Discours de François Mitterrand avant les législatives
09 juin 1981
03m 28s
Réf. 00240
Notice
Résumé :
Elu président de la République le 10 mai 1981, François Mitterrand a dissous l’Assemblée nationale. Le 9 juin, cinq jours avant le premier tour des législatives, il prononce, à Montélimar où il effectue le premier déplacement officiel en province de son septennat, un discours dont la dernière partie est consacrée au scrutin. Il demande alors aux électeurs les moyens de mener sa politique.
Type de média :
Date de diffusion :
09 juin 1981
Personnalité(s) :
Éclairage
Elu président de la République le 10 mai 1981, François Mitterrand, comme il l’avait annoncé, procède dès son entrée en fonction à la dissolution de l’Assemblée nationale, de nouvelles législatives étant fixées aux 14 et 21 juin. Alors que le gouvernement dirigé par Pierre Mauroy commence, malgré l’absence de majorité parlementaire, à mettre en œuvre la politique de relance promise par le candidat socialiste, une courte campagne s’engage.
La droite, plus unie que lors de l'élection présidentielle mais abasourdie par la défaite, tente encore de jouer sur la peur que pourrait susciter l’entrée des communistes, dont l’influence décline, au gouvernement. Négligeant ce débat, les socialistes, eux, demandent, en termes parfois lyriques, aux électeurs de confirmer leur vote du 10 mai pour réaliser le « changement » espéré. Cinq jours avant le premier tour, François Mitterrand, depuis Montélimar où il effectue le premier déplacement en province de sa présidence, se situe pleinement dans cette logique puisqu’il fait de ses engagements présidentiels (les « 110 propositions ») la « charte de l’action gouvernementale » et réclame les moyens de mener sa politique.
Mais plus que son contenu, la forme de cette intervention retient l’attention. Ayant dénoncé l’implication de chacun ses prédécesseurs dans les campagnes législatives, François Mitterrand n’évoque ici le scrutin qu’à travers un discours plus général qu’il conclut par un appel à l’unité nationale. De même, il prend soin, quoique son propos soit dénué d’ambiguïté, de ne pas envisager l’hypothèse d’une victoire de son opposition, simplement renvoyée à la sanction qu’elle vient de subir.
Cependant, il ne ferme pas la porte, comme le note le journaliste Jean Lefevre, à une prise de parole plus directe et solennelle. Mais la situation ne l’exige pas et François Mitterrand peut se contenter de cette apparition presque subliminale, seulement complétée par une déclaration lue par le secrétaire général de l’Elysée Pierre Bérégovoy entre les deux tours, dans le débat électoral de juin à l’issue duquel le PS connaît un triomphe inédit (285 sièges sur 491).
En revanche, en 1986 et 1988, devant les difficultés rencontrées par son parti avant les législatives, le chef de l’Etat renoncera plus franchement à sa position d’arbitre et jouera de sa position institutionnelle privilégiée.
La droite, plus unie que lors de l'élection présidentielle mais abasourdie par la défaite, tente encore de jouer sur la peur que pourrait susciter l’entrée des communistes, dont l’influence décline, au gouvernement. Négligeant ce débat, les socialistes, eux, demandent, en termes parfois lyriques, aux électeurs de confirmer leur vote du 10 mai pour réaliser le « changement » espéré. Cinq jours avant le premier tour, François Mitterrand, depuis Montélimar où il effectue le premier déplacement en province de sa présidence, se situe pleinement dans cette logique puisqu’il fait de ses engagements présidentiels (les « 110 propositions ») la « charte de l’action gouvernementale » et réclame les moyens de mener sa politique.
Mais plus que son contenu, la forme de cette intervention retient l’attention. Ayant dénoncé l’implication de chacun ses prédécesseurs dans les campagnes législatives, François Mitterrand n’évoque ici le scrutin qu’à travers un discours plus général qu’il conclut par un appel à l’unité nationale. De même, il prend soin, quoique son propos soit dénué d’ambiguïté, de ne pas envisager l’hypothèse d’une victoire de son opposition, simplement renvoyée à la sanction qu’elle vient de subir.
Cependant, il ne ferme pas la porte, comme le note le journaliste Jean Lefevre, à une prise de parole plus directe et solennelle. Mais la situation ne l’exige pas et François Mitterrand peut se contenter de cette apparition presque subliminale, seulement complétée par une déclaration lue par le secrétaire général de l’Elysée Pierre Bérégovoy entre les deux tours, dans le débat électoral de juin à l’issue duquel le PS connaît un triomphe inédit (285 sièges sur 491).
En revanche, en 1986 et 1988, devant les difficultés rencontrées par son parti avant les législatives, le chef de l’Etat renoncera plus franchement à sa position d’arbitre et jouera de sa position institutionnelle privilégiée.
Antoine Rensonnet
Transcription
Jean Lefèvre
Bonsoir, c’est la dernière semaine de campagne avant les élections législatives, une semaine qui devrait compter. Le Gouvernement mis en place par François Mitterrand doit compléter son train de mesures économiques et sociales. Le Président de la République lui-même interviendra dans cette veillée d’armes, il est possible qu’il s’exprime sur les chaînes de télévision vendredi. En tout cas, aujourd’hui même, il était en province, à Montélimar, pour cet appel.François Mitterrand
On le sait maintenant, il y a aujourd’hui deux politiques pour la France. L’une est celle dont les Français viennent de sanctionner l’échec. Ils la jugeront, je le pense, les 14 et 21 juin comme ils l’ont fait le 10 mai. L’autre est celle que je lui ai proposé, à la France, et dont j’ai commencé la mise en oeuvre. Ainsi que je l’ai rappelé la semaine dernière, les engagements pris par moi-même au cours de la campagne présidentielle constitueront dans tous les domaines la charte de l’action gouvernementale qui, de la sorte, continuera d’exprimer la volonté populaire telle qu’elle s’est prononcée à l’issue d’un long débat démocratique. Certes, rien n’est facile, vous le savez, dans le monde où nous sommes et rien n’est possible sans effort. Mais rien n’est possible non plus sans que chacun prenne sa part du redressement national, bref, rien n’est possible sans la justice. C’est ensemble ou jamais que nous lèverons les obstacles d’ordre interne et externe qui s’opposent à nous. Notre choix est celui de l’initiative, du mouvement, de l’action, de la vie. Notre choix est celui de la confiance dans notre peuple. Notre choix est celui du rassemblement des Français. En ces temps de crise et de vacarme, la France doit parler d’une seule voix. Oh que s’élèvent dans notre pays les voix les plus diverses, c’est le pluralisme, c’est la démocratie et j’entends scrupuleusement les préserver. Mais face aux périls extérieurs, oui, cette voix, j’entends l’exprimer au nom, bien au-delà de ce que m’ont apporté leur suffrage, au nom des Françaises et des Français tout simplement qui font la France. Et cette France, elle doit pouvoir faire entendre universellement, pour sa propre paix et pour celle du monde, son message de liberté et d’espérance, de force et de tranquillité, puisque l’occasion lui en sera donnée bientôt, je souhaite que le pays m’en donne le moyen. Merci Mesdames et Messieurs.(Bruit)