L'Erve
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Résumé
A la découverte de l'Erve, rivière mayennaise qui coule au pied de Sainte-Suzanne, au cœur de l'hiver. Alors que l'historien Stéphane Lepage en retrace l'histoire économique, illustré par des plans de moulins et de défrichage des rives, le président du syndicat de bassin, passionné de pêche à la ligne, évoque la qualité de l'eau et ses craintes de pollution.
Date de publication du document :
01 nov. 2022
Date de diffusion :
13 janv. 1996
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Contexte historique
ParDirecteur des archives départementales de la Mayenne
4 minutes en flânant, c’est respectivement la durée de l’extrait et le titre de l’émission dans laquelle il a été diffusé, au tout début de l’année 1996. Cette émission, présentée par le célèbre journaliste et ancien présentateur du JT de TF1 Roger Gicquel (mort en 2010), prend cette fois la direction des Coëvrons, massif collinaire de l’ouest mayennais à la frontière avec la Sarthe. Le reportage est signé Aline Mortamet, journaliste entrée chez France 3 Rennes en 1994 et qui occupe depuis 2017 les fonctions de déléguée aux antennes et aux programmes de France 3 Auvergne Rhône-Alpes. Elle alterne ici images aériennes, vues paysagères et plans des personnes interviewées, tantôt statiques (cadrage poitrine) et tantôt en mouvement. La sonorisation laisse une place aux bruits de la nature puisque le clapotis de l’eau s’entend en surimpression des voix des personnes interviewées. La flânerie permet de découvrir à la fois la rivière Erve, les nombreuses activités qu’elle a permises et les mesures de protection dont elle bénéficie.
L’Erve prend sa source au sud des Coëvrons, près du bourg de Vimarcé (commune de Vimartin-sur-Orthe) en Mayenne mais, au terme des 72 km de son cours, elle se jette dans la Sarthe (rive droite), à Sablé-sur-Sarthe. Saint-Georges, Saint-Jean (commune de Blandouet-Saint-Jean) et Saint-Pierre-sur-Erve sont les communes auxquelles elle a donné son nom. Surtout, la vallée de l’Erve est un des hauts-lieux de la préhistoire dans le nord-ouest de la France. On y trouve plusieurs dolmens mais également la grotte de la Dérouine, objet d’un extrait dans la même émission (voir la vidéo La grotte de Saulges par Roger Bouillon) et qui livre depuis 1967 des outils, objets et ossements d'un intérêt majeur pour la science. L’oratoire Saint-Céneré, à Saulges, témoigne aussi de la forte spiritualité des lieux (voir la vidéo La chapelle mérovingienne Saint-Céneré de Saulges).
Si elle a été occupée de longue date, la vallée de l’Erve, à l’image de celle de la Mayenne (voir la vidéo La Mayenne, une rivière en activité), a aussi été très active, comme le rappelle face caméra l’historien Stéphane Lepage, dans une brève mais intéressante présentation historique. À la fin du Moyen-Âge, on y trouvait seulement une petite dizaine de moulins à farine. Puis, au XVIe siècle, Sainte-Suzanne devient un grand centre papetier, notamment pour la production de cartes à jouer. L’Erve alimente ensuite, jusqu’au XIXe siècle, pas moins de 45 moulins, dont 18 dans la seule ville de Sainte-Suzanne. De nombreuses activités en bénéficient : moulins à farine, à foulon (pour fouler les draps), à papier, à tan (pour broyer l’écorce de chêne, riche en tanin, afin de tanner les peaux). Le Grand-Moulin de Sainte-Suzanne est le seul en France à produire avec le même mécanisme à la fois de la farine, du papier et de l'électricité ! En outre, ces eaux sont poissonneuses : les nombreux galets assurent une eau vive, bien oxygénée, que les truites apprécient (voir la vidéo Pisciculture à Parné-sur-Roc). Après la Seconde Guerre mondiale, le développement de l’industrie, l’exode rural et la révolution des transports ont conduit l’Erve à un certain abandon et ses moulins se sont retrouvés hors d’usage, la végétation ayant obstrué les canaux d’alimentation.
Un renouveau se produisit entre la fin des années 1960 et le début des années 1970 (voir la vidéo Les rivières de la Mayenne). Les sociétés de pêche, souhaitant tirer le meilleur des poissons de l’Erve, ont aménagé et défriché. Dans le même temps, les nouveaux propriétaires qui rachetaient les maisons et moulins abandonnés les réhabilitaient, non pas pour les remettre en service, mais pour y faire leur résidence secondaire. Ces efforts, louables, demeuraient épars et donc insuffisants ; l’action des intercommunalités s’affirma progressivement pour atteindre son sommet dans les années 1990. L’Erve retrouva ainsi une eau claire, pour la plus grande satisfaction des usagers. Mais les menaces demeurent : la pollution due aux carrières de Voutré toutes proches, contre laquelle des bacs de décantation ont été installés, des projets d’élevages intensifs, finalement rejetés. Il faut dire que l’Erve bénéficie du statut de Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF), renforcé par le décret du 15 juillet 2003 du ministère de l'Écologie. Du reste, le moulin de Thévalles, à Chémeré-le-Roi, est l’un des rares encore en activité (voir la vidéo Les moulins en Mayenne). La conclusion du reportage, plus d’un quart de siècle après sa diffusion, reste heureusement vraie : « L’Erve peut aujourd’hui se vanter de prévoir sa pérennité. »
Bibliographie
- Alphonse Angot, « Erve », Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910, t. II [http://angot.lamayenne.fr/notice/T2C05_TOPO0577].
- « L’Erve et le Treulon », En Mayenne… on a la pêche !, Laval, Fédération de pêche de la Mayenne, 2007, p. 19.
- « Liste des Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique de la Mayenne », site de l’Inventaire national du patrimoine naturel [https://inpn.mnhn.fr/collTerr/departement/53/tab/znieff]. À l’été 2022, près de 200 zones sont ainsi répertoriées sur l’ensemble du département.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Roger Gicquel
Jusqu’au XIXème siècle, l’Erve qui coule ici était le royaume des moulins, notamment pour ceux qui fabriquaient le papier qui servait à fabriquer les cartes, les cartes à jouer à Sainte-Suzanne.Bon et puis pendant une courte période, cette rivière s’est laissée abandonner mais les pêcheurs ont repris le dessus et puis les associations intercommunales aussi qui ont pu gérer mieux les barrages et les berges.Alors aujourd’hui, l’Erve coule paisiblement et elle a beaucoup d’intérêt évidemment dans le paysage et pour les gens qui vivent autour.Oh, seule préoccupation, l’agrandissement des hors-sols qui pourtant, devraient être protégés par un statut de zone naturelle.Reportage, Aline Mortamet.
(Bruit)
Stéphane Lepage
A la fin du moyen-âge, on compte à peu près entre 6 et 9 moulins.Alors essentiellement des moulins à blé mais très rapidement, au XVIème siècle, viennent s’installer à Sainte-Suzanne d’autres sortes de moulins qui sont des moulins à papier.
(Bruit)
Stéphane Lepage
Après la Seconde Guerre mondiale, l’activité économique liée aux moulins est vraiment très, très faible, la plupart des biefs sont abandonnés, sont en très très mauvais état, la végétation recouvre un petit peu les différents canaux de dérivation, les conduites forcées.Et on retrouve par contre assez rapidement, milieu des années 60 début des années 70, un renouveau si j’ose dire de l’Erve entre autres encouragé par les sociétés de pêche qui vont défricher, qui vont aménager le cours de la rivière mais aussi les habitants, les gens qui vont racheter, se préoccuper à nouveau des habitations, des moulins qui jalonnent la rivière et donc, on retrouve un petit peu un nouveau dynamisme, un dynamisme qui n’est plus lié à la fonction économique de ces moulins mais plutôt à une fonction d’agrément, une fonction de résidence secondaire, les gens se rapprochent de la rivière pour le cadre même.
Aline Mortamet
Sainte-Suzanne, jadis célèbre pour la confection de ses cartes à jouer, aujourd’hui est réputée pour ses truites en grand nombre.L’Erve est bien rentabilisée, ici, un habitant sur 3 a sa carte de pêche.Aussi, quand les meuniers ont déserté ces berges, les moulinets ont remplacé les pales et les galets se sont laissés choyer par ces lignes attentives.Mais avec l’exode rural, même les pêcheurs ne suffisaient plus pour l’entretien de la rivière, l’Erve perdait ses repères et l’intercommunalité lui a permis d’en retrouver dans les années 60.
Roger Plot
Moi, c’est ma grande passion de pêcher la truite.Et beaucoup de pêcheurs suzannais connaissent la rivière, hein.Encore mieux que moi peut-être mais enfin, je la connais bien.J’ai commencé tout jeune à pêcher à Sainte-Suzanne.Maintenant, c’est une rivière qui est en très bon état.Avant elle était trouble jusque dans les années 1970 et depuis 5, 6 ans, l’eau est devenue une eau claire comme je l’ai connue quand j’étais enfant à Sainte-Suzanne.Ce que je crains, c’est les carrières qu’il y a en amont de l’Erve, carrière de Voutré, carrière de Fontenay-les-Chasles qui nous… qui sont les principaux polluants en ce moment de la rivière quoi !
Aline Mortamet
A présent, des bacs de décantation ont été installés pour éviter les risques, et dans les alentours, l’Erve ne bénéficie pour l’instant que de pâturages où l’agriculture refuse d’être intensive.Des projets de porcheries industrielles menaçaient récemment ces affluents mais comme la rivière vient de prendre un statut de ZNIEFF, zone naturelle protégée, elle est désormais en droit d’écarter tous les gêneurs, l’Erve peut aujourd'hui se vanter de prévoir sa pérennité.
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Date de la vidéo: 29 sept. 1997
Durée de la vidéo: 02M 35S