cimiez. Dotée d’indéniables qualités physiques, elle est une joueuse précoce, qui a de surplus la volonté constante d’être la meilleure et l’envie de gagner. En 2005, une invitation lui permet, à seulement 15 ans, de participer à son premier tournoi de Roland-Garros durant lequel elle parvient à passer le premier tour et affronte au second son idole Amélie Mauresmo, s’inclinant logiquement devant la troisième joueuse mondiale. Passée professionnelle dès l’année suivante, ses performances, avec une première victoire en finale d’un tournoi du circuit international féminin WTA et une première finale de Masters, lui permettent d’atteindre dès 2009 la 11e place mondiale après un huitième de finale en Grand Chelem à l’Open d’Australie. Elle vient tout juste d’avoir 19 ans.

Insuffisamment préparée mentalement à de tels débuts, elle perd confiance dans son talent lorsque les résultats deviennent moins favorables. Depuis son enfance Alizé Cornet raconte qu’elle ne supporte pas de perdre : elle se dit paralysée par une peur de la défaite qui entame son estime de soi. Elle peut alors compter sur son entourage, et en particulier ses parents et son frère pour la maintenir à flot. À 21 ans, elle prend la décision de s’entraîner à Paris et, trois ans plus tard, elle est de nouveau dans les vingt premières joueuses mondiales et numéro un française. Le récit de ces difficultés pose la question de la santé mentale des sportifs et sportives de haut niveau, longtemps taboue mais appelée à être mieux considérée.

En 2014, l’une de ses meilleures saisons sur le circuit, elle remporte avec Jo Wilfried Tsonga, la prestigieuse épreuve mixte de la Hopman Cup à Perth en Australie. Elle gagne le tournoi polonais de Katowice et est en finale de ceux de Dubaï et de Guangzhou ainsi que demi-finaliste de l’Open de Paris. Elle s’impose aussi au cours de cette saison à trois reprises face à la première joueuse mondiale, l’Américaine Serena Williams, notamment au troisième tour de Wimbledon, alors qu’elle a fait la veille l’aller retour à Nice pour assister à l’enterrement de sa grand-mère. Alizé Cornet ira jusqu’en huitième de finale du tournoi londonien, tout près d’atteindre un quart de finale d’un tournoi du Grand Chelem.

En 2018, elle révèle les bénéfices qu’elle retire de la pratique de la méditation, qui lui permet de  devenir la maîtresse de son esprit et non plus sa victime et de  canaliser au mieux cette énergie d’électron libre pour visualiser et ressentir où elle aimerait aller sur le court et en dehors ou autrement dit se refocaliser plus rapidement sur le moment présent. Elle s’inscrit ainsi dans un mouvement plus général qui conduit les sportifs de haut niveau à adjoindre à leur entraînement physique et technique, la préparation mentale. De nouveaux succès sont au rendez-vous dont le plus éclatant est, en 2019, le gain de la Fed Cup, une compétition disputée par équipes nationales. L’année précédente une procédure disciplinaire pour avoir manqué trois contrôles antidopages inopinés, qu’elle qualifie de match de sa vie, avait pourtant failli hypothéquer sa carrière. En cette même année 2018 à l’US Open, elle prend un avertissement pour avoir brièvement enlevé son maillot pour le remettre à l’endroit. Après la dénonciation du caractère sexiste de cette décision arbitrale, le règlement de l’US Open est modifié, et les filles peuvent désormais, comme les garçons, se changer sur le court si elles le désirent. En 2021, Alizé Cornet, pour sa quatrième Olympiade à Tokyo, est éliminée dès le premier tour du tournoi, mais en 2022, elle atteint le premier quart de finale de sa carrière en Grand Chelem à l’Open d’Australie. À l’orée de 2023 alors qu’elle continue sa carrière, Alizé Cornet a disputé plus de soixante tournois du Grand Chelem consécutifs et remporté neuf titres sur le circuit WTA, dont six en simple. En 2022, elle a aussi apporté une nouvelle pierre à sa carrière naissante d’écrivaine, en publiant son premier roman intitulé La valse des jours et librement inspiré de la vie de sa mère, de sa tante et de sa grand-mère. Cette activité littéraire constitue une voie parmi d’autres pour sa future reconversion.

Bibliographie 

Alizé Cornet, Sans compromis, Paris, Amphora, 2020.

Alizé Cornet, La valse des jours, Paris, Flammarion, 2022.

Bernard Maccario, Yvan Gastaut, Sports & Alpes-Maritimes. D’hier à aujourd’hui, Saint-Laurent-du-Var, Éditions Mémoires Millénaires, 2020.