Le nettoyage des plages landaises se fera désormais toute l'année
Notice
Financé par le Conseil général des Landes, en collaboration avec les quinze communes du littoral, un service de nettoyage des 106 kilomètres de plages landaises, actif tout au long de l'année, vient d'être mis en place.
Éclairage
L'économie des Landes appartient toujours en grande partie au secteur primaire. La sylviculture intéresse tout le nord du département tandis que l'agriculture - maïsiculture en particulier - et la vigne caractérisent les autres terroirs aux sols plus féconds. L'élevage (canard gras et bœuf de Chalosse) occupent le second volet des ressources traditionnelles. De cette production émanent les industries de transformation - conserveries notamment - qui pèsent lourd dans le bilan total des activités rurales. Les deux principales villes, Mont-de-Marsan et Dax offrent, quant à elles, des emplois principalement tertiaires, entre administration et thermalisme.
Reste la côte, résolument tournée vers le tourisme qui apparaît, dès le début du XXe siècle, se démocratise avec l'établissement des congés payés en 1936 et se développe considérablement, dans les années 1970, lors des aménagements opérés par la MIACA ; de Sanguinet à Ondres, les 15 communes littorales se transforment alors radicalement, décuplant leur population durant la saison estivale. Autant dire l'importance de la qualité de l'environnement dans ce secteur où l'essentiel des revenus dépend de la fréquentation touristique.
Surveiller la qualité de l'eau et des plages est donc un souci constant pour les municipalités qui, face à l'affluence des touristes et à la concurrence, se doivent d'offrir un environnement parfait. Si, jusqu'en 1991, le nettoyage du littoral pouvait être occasionnel, c'est-à-dire se limiter à la haute saison, l'évolution de la situation environnementale et l'augmentation constante des déchets rejetés par la mer exigent désormais un entretien plus attentif et plus régulier de ce qui constitue la richesse des communes de la côte aquitaine. Des moyens nouveaux sont, de ce fait, nécessaires et, bien que le secteur soit encore, pour quelque temps, épargné par les grandes marées noires qui ont affecté les régions plus septentrionales lors du naufrage du Torrey Canyon en 1967, l'épisode des fûts toxiques, échoués sur le littoral de la Côte d'Argent en 1983 (voir Les plages de la Côte Aquitaine envahies par des fûts de produits chimiques), a appris aux Landais à travailler en synergie. Ainsi, le Conseil général s'implique-t-il désormais dans la lutte contre les pollutions, venant en aide à des communes aux ressources aléatoires et très disparates.
Les opérations de nettoyage, dorénavant pérennes, ne peuvent donc s'effectuer qu'avec le soutien logistique d'une entité supracommunale, mettant en œuvre des moyens conséquents et fournissant un matériel adapté. C'est le rôle du Conseil général seul capable, grâce aux moyens qu'il peut déployer, d'avoir une vision synoptique de la situation à cette échelle. C'est lui qui coordonne, décide des moyens à mettre en œuvre et, appuyé par un personnel qualifié [1], adopte la stratégie ad hoc ; au pied de la zone dunaire, le mot d'ordre est donc ici de nettoyer en respectant un milieu naturel très fragile et sous haute surveillance.
La nécessité de cette politique se lit tout simplement dans les chiffres fournis par Mont-de-Marsan depuis la décision, en 1991, d'intervenir toute l'année en opérant des nettoyages constants qui satisfassent également les populations locales qui, elles aussi, profitent de la plage hors saison.
À raison d'un nettoyage bihebdomadaire en période estivale et hebdomadaire en hiver, le volume collecté relevé durant l'année 2000 s'élève à 15 450 m3 (3780 m3 de bois et 11 670 m3 de tout-venant) passant à 12 075 m3 (4350 m3 de bois et 7725 m3 de tout-venant) [2] en 2007. L'ensemble du volume des laisses a donc tendance à diminuer, une dizaine d'années après la mise en place de cette nouvelle stratégie, avec une baisse sensible du "tout-venant" constitué essentiellement de déchets en plastique issus de décharges non contrôlées et drainées par les rivières, tandis que les proportions de bois mort augmentent, pouvant indiquer une érosion de plus en plus importante des berges fluviales.
Ces indications pourraient donc permettre de penser que la situation a évolué plutôt favorablement, sur le plan de l'écologie, avec la prise de conscience des Espagnols de la gravité de la situation, suite à l'effondrement dans l'Océan d'une décharge sauvage en octobre 1996. Mais la lecture fine des données intermédiaires tempèrent cette première impression et les associations diverses de protection de l'Environnement, de la convention OSPAR [3] aux Amis de la Terre, rappellent que le problème initial se trouve dans la mer et que les pollutions "terrestres" n'en sont qu'une conséquence, constituant seulement "la face visible de la pollution".
Les prérogatives du Conseil général s'arrêtent donc à la laisse de basse mer, ouverte sur l'immense domaine aquatique difficilement gérable car international.
[1] Hommes de terrain, pompiers et militaires habitués à intervenir dans des situations spécifiques, mais aussi organismes spécialisés dans la préservation des milieu naturels comme la SEPANSO (France Nature Environnement Aquitaine) ou le Conservatoire du Littoral
[2] 100 m3 de déchets de tous ordres équivalent à 20 tonnes
[3] Convention Oslo / Paris pour la protection de l'Environnement marin de l'Atlantique du Nord-Est