Don Giovanni de Mozart filmé par Joseph Losey
Notice
À l'occasion de la sortie en salles, en novembre 1979, du Don Giovanni de Mozart filmé par Joseph Losey, de courts extraits du film (à l'acte II, avec Ruggero Raimondi et José van Dam, dirigés par Lorin Maazel) encadrent les propos du réalisateur sur les chanteurs, et de Rolf Liebermann sur la raison du film : faire sortir l'opéra des "Grandes Maisons" et offrir Mozart aux jeunes.
Éclairage
C'est Rolf Liebermann qui a l'idée de ce célèbre film-opéra, produit par Jérôme Seydoux pour Gaumont, Antenne 2, Renzo Rossellini pour Opera Film et Janus Filmproduktion. Selon le projet du directeur de l'Opéra de Paris , il s'agit de faire sortir l'opéra des « Grandes Maisons » et d'offrir Mozart « à la génération blue-jeans ». Déjà du temps de son directorat à la Staatsoper de Hambourg, dès les années soixante, il promeut un certain nombre de captations ou de films réalisés avec les forces de l'Opéra local, dont un extraordinaire Wozzeck, et de passionnants Fidelio et Diables de Loudun.
À Paris, son choix se porte sur le Don Giovanni de Mozart, qu'il décide de filmer en décors naturels, en majorité dans la célèbre Villa palladienne La Rotonda, près de Venise, qui sert aussi quelque peu de décor au film. La bande son ayant été réalisée antérieurement en studio, avec l'orchestre de l'Opéra de Paris sous la direction de Lorin Maazel, les solistes sont filmés en play-back. La réalisation est confiée la réalisation au cinéaste Joseph Losey, universellement connu - entre autres - pour son film The servant, alors agé de 79 ans, et qui tourne pour la première fois un film musical.
La distribution est le reflet du niveau de l'Opéra de Paris d'alors, avec en vedette l'exceptionnel Don Giovanni de Ruggero Raimondi, et dont le film rend la réputation - déjà grande - mondiale. Les chanteurs José van Dam, Kiri Te Kanawa, Teresa Berganza sont à cette époque habitués aux rôles mozartiens à l'Opéra. Lorin Maazel, au faîte d'une carrière internationale (il est alors à la tête de l'Orchestre de Cleveland, et de l'Orchestre National de Radio-France), a alors, à l'Opéra, dirigé Pelléas et Mélisande. Liebermann espère réaliser ainsi, en réponse à l'immense besoin culturel de l'époque, « un Don Giovanni nouveau, accessible au monde entier, sans que la multiplication ne diminue la qualité. Don Giovanni pour tous, mais pas au rabais ».
Non seulement le pari est amplement gagné, mais il est le point de départ d'une politique de réalisation de film-opéras (Carmen, Traviata, Otello... ) qui marque son époque.