Visite guidée de Pomarez
Notice
Francis Darmaillac nous propose une visite guidée de Pomarez, village de Chalosse, niché à la limite des Landes et du Béarn ; un parcours à travers le patrimoine architectural de la ville qui nous mène des anciens vestiges gallo-romains à l'église Notre-Dame-de-l'Assomption en passant par la tour du XIIe siècle, dernier vestige de l'ancienne forteresse anglaise, et se termine par la présentation des fameuses arènes couvertes que l'on surnomme ici la "Mecque" de Pomarez.
Éclairage
Pomarez (Sancta Maria de Pomarers aux XIe-XIIe siècles ; de Pomareto en 1289) doit son nom au pommier mais ce ne sont plus les vergers qui assurent aujourd'hui sa réputation. [1] Ce vieux castrum ou camp fortifié [2], aux confins des terres des Beharnenses et des Tarbelli, surveille depuis bien longtemps la petite marche frontière constituée par les gèrts de Tilh, de Mouscardès et d'Estibeaux. Or, ces gèrts ou landes de parcours sont jalonnés de tumulus datant parfois de l'âge du Bronze, prouvant l'ancienneté d'une économie pastorale toujours dominante aujourd'hui. [3]
Terre d'agriculture, la Chalosse pérennise aussi une très ancienne tradition d'élevage de vaches. Elles sont destinées à des jeux. Ces manifestations, à la suite de mesures préfectorales prises au lendemain de la Révolution, se déroulent dans un espace sécurisé. Puis, au début du XXe siècle, abandonnant les grandes places fermées par des barricades, on érige des arènes, plus ou moins imposantes, selon les moyens de la commune. Et c'est l'affaire de tous [4]. Les unes accueillent des courses espagnoles (corridas de toros), les autres restent toujours dévolues aux plus pacifiques corrudas [5] comme à Pomarez, "La Mecque de la course landaise", devenu l'emblème de ce sport si particulier, si gascon.
C'est Joseph Diris, dit Jean de Lahourtique (1870-1931) et lui-même surnommé "l'apôtre de la course landaise", qui invente, dans l'une de ses chroniques de "La Tuile" [6] cette expression qui fait vite florès. Ainsi n'est-il pas rare, encore aujourd'hui, de lire, dans les articles spécialisés, qu'une manifestation a lieu à "La Mecque"... Une sacralisation, en quelque sorte. Une source d'étonnement aussi pour qui n'est pas averti des avatars toponymiques du petit bourg chalossais bien connu également des archéologues et des numismates.
Car si l'historien local a bien raison d'insister sur le patrimoine architectural annonçant le Béarn voisin, il est étonnant qu'il ne fasse pas mention du très intéressant trésor monétaire trouvé dans la commune en 1892 : "Un trésor de 380 pièces d'argent contenues dans un pot de terre brisé, comparables aux monnaies "tarusates" d'Eyres-Moncube... mal frappées et détériorées, qui pesaient en moyenne 3,25 grammes... datables du IIe siècle avant J.-C., représentant certainement un état primitif de la circulation monétaire dans l'Aquitaine préromaine" [7].
Un témoignage exceptionnel pour contribuer à une meilleure connaissance de l'histoire de la région, un bel héritage pour ce bourg dynamique, riche de quelque 25 associations qui rendent compte de la vitalité d'une population largement tournée vers les sports d'équipe (rugby, basket) et la fête (Harmonie).
[1] BOYRIE-FENIE, Bénédicte, Dictionnaire toponymique des communes des Landes et du Bas-Adour, Pau : éditions Cairn / In'Oc, 2005, 285 pages.
[2] C'est le latin castrum qui est à l'origine du mot gascon crasta couramment au sens de "fossé". Dompnier de Sauviac écrit, en 1873, qu'il existe à Pomarez, "sur un plateau dominant la plaine, le site d'un castrum mesurant 168 m de longueur sur 100 m de largeur". La monographie paroissiale de 1888 mentionne, de son côté, l'existence de "deux camps retranchés avec des terrassements élevés, le grand et le petit Castéra, à l'extrémité du bourg" quand Gabrielle Fabre parle, en 1952, d'oppidum.
[3] CARDAILLAC, Xavier (de), Essai sur les tumulus de la traînée glaciare de Lourdes à Dax, éditions P.H. Labeque, Dax, 1926, 81 pages.
[4] À Bascons, par exemple, l'édifice conçu par l'architecte Franck Bonnafous, en 1936, semble avoir mobilisé toutes les énergies, la chronique rappelant que la maîtresse d'école a fait des articles, le maire a porté les planches et le curé a peint (" La rejenta qu'a hèit articles, lo maire qu'a portat planchas e lo curé qu'a pintrat [sic] ".
[5] Mot gascon signifiant "course, action de courir", devant une vache en l'occurrence.
[6] Dénomination familière d'un journal spécialisé dans la course landaise arborant une couverture rouge tuile.
[7] BOYRIE-FENIE, Bénédicte, Carte archéologique des Landes, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Ministère de la Culture et de la francophonie, Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, 1995, 192 pages.