1960-1968 : Le cinéma gagne en légitimité, et s'ouvre à de nouveaux horizons
Le Festival, témoin de son temps
Si la décennie 1950 s'achève par le couronnement des Quatre Cents Coups, le Festival n'encourage pas particulièrement les auteurs de la Nouvelle Vague. Les cinéastes Jean-Luc Godard, Claude Chabrol et Eric Rohmer ont longtemps été ignorés par le comité de sélection. Pourtant, le Festival n'est pas imperméable à la nouveauté. En 1960, La Dolce Vita, oeuvre très novatrice de Fellini, crée la polémique. Sur l'insistance forcenée de Georges Simenon, Président du Jury, le film remporte la Palme d'Or. A cette occasion, un nouveau personnage d'importance fait son entrée sur la Croisette. Il s'appelle Paparazzo, c'est un photographe indiscret qui donnera son nom à tout un pan de sa profession. Le Festival devient un témoin privilégié de l'évolution des préoccupations dans les années 1960. En 1961, deux films sont très controversés : Viridiana de Luis Bunuel et Mère Jeanne des Anges de Jerzy Kawalerowicz. Le clergé de Varsovie a entamé une procédure contre ce dernier, pour atteinte à la dignité de l'Eglise. Le jury, présidé par Jean Giono, décernera la Palme d'Or au film espagnol et le Prix spécial du jury au film polonais. En 1966, La Religieuse de Jacques Rivette est interdit par la censure. Le film est néanmoins sélectionné à Cannes, audace saluée par André Malraux, alors ministre de la Culture.
Ouverture au monde et à la jeunesse
Progressivement, le Festival de Cannes s'ouvre aux cinémas du monde : Chine, Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Hongrie, Brésil, ils sont tous présents au palmarès, et particulièrement le Japon avec les films de samouraïs, qui remportent quatre Prix spéciaux du jury entre 1960 et 1965. La jeunesse n'est pas en reste, avec la création en 1962 par l'Association de la Critique de Cinéma, de la Semaine de la Critique, une section parallèle qui présente des premiers ou deuxièmes films. Le public applaudit à cette occasion le premier long-métrage de Bertrand Blier, Hitler, connais pas .
Un jury en évolution
En 1964, pour la première fois, le Président du jury n'est pas un académicien mais un cinéaste. Il s'agit de Fritz Lang. Depuis sa création, les hommes de lettres se sont succédé au jury du Festival : André Maurois, Marcel Achard, Marcel Pagnol, Maurice Genevoix, Jean Giono et bien d'autres. Qualifié à ses débuts d'art mineur, le cinéma a besoin d'une légitimité qui lui est d'abord donnée par les instances intellectuelles et culturelles reconnues, comme l'Académie Française. Par la suite, le 7ème art s'émancipe progressivement et les jurés sont de plus en plus souvent issus du monde du cinéma. En 1965, l'actrice Olivia de Havilland est la première femme Présidente du jury, suivie l'année suivante par Sofia Loren.
Les événements de 1968
Le Festival est désormais un rendez-vous reconnu du public et des professionnels du cinéma. Mais en mai 1968, au moment où à Paris, les étudiants construisent des barricades, il est à nouveau mis en danger. L'ambiance à Cannes est électrique, surtout parmi les jeunes cinéastes. " Tout ce qui est un peu digne ou important est arrêté en France. Je propose que nous arrêtions Cannes pour réunir les états généraux du cinéma français ! ", lance François Truffaut. Les jurés démissionnent les uns après les autres : Louis Malle, puis Monica Vitti et Roman Polanski. Les débats et les grèves qui paralysent le Palais s'enveniment. Le 18 mai, à l'apogée de la contestation, Carlos Saura et Géraldine Chaplin empêchent la projection de leur film Peppermint frappé en se suspendant aux rideaux. Le 19 mai, Le président du Festival Robert Favre Le Bret met un terme à cette édition pour éviter d'autres dérapages.
Festival de Cannes, Mai 1968
La fièvre contestataire touche le Festival de Cannes, en mai 68. Jean-Luc Godard, Roman Polanski, François Truffaut et Louis Malle mènent des débats passionnés, enfermés dans le Palais des Festivals, pour répondre à la question : faut-il arrêter le festival ?
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