Conférence de presse de Robert Lafont, candidat à l'élection présidentielle
Notice
Résumé
Dans ce document amateur filmé lors de la conférence de presse donnée pour sa candidature aux élections présidentielles de 1974, Robert Lafont explique sa volonté de représenter l'ensemble des régions du pays. Il légitime sa position marginale, opposée au centralisme de Paris, qui lui offrira le recul nécessaire pour résoudre les problèmes de l'État.
Langue :
Date de diffusion :
12 mai 2001
Date d'évènement :
16 avr. 1974
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Contexte historique
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En 1974, Robert Lafont, poète, romancier, dramaturge, historien de la littérature, linguiste, militant en faveur de la langue d’oc, est sans conteste la figure la plus importante du mouvement occitan. Membre fondateur de l’Institut d’études occitanes, il a aussi créé en 1962 le Comité occitan d’études et d’action (COEA) et participé à la fondation en 1971 du mouvement politique occitan Lutte occitane. Il est par ailleurs un intellectuel reconnu dont les ouvrages sur la question régionale et les minorités linguistiques de l’hexagone sont largement diffusés par de grandes maisons d’édition : La révolution régionaliste (1967), Décoloniser en France – Les régions face à l’Europe (1971) paraissent chez Gallimard, Lettre ouverte aux Français, d’un Occitan (1973) chez Albin Michel. Après avoir été proche avec le COEA de la deuxième gauche – dans le cadre de la Convention des institutions républicaines de François Mitterrand – et du Parti socialiste unifié (PSU) dès les années 1960, il est devenu le théoricien le plus connu du régionalisme en France. Ses engagements occitanistes l’ont aussi amené à travailler dès les années 1950 avec des représentants des autres mouvements en faveur des langues et cultures de France, en Bretagne, au Pays basque, en Catalogne ou en Corse.
C’est tout cela qui fait de lui en 1974 le candidat des minorités nationales à l’initiative, dit-il dans son livre autobiographique Pecics de mièg-sègle (Fédérop, 1999), des Basques et des Corses. Après l’acceptation de Lafont, le mouvement Lutte occitane se met en urgence au service du candidat. En effet, le président de la République, Georges Pompidou est mort le 2 avril et le premier tour de l’élection présidentielle a lieu à peine un mois après, le 5 mai. Des comités appelés Volèm Viure al Païs (Nous voulons vivre au pays) sont formés pour récolter les cent parrainages alors nécessaires pour pouvoir valider la candidature. Obtenues de justesse, ces « signatures » sont, pour quatorze d’entre elles invalidées par le Conseil constitutionnel, empêchant de fait Robert Lafont de se présenter.
L’épisode n’en est pas moins intéressant à au moins deux niveaux.
D’abord, parce que malgré l’invalidation de la candidature de Lafont, celui-ci a occupé un moment l’espace politique national. À tel point d’ailleurs qu’il fut même en position de négocier avec François Mitterrand le report éventuel de ses voix en faveur du candidat socialiste au second tour. Le simple fait que cette candidature ait été autant prise au sérieux montre bien à quel point les thèses néo-régionalistes que portait Lafont trouvaient un certain écho dans la société. La présence à cette élection présidentielle de deux candidats fédéralistes, Jean-Claude Sebag et Guy Héraud, confirme que la question du fédéralisme et du régionalisme revêt une certaine importance, quand bien même elle ne semble pas forcément mobiliser les électeurs.
Ensuite, parce qu’il marque le début du reflux d’un occitanisme politique, que des conflits internes commençaient déjà à tirailler dès la fin des années 1960. Face au néo-régionalisme de Lafont qui n’envisage pas pour l’Occitanie un destin séparé de la nation française mais plutôt une désaliénation des Occitans au sein de celle-ci, d’autres militants, comme les frères Yves et Jean Rouquette, opposent une vision plus nationaliste. C’est cette dernière qui, après 1974 prend de l’importance à travers, notamment, les anciens comités Volèm Viure al Païs qui deviennent un mouvement politique autonome au détriment de Lutte occitane.
Robert Lafont, quant à lui, s’il ne sera plus jamais investi en politique en tant que candidat, poursuit son engagement en tentant d’influencer les partis nationaux de gauche. Il est ainsi considéré à la fin des années 1970 comme un compagnon de route du Parti communiste et un interlocuteur occasionnel jusqu’en 1981 de François Mitterrand qui, dans son programme, laisse une place à la question des langues et cultures régionales.
Transcription
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