La chapelle mérovingienne Saint-Céneré de Saulges
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Résumé
Maryvonne Gouzerh nous conte l'histoire de la chapelle Saint-Céneré que la caméra montre dans le moindre détail. Architecture, fresques et statues sont ainsi mises en valeur, résultat de la restauration que Guy Ramard a contribué à faire, à la grande satisfaction du maire de Saulges, Claude Hamel. Ils sont tous deux interviewés.
Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
12 déc. 1970
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Contexte historique
ParDirecteur des archives départementales de la Mayenne
Publication : 01 sept. 2021
L’histoire du christianisme à l’époque mérovingienne, de 475 à 750 environ, est peu documentée : les sources sont rares et leur fiabilité parfois mise en doute. Il s’agit pourtant d’une période décisive dans les campagnes gallo-franques, où la religion chrétienne supplante progressivement les rites païens antérieurs, selon une géographie et des modalités variables. Ainsi, pour vérifier les affirmations des historiens de l’époque ou combler les silences des archives, l’archéologie s’avère une précieuse alliée. La chapelle Saint-Pierre de Saulges en est une illustration et c’est pourquoi, après l’achèvement d’une importante phase de restauration, elle bénéficie de l’attention de Maryvonne Gouzerh.
Cette dernière débute sa carrière à l’ORTF en 1964 ; elle est la première speakerine de la télévision régionale, avant de devenir journaliste. Ce reportage est diffusé à la fin de l’année 1970 dans l’édition Maine Anjou Touraine Perche du journal télévisé régional de la Première chaîne. D’une durée de 8 minutes, il alterne des témoignages du maire de Saulges Claude Hamel en extérieur, des témoignages de l’avocat et érudit lavallois Guy Ramard en intérieur, et des vues variées de la chapelle, tant en plans larges qu’en détail. Ces images sont accompagnées d’un habillage sonore : Trois petites liturgies de la présence divine d’Olivier Messiaen, compositeur français contemporain. Son œuvre est marquée par l’influence du chant grégorien, représentatif de la spiritualité de l’An Mil, et des musiques du monde. La puissance évocatrice du sujet tient au pittoresque des personnages qui l’habitent, à la simplicité frappante des lieux et à la détermination des auteurs de la restauration.
Selon les textes du VIIIe siècle compilés par Mabillon en 1680 et réétudiés par l’abbé Angot vers 1900, l’histoire commence à l’époque mérovingienne. Vers 650, deux religieux italiens qui sont aussi frères, Céneré (ou Ceneré selon Angot) et Céneri, viennent s’installer en ermites dans une grotte des environs de Saulges pour évangéliser cette partie peu christianisée de l’évêché du Mans. Après quelque temps, Céneri quitte les lieux en direction de Sées, aujourd’hui dans l’Orne ; il est fêté le 7 mai. Céneré demeure à Saulges où ses dons de guérisseur et la présence d’une source qu’il aurait fait miraculeusement jaillir concourent à sa réputation ; il est fêté le 7 mai avec son frère mais également le 21 juillet.
Un siècle plus tard environ, au début de l’époque carolingienne, l’évêque du Mans Gauziolène est impopulaire : il est le frère cadet du comte du Mans Hervé et son élection est entachée d’irrégularité. Il est alors possible pour un évêque, lorsqu’il est en difficulté dans une partie de son diocèse, de nommer un « chorévèque », c’est-à-dire un vicaire exerçant les fonctions épiscopales dans cette région. Gauziolène choisit donc un prêtre d’Évron, Mérolle, comme chorévèque de Saulges pendant toute la décennie 760. Gauziolène étant mort en 770, Mérolle est choisi pour lui succéder de 772 à 785, date à laquelle il meurt à son tour.
À une date inconnue pendant cette période, une église paroissiale dédiée à saint Pierre est construite à Saulges sur l’emplacement d’un ancien cimetière mérovingien. Au XIe siècle, devenue trop petite, elle est remplacée par la nouvelle église paroissiale Notre-Dame, construite à quelques mètres de distance, et devient simple chapelle. Au XVe siècle, une nouvelle nef est adossée à la façade sud de l’église primitive Saint-Pierre : c’est la chapelle Saint-Céneré. En raison de la popularité locale de son vocable, elle supplante le nom de Saint-Pierre. Au milieu du XIXe siècle, un oratoire est construit à un kilomètre de là, au-dessus de la grotte de Céneré et Céneri, lieu d’un pèlerinage actif.
La campagne de restauration de la chapelle Saint-Pierre/Saint-Céneré conduite de 1958 à 1965 aux frais de Guy Ramard est décrite dans le reportage, notamment la méthode qui a consisté à vider l’édifice de son mobilier comme quand on mange un œuf à la coque
. Cette façon de faire ne serait très probablement plus admise un demi-siècle plus tard ; quoi qu’il en soit l’édifice est inscrit monument historique en 1984. L’abondante statuaire est détaillée dans le reportage et a été inscrite monument historique en 1990.
Outre cette église, saint Céneré a donné son nom à une commune près de Montsûrs et à une fontaine à Saint-Erblon près de Renazé ; son frère est honoré à Parigné-sur-Braye près de Mayenne et Saint-Céneri-le-Gérei dans l’Orne.
Bibliographie
Sur le diocèse du Mans et le chorévêché de Saulges
- Philippe Le Maître, « Évêques et moines dans le Maine : IVe-VIIIe siècles », Revue d'histoire de l'Église de France. La christianisation des pays entre Loire et Rhin (IVe-VIIe siècles), vol. 62, n° 168, 1976, p. 91-101.
Sur la vie des frères Céneré et Céneri
- Dom Geoffroy Henschen (société des Bollandistes), « De sancto Cerenico seu Serenico, diacono in Sagiensi Normanniæ dioecesi », Acta Sanctorum, Anvers, Michel Cnobbaert, 1680, t. Maii/II, 7 Maii, « Praefatio », col. 160c-162c, puis « Vita ex variis manuscriptis et editione Mabilloni », col. 162c-166a.
- Dom Jean-Baptiste du Sollier (société des Bollandistes), « De sancto Serenedo, confessore apud Cenomanos in Gallia », Anvers, Jacques Du Moulin, 1727, t. Julii/V, 21 Julii, « Commentarius prævius », col. 165a-166, puis « Vita », col. 166e-168d.
- Abbé Alphonse Angot, « Ceneré (saint) », Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900, t. I, p. 483-484.
- Dom Paul Piolin, Vie de Saint Sérené, protecteur du Maine et de l'Anjou, et le pélerinage de Saulges, Rennes, Nouvelliste de Bretagne, 1926.
Sur la chapelle Saint-Pierre de Saulges
- Dom Paul Piolin, Ex-voto monumental de l'église de Saulges, Paris, Julien, Lanier, Cosnard et compagnie, 1858.
- Albert Grosse Dupéron, Deux excursions au pays de Saulges : souvenirs d'un touriste, Mayenne, Poirier-Béalu, 1901.
- « Église Saint-Pierre », notice du monument historique sur la base Mérimée du ministère de la Culture, 1992, n° PA00109618, consultée le 9 mai 2021. Cette notice contient le lien vers la notice de chacun des douze objets mobiliers inscrits, neuf statues et trois tableaux.
- Nicolas Foisneau et Christian Davy, « Église Saint-Pierre, puis chapelle Saint-Céneré, actuellement chapelle Saint-Pierre », dossier de l’enquête commanditée par la Région Pays de la Loire et le Département de la Mayenne, 2006.
- « Historique », « Chapelle Saint-Pierre », « Intérieur », « Saint Martin de Tours », « Saint Céneré créant la source », « Le bienheureux Mérole », « Saint Bibien de Saintes » et « Église Notre-Dame », Le patrimoine des communes de la Mayenne, Paris, Flohic, 2002, t. 2, p. 773-776.
- Jean-René Ladurée, L’inscription lapidaire de la chapelle Saint-Pierre de Saulges : un trésor précarolingien ?, compte-rendu de la conférence donnée à la société d’Archéologie et d’histoire de la Mayenne le 28 avril 2018, consulté le 9 mai 2021.
Référence musicale du reportage
- Olivier Messaien, « 2e mouvement : Séquence du verbe, cantique divin », Trois petites liturgies de la présence divine, 1944 ; Ginette Martenot, Yvonne Loriod, la chorale Yvonne Gouverné et l’orchestre de la Société des concerts du Conservatoire, sous la direction de Roger Désormière, Paris, Salle du Conservatoire, 1945.
Transcription
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