Portrait de Pierre Boulez

26 mars 2000
02m 18s
Réf. 00280

Notice

Résumé :

Portrait de Pierre Boulez montrant le compositeur et chef d'orchestre en pleine répétition. Interview de Boulez et témoignages des musiciens qui travaillent avec lui.

Type de média :
Date de diffusion :
26 mars 2000
Source :
A2 (Collection: Midi 2 )

Éclairage

Né en 1925, Pierre Boulez est depuis 50 ans le grand représentant de la musique nouvelle. Il étudie la musique à Lyon, puis à Paris où il est l'élève d'Andrée Vaurabourg, d'Olivier Messiaen, puis de René Leibowitz, qui l'initie à la musique sérielle. Ses premières oeuvres, Le visage nuptial, Le soleil des eaux, le classent parmi les jeunes compositeurs en vue. Il défend le sérialisme intégral : appliquer le principe de la série (une suite des 12 sons de la gamme) aux autres paramètres de la musique : durées, intensités, attaques. En 1954, Boulez fonde le Domaine musical, creuset de la nouvelle musique pendant presque 20 ans. Il passe par la composition aléatoire (Structures). Il est professeur à Darmstadt pendant plus de 10 ans, puis à Harvard. Pierre Boulez présente en 1962 Pli selon pli, son oeuvre la plus célèbre.

En 1974, il fonde l'Ircam, qui applique les technologies nouvelles à la musique, et s'occupe de l'ensemble intercontemporain. Il mène aussi une très importante carrière de chef d'orchestre, à Cleveland, Londres, Chicago, New York. Il dirige la musique du XXe siècle, jusqu'aux contemporains, y compris ses propres oeuvres, mais aussi Berlioz et Mahler, et ses participations au festival de Bayreuth sont célèbres. Ses oeuvres plus récentes, souvent remaniées, Éclat/Multiples, Messagesquisse, ...Explosante/fixe..., Cummings ist der dichter, Sur Incises..., mystérieuses, sauvages, parfois lyriques, sont passionnantes et témoignent de la vitalité de ce musicien complet.

Michel Coupard

Transcription

(Silence)
Pierre Boulez
Bien, commençons.
Journaliste
Ce serait un peu comme un jardinier, mais un jardinier dont le jardin reste resterait perpétuellement en friche. Et cela uniquement parce que ce jardinier le veut. Et ce que Boulez veut se fait immédiatement. Dût-il type corriger de sa main, en pleine répétition, les imperfections de cette partition. Pour rester coûte que coûte le maître du labyrinthe sonore qu'il installe.
(Musique)
Musicien
C'est une musique qu'on découvre, nous en même temps que lui, alors lui il la fait travailler, nous on la découvre. Donc il faut s'ajuster, il faut trouver ses repères auditifs, il y a un vrai travail de création qu'on n'a pas sur du Beethoven, sur tout le répertoire qu'on connaît et qui roule tout seul le trois-quatre et c'est parti.
Journaliste
Le trois-quatre et c'est parti, qu'on aille pas s'y méprendre, Boulez sait faire et magistralement.
(Musique)
Pierre Boulez
Mais ici vous allez la rendre non conventionnelle, parce que vous pouvez remuer ces boutons.
(Musique)
Journaliste
Mais ce qui lui a toujours plu à lui, c'est d'être de son temps, et de faire une musique qui prend le risque de n'être justement que de son temps. C'est là son courage, son côté aventurier.
Pierre Boulez
Pour moi, ce qui correspond à l'aventure, René Char disait : « comment vivre sans inconnu devant soi ». Il faut vraiment tout à fait le faire, moi je bouge pas, c'est vous qui bougez par rapport à moi.
Journaliste
Pierre Boulez à soixante-quinze ans demeure également un grand pédagogue. Un homme qui par son intelligence foudroyante a su orienter, accompagner cinq décennies de musiciens.
Pierre Boulez
Tant que et la santé et la vigueur et le pouvoir me restera de faire quelque chose, eh bien je préfère disons continuer mon activité et penser dans le futur plutôt que de réfléchir à tout ce qui s'est passé pendant une cinquantaine d'années.
Journaliste
Et lui qui fut fêté, décoré, honoré, comme aucun compositeur, refuse toujours de se retourner, vers le passé, là où les gloires se figent ou se transmutent.