Les chemins politiques, de Brazzaville à la Communauté (1944-1958)
De la conférence de Brazzaville (1944) à la Loi-Cadre (1956)
Alors même que la Seconde Guerre mondiale n'est pas encore terminée, il apparaît de plus en plus clairement aux dirigeants de la France Libre que les populations et les territoires de l'empire colonial, qui ont joué un rôle important dans le conflit, aspirent à des changements dans les relations qui les unissent à la métropole. Le ralliement de l'AEF au camp gaulliste dès 1940, le basculement de l'AOF en 1942, l'installation des principaux représentants de la France Libre à Alger, etc. - tout concourt à ce que la donne soit modifiée.
Le 30 janvier 1944, dans la grande tradition des conférences impériales d'avant-guerre, de Gaulle réunit à Brazzaville, au Congo français, 21 gouverneurs des colonies d'Afrique et de Madagascar, 6 observateurs venus d'Afrique du nord et 9 membres de l'Assemblée consultative formée à Alger autour du Comité français de Libération nationale (CFLN). De Gaulle lui-même y assiste, ainsi que René Pleven, commissaire aux Colonies au sein du CFLN. Aucune personnalité africaine n'a été invitée. La conférence a pour objectif premier de réaffirmer, notamment face aux Américains, la mainmise du camp gaulliste sur l'empire colonial. Le discours inaugural du général de Gaulle produit cependant un effet inattendu : celui d'apparaître comme un discours-programme qui trace les évolutions futures des colonies françaises d'Afrique. Alors même que de Gaulle n'a pas de conviction émancipatrice forte en 1944 et que le discours reste teinté d'un fort conservatisme colonial, certaines paroles prononcées résonnent comme des promesses aux oreilles les élites colonisées : affirmation de la nécessité de poser de « nouvelles bases » pour la mise en valeur et le « progrès humain » des populations, exaltation d'une « volonté ardente et [d'une] pratique du renouveau ». Le général évoque enfin l'idée qu'un jour prochain, mais à une échéance non précisée, les Africains seront « capables de participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires ».
L'avenir de l'Afrique française au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : des lendemains qui chantent ?
En août 1940, l'Afrique Equatoriale Française et le Cameroun se rallient à la France libre. Pendant deux années les Français vont transformer ce territoire et en faire une région riche, puissante et fertile, prête à collaborer à l'effort de guerre. Ce documentaire raconte cette épopée à travers un commentaire épique et des images filmées pendant les années de guerre.
Si les « promesses » de la Conférence de Brazzaville n'offrent au départ que des perspectives bien vagues, le nouveau cadre posé en 1946, par la Constitution de la IVe République - alors même que de Gaulle n'est plus au pouvoir - marque des évolutions politiques marquantes pour ce que l'on appelle désormais la France d'outre-mer. L'empire est, tout comme avant-guerre, mis en scène dans une démonstration de la puissance de la France, de son déploiement sur tous les continents et de la loyauté de ses millions de sujets. Dans le même ordre d'esprit, le 14 juillet 1954, le président Coty reçoit à l'Élysée, en grande pompe, quatre-vingt-onze dignitaires, « chefs » et « souverains » divers et variés - dont les vêtements bigarrés font la joie des reporters de la télévision publique – ainsi que des élus d'outre-mer siégeant à Paris soit à l'Assemblée nationale, au Sénat ou à l'Assemblée de l'Union française.
La Constitution de 1946 a en effet défini un nouvel ensemble, l'Union française, qui regroupe, dans un ensemble un peu disparate, la France métropolitaine, les départements et territoires d'outre-mer, mais aussi des territoires et États associés (protectorats, territoires sous mandat de l'ONU).
Les articles 63 à 66 définissent différentes institutions :
- Une Assemblée de l'Union française qui siège au palais d'Iéna, à Paris. Elle a un rôle purement consultatif.
- Dans chaque territoire d'outre-mer est instituée une assemblée territoriale
- Un Haut Conseil de l'Union française, à vocation consultative, est censé chapeauter le tout. Il n'a en réalité pas siégé avant 1949 et n'a joué aucun rôle important par la suite.
- Enfin, à partir de 1947, les fédérations d'AOF et d'AEF se voient dotées chacune d'un Grand Conseil, chargé de la discussion et du vote du budget fédéral.
Les compétences de ces assemblées sont relativement limitées au départ. Par ailleurs, l'ensemble des composantes des territoires de la « France d'outre-mer » envoient des députés à l'Assemblée nationale à l'occasion d'élections législatives (pour lesquelles est maintenu le principe du double collège électoral en Algérie et dans la plupart des territoires de l'Afrique française). La distinction entre « citoyens » et « sujets » a pourtant été abolie par la loi Lamine Guèye du 7 mai 1946. Or, dans le nouveau cadre institutionnel et politique, la désignation des représentants des colonies se fait par un double collège d'électeurs, les deux collèges électoraux étant institués sous prétexte de représenter « les diverses parties de la population » (c'est-à-dire préserver les intérêts des Européens). Il s'agit de fait d'une entorse au principe de l'égalité républicaine entre tous les citoyens. Le suffrage n'est donc universel que sur le papier : sa mise en œuvre en Afrique subsaharienne est longtemps entravée par tout un ensemble de dispositions limitatives : exigence d'un niveau d'instruction minimum, limitation de l'accès au scrutin des femmes, système double collège Européens/« indigènes », etc.
Une visite guidée du palais d'Iéna, siège de l'Assemblée de l'Union française
Créée par la Constitution de la IVe République, l'Union française a remplacé l'Empire colonial français en 1946. Ce reportage met en scène une séance de l'Assemblée de l'Union française, qui se tient dans le Palais d'Iéna, avenue du Président Wilson, à Paris.
Réunion du Grand Conseil de l'Afrique Occidentale Française [muet]
Le reportage muet des Actualités françaises présente l'arrivée du Haut-commissaire de l'AOF Paul Béchard puis l'ouverture d'une session du Grand Conseil de l'AOF en 1950, avec la présence de son président, le député Lamine Guèye, et des conseillers des territoires de la fédération.
Imaginer que la France a généreusement octroyé, d'en-haut et unilatéralement, cet élargissement démocratique serait un leurre. Une génération d'acteurs, sur le terrain, combat sur le plan politique. Une floraison de partis peut être observée dans l'immédiat après-guerre (création du RDA en 1946, par exemple, qui fédère de nombreuses formations en AOF et en AEF), tandis qu'émergent des leaders de premier plan : Félix Houphouët-Boigny, Léopold Sédar Senghor, Fily Dabo Sissoko, Modibo Keïta, Mamadou Dia, Léon Mba, etc. Les autorités coloniales ne s'y trompent pas, d'ailleurs, et mettent tous leurs pouvoirs dans la balance pour entraver les processus électoraux jusqu'au milieu des années 1950. Les pressions administratives pèsent lourdement lors des premières campagnes électorales organisées à partir de 1946. Le RDA, apparenté au PCF jusqu'en 1950, fait d'ailleurs particulièrement les frais de cette surveillance étroite et plusieurs de ses militants sont à plusieurs reprises arrêtés.
Le congrès du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) à Bamako [muet]
[Document muet] À Bamako, au Soudan français, se tient en septembre 1957 le 3e congrès du RDA ( Rassemblement Démocratique Africain) : images de la vie quotidienne à Bamako autour du fleuve Niger, sur un marché, images de danses traditionnelles. Puis plans de la réunion avec, en particulier, un plan du représentant du Sénégal et de Haute-Volta.
La conférence de Brazzaville a en effet suscité des espoirs de changement politique et la création de partis nationalistes et indépendantistes, comme le Mouvement démocratique de la rénovation malgache en 1946. Mais les frustrations face à la timidité des évolutions gagnent Madagascar au fil des campagnes électorales. L'émeute du 29 mars 1947 se transforme en une insurrection massive, à laquelle les autorités coloniales répondent par une répression brutale, et une « pacification » des zones soulevées qui dure jusqu'en décembre 1948. Le bilan de cette révolte qui gagne les zones rurales de la Grande Île est d'ailleurs, aujourd'hui encore, sujet à controverse.
1956, année de la mise en place de la loi-cadre Defferre, marque un tournant décisif et modifie spectaculairement la donne en ouvrant le jeu politique et en permettant une « africanisation des cadres » dans tous les services administratifs des territoires. Le nouveau texte permet en effet une décentralisation des pouvoirs de la métropole vers les territoires, ainsi que des mesures de déconcentration administrative accompagnant l'extension des compétences des assemblées territoriales. Mais surtout, il prévoit pour l'ensemble des scrutins un suffrage désormais véritablement universel - avec un collège unique d'électeurs -, ainsi que des conseils de gouvernement composés de ministres désignés par les assemblées territoriales et présidés par un représentant de la République française, accompagné d'un vice-président africain. Par ailleurs, les territoires sous mandat, le Togo et le Cameroun, obtiennent en 1956 leur autonomie interne.
La Loi-cadre Defferre de 1956
Gaston Defferre, ministre de l'Outre mer dans le gouvernement Mollet, est venu présenter sa loi-cadre modifiant les institutions de l'Union française et le mode électoral en Afrique Occidentale française et Equatoriale française ; il répond aux questions d'étudiants de Sciences-Po.
Il faut replacer l'adoption de la loi-cadre Defferre dans son contexte général et ne pas la considérer comme un don unilatéral et désintéressé de la France à ses colonies. Sa promulgation procède à la fois du contexte colonial général (échec en Indochine, début de l'enlisement en Algérie) et des rapports de force sur le terrain syndical et politique qui appellent des réaménagements urgents, et contrôlés, des relations entre puissance colonisatrices et colonies africaines. En 1956, le gouvernement français pense ainsi avoir répondu aux frustrations et avoir jugulé les tensions en Afrique subsaharienne. Mais le répit est finalement de courte durée et dès 1958, une nouvelle étape institutionnelle et politique est franchie.
Le processus de décolonisation des territoires sous mandat de l'ONU : le cas du Cameroun et du Togo
Gaston Defferre explique à une étudiante pourquoi des élections vont se tenir au Cameroun, territoire sous mandat français qui prend son autonomie dans la foulée de la loi-cadre. Pierre Corval revient sur une interview accordée par les 2 représentants du Togo autonome, Nicolas Grunitzky, président, et Robert Ajavon, président de l'Assemblée.
Installation d'un gouvernement autonome au Cameroun
Conformément à loi-cadre Defferre votée l'année précédente pour l'AOF, le Cameroun évolue en avril 1957 vers l'autonomie grâce à l'élection d'une assemblée locale élue au suffrage universel et d'un conseil de gouvernement responsable devant elle.
L'évolution politique vers les indépendances : la Communauté française (1958-1960)
Face à la crise nationale sur la question de la guerre d'Algérie, de Gaulle est appelé à former un gouvernement par le président de la République Coty. Il est investi les 1er et 2 juin 1958 des pleins pouvoirs par l'Assemblée nationale, avec pour mission de préparer une nouvelle constitution. Le Général entend renforcer la crédibilité de la France sur les questions coloniales à partir d'un terrain symbolique depuis 1940 : l'Afrique.
Les institutions de la IVe République doivent être liquidées et le système parlementaire de l'Union française est supprimé. Le projet constitutionnel prévoit la mise en place d'un nouvel ensemble, la Communauté française, avec une autonomie complète des territoires qui choisiront de devenir des États membres. Mais le texte élaboré sous la direction du ministre de la Justice Michel Debré suscite de nombreuses confrontations. La querelle fédérale oppose le Rassemblement démocratique africain (RDA) et son leader Houphouët-Boigny au nouveau Parti du Rassemblement Africain (PRA) et son chef de file Senghor. Alors que les premiers sont favorables à un accès à l'indépendance au niveau de chaque territoire devenant État-nation dans le cadre d'une fédération franco-africaine (thèses fédérales), les seconds s'opposent à la « balkanisation » et militent pour une émancipation à l'échelle de fédérations primaires plus fortes et formant à leur tour une confédération avec la France (thèses confédérales). Plus encore, le premier avant-projet ne mentionne pas le droit à l'autodétermination des territoires qui accepteront d'entrer dans la Communauté, ce qui est revendiqué tant par le RDA que le PRA. Le ministre Houphouët-Boigny parvient à convaincre de Gaulle de l'inscrire et ce dernier réalise en août un voyage en Afrique et à Madagascar pour expliquer et faire adhérer les populations à son projet.
Lors de ce périple, de Gaulle a fixé le choix offert par référendum : l'intégration dans la Communauté et le droit à une indépendance accompagnée ou en cas de refus, l'indépendance immédiate, c'est-à-dire la sécession. Après une intense campagne en faveur de la Communauté, les résultats marquent une large victoire du oui, sauf en Guinée.
Le référendum de 1958 en AOF [muet]
[Document muet] Le journal télévisé présente des images du référendum qui se déroule le 28 septembre 1958 à Dakar et à Casablanca, avec une intense propagande gaulliste pour le « oui » à la constitution de la Ve République et à la création de la Communauté française.
Les résultats du référendum du 28 septembre 1958 en Afrique
Lors de la soirée spéciale référendum sur la Constitution de la Ve République, un journaliste commente les résultats de vote en Afrique subsaharienne (AEF et AOF), en soulignant le cas particulier de la Guinée, puis il explique les statuts de la future Communauté française.
Les territoires qui ont voté favorablement choisissent dans leur très grande majorité de devenir des États-membres de cette Communauté (à l'exception de la Côte française des Somalis et des Comores qui préfèrent conserver leur statut de territoire d'outre-mer). Ce sont douze républiques africaines et malgache qui sont créées entre septembre et décembre 1958, tandis que les territoires sous tutelle de l'ONU (Cameroun et Togo) obtiennent parallèlement d'accéder à l'indépendance en 1960. Le Commonwealth britannique apparaît alors aux yeux de beaucoup comme un modèle souple et pérenne.
Les institutions de la Communauté sont créées, notamment les conseils exécutifs qui rassemblent les gouvernements français et africains pour fixer le processus vers l'émancipation totale. Le calendrier s'accélère en décembre 1959, lorsque la Fédération du Mali (Sénégal, Soudan) demande officiellement son indépendance et entraîne les autres républiques dans son sillage. Les États africains et malgache accèdent dès lors à l'indépendance tout au long de l'année 1960 et sortent dans le même temps de la communauté, conformément aux dispositions constitutionnelles. Des manifestations symboliques – comme la création des Jeux de la Communauté, sur le modèle des Jeux du Commonwealth britannique – mettent en scène l'union et l'amitié qui unit la France à l'outre-mer.
Le VIe conseil exécutif de la Communauté (partie 1 : rencontre officielle)
Le service cinématographique présente l'ouverture du VIe conseil exécutif de la Communauté à Saint-Louis du Sénégal le 11 décembre 1959 et la rencontre des chefs de gouvernement des États membres autour du président de la République française et de la Communauté, le général de Gaulle.
Le VIe conseil exécutif de la Communauté (partie 2 : fêtes et jeux)
Le service cinématographique présente les cérémonies sportives et les spectacles de danse et de musique qui accompagnent la rencontre officielle des chefs de gouvernement des États membres de la Communauté lors du VIe conseil exécutif des 11 et 12 décembre 1959 à Saint-Louis du Sénégal. Ces festivités sont destinées à célébrer l'amitié et le lien entre les États membres du grand ensemble franco-africain.
Les premiers (et derniers) Jeux de la Communauté, Madagascar, avril 1960 (1ère partie)
Les jeux de la communauté, séquence 1. Présentation des jeux à Madagascar, images des athlètes de tous les pays de la communauté dans les marchés, rencontres et amitiés, puis entrée au stade et discours officiels.
Dès septembre 1959, le général de Gaulle avait publiquement pris acte de la possibilité pour tout État membre d'accéder à l'indépendance et donc de la nécessaire évolution de la Communauté franco-africaine.
Conférence de presse du 10 novembre 1959 du général de Gaulle sur la décolonisation
Alors que certains États membres de la communauté française manifestent leur volonté d'accéder à l'indépendance, le général de Gaulle présente dans la conférence de presse du 10 novembre 1959 la politique de décolonisation qu'il entend conduire en Afrique et à Madagascar.
En fondant sa politique de décolonisation sur le réalisme, de Gaulle entend maintenir la communauté franco-africaine dans un cadre rénové et informel. Dans ce grand ensemble élargi au Togo et au Cameroun, la France apporte son aide au développement et à la sécurité des États indépendants en contrepartie de leur appui à son rayonnement international, ce qui est dénoncé comme une politique néocolonialiste par les pays communistes et du groupe afro-asiatique.
Divers accords de coopération, dont les plus essentiels concernent le domaine militaire, sont scellés au moment des indépendances. La formation des troupes africaines est d'ailleurs une vieille tradition ancienne en Afrique subsaharienne et les dernières années de la colonisation ont contribué à faire émerger une génération d'officiers et de sous-officiers « indigènes » qui formeront les cadres des forces armées des jeunes États.
Les accords bilatéraux contribuent à sceller les liens entre ex-territoires et ex-métropole. Ils tissent par-delà les indépendances un réseau de relations privilégiées et d'échanges de bons procédés, au sein d'un espace décolonisé qui apparaît de plus en plus clairement comme le « pré-carré » de la France.
Escadre de l'Atlantique, escadre de la Communauté ?
L'escadre de l'Atlantique, comportant notamment les escorteurs Chateaurenault et Chevalier Paul ainsi que le croiseur Colbert et le porte-avions La Fayette, fait escale dans le port de Dakar, au Sénégal. Tandis que certains marins permissionnaires descendent à terre pour visiter la ville, d'autres restent à bord et font visiter les bâtiments aux curieux. Cet échange illustre la teneur du commentaire, véritable manifeste pour la Communauté, créée en 1958 à l'initiative du général de Gaulle : ainsi l'escadre de l'Atlantique "représente l'escadre de la Communauté", elle est "l'escadre de l'amitié entre le peuple de métropole et les peuples africains qui ont lié leur avenir à celui de la France". Symboliquement, le reportage se termine sur le drapeau français et celui de la Communauté réunis dans le même plan.
Discours du 14 juin 1960 du général de Gaulle sur l'évolution vers l'indépendance des TOM
Le 14 juin 1960, le général de Gaulle s'adresse au peuple français pour dresser le bilan de son action depuis son accès au pouvoir en juin 1958. L'extrait présente deux des trois questions fondamentales abordées : la politique économique et sociale engagée pour le redressement national et la transformation de la communauté française avec l'accès à l'indépendance des États africains et malgache qui la composent.
Conférence de presse du général de Gaulle du 5 septembre 1960
Lors de la conférence de presse du 5 septembre 1960, le général de Gaulle expose longuement sa position sur la politique française de décolonisation menée en Afrique noire, qui est dénoncée par les pays du bloc communiste et du groupe afro-asiatique comme une politique néocoloniale. Il évoque également la crise congolaise où se cristallise la guerre froide en Afrique.
En 1962, lorsque l'ORTF propose une édition spéciale sur le bilan de la décolonisation, c'est un discours dépassionné qui est proposé à l'opinion publique, qui met en avant l'inéluctabilité du processus et son universalité, tout en soulignant la clairvoyance dont ont su faire preuve les métropoles durant cette délicate transition. L'avenir économique du continent est présenté sous un jour radieux - ce qui est d'ailleurs dans la parfaite continuité des discours des années 1950. C'est pourtant cette même année 1962 que paraît l'ouvrage de René Dumont, L'Afrique Noire est mal partie, dont les analyses critiques mettent à mal une certaine vision triomphante de la période coloniale.