Un demi-siècle de batailles électorales
Présentation
Inventée par et pour le général de Gaulle, l’élection présidentielle au suffrage universel est indissolublement liée à François Mitterrand.
Tour à tour finaliste surprise (1965), défait de peu (1974), vainqueur historique (1981) et maître stratège largement réélu (1988), il incarne le scrutin roi du système politique de la Ve République qui, en retour, constitue l’acmé et le précipité de sa trajectoire.
Mais, en cinquante ans de vie politique, François Mitterrand, directement ou non, s’engagea dans bien d’autres combats électoraux durant lesquels il afficha de multiples visages.
Le prétendant (1946-1958)
Le jeune ministre
Le parcours électoral de François Mitterrand commence avec la naissance de la IVe République. Le 10 novembre 1946, après avoir échoué cinq mois auparavant dans la Seine, il est élu député de la Nièvre sur une liste d’action et d’unité républicaine, apparentée à l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR), petite formation à laquelle il n’adhère qu’un an plus tard pour, immédiatement, devenir l’une de ses principales figures de proue.
Le positionnement de l’UDSR, traversé par des courants contradictoires et qui ne parvient pas à s’imposer comme le grand parti issu de la Résistance, reste, quoiqu’il se réclame du socialisme, longtemps ambigu mais, situé au cœur de l’échiquier politique, il offre au jeune François Mitterrand l’opportunité d’occuper de nombreuses responsabilités ministérielles entre 1947 et 1953 dans des équipes gouvernementales dont le centre de gravité politique, tantôt situé à gauche, tantôt à droite, diffère sensiblement au cours du temps.
Revenant sur cet épisode au début des années 1970, alors qu’il est leader de l’union de la gauche, François Mitterrand préfèrera gommer ces aspérités.
François Mitterrand vu en 1973
Portrait de François Mitterrand avant les législatives
L'ancrage à gauche
Il est en revanche tout à fait exact que, sous sa présidence, à partir de novembre 1953, l’UDSR s’ancre plus nettement à gauche. François Mitterrand devient ainsi, comme ministre de l’Intérieur, l’un des principaux piliers du gouvernement Mendès France (juin 1954 à février 1955). Aux côtés de celui-ci et avec la SFIO, il participe ensuite au Front républicain, formé en vue des législatives du 2 janvier 1956.
Intervention radiophonique avant les législatives
Après la courte victoire de cette coalition, il est nommé garde des Sceaux dans le ministère dirigé par le socialiste Guy Mollet (février 1956 à mai 1957). Il peut alors légitimement espérer être bientôt appelé à la présidence du Conseil mais la guerre d’Algérie, qui se transforme en crise politique le 13 mai 1958, précipite l’effondrement de la IVe République et le retour au pouvoir du général de Gaulle.
François Mitterrand dénonce un coup d’Etat et choisit la voie de l’opposition la plus résolue manifestant pour la défense de la République le 28 mai et votant contre la nouvelle Constitution le 28 septembre.
L’opposant (1958-1968)
La traversée du désert
Mais le pouvoir gaulliste et la Ve République s’imposent. Comme nombre d’opposants, François Mitterrand est balayé lors des élections législatives des 23 et 30 novembre 1958 et doit quitter le Palais Bourbon. Bien qu’il retrouve un siège de parlementaire dès les sénatoriales du 26 avril 1959, commence la période la plus délicate de sa carrière politique.
En dehors de la trouble affaire de l’Observatoire, il disparaît même pour de longues années des antennes de la RTF. Deux raisons à cela : d’une part, les gaullistes s’assurent un quasi-monopole sur celles-ci ; d’autre part, il n’apparaît pas comme l’un des principaux leaders d’une opposition désunie.
Cependant, dans l’ombre ou depuis la tribune de l’Assemblée qu’il retrouve en novembre 1962, François Mitterrand ne cesse, avec virulence et éloquence, de fustiger « le pouvoir personnel » qui serait la marque du nouveau régime. Contre celui-ci et son chef, il signe, en 1964, un pamphlet au titre évocateur, Le Coup d’Etat permanent.
L'expérience de la FGDS
C’est là son premier pas vers la candidature lors de la présidentielle des 5 et 19 décembre 1965. Profitant de l’échec de la voie socialo-centriste promue par Gaston Defferre, il réunit derrière lui - pour la première fois depuis 1936 et le Front populaire - l’ensemble des forces de gauche alors qu’il ne dirige qu’une petite formation, la Convention des institutions républicaines (CIR) dans laquelle il a fondu l’UDSR.
En outre, il crée une fédération - la FGDS (Fédération de la gauche démocrate et socialiste) - qui regroupe, fors le petit PSU, l’ensemble de la gauche non communiste. Sur ces bases, il obtient un résultat inespéré (31,7 % au premier tour, 44,8 % au second) poussant le général de Gaulle au ballotage.
Contrairement à ses alliés - le secrétaire général de la SFIO Guy Mollet ou les communistes -, il a parfaitement anticipé les nouvelles logiques, personnalisée et bipolarisée, de l’élection présidentielle et, au-delà, du système politique français.
Il devient alors la principale figure de l’opposition, rendant pérenne la FGDS - qu’il préside - et approfondissant la stratégie d’union de la gauche par la signature d’un accord de désistement réciproque avec les communistes pour les législatives des 5 et 12 mars 1967, souvent présentées comme le troisième tour de la présidentielle.
Durant la campagne, où l’opposition, comme lors de la présidentielle, dispose d’un important temps de parole à la télévision pour faire connaître ses positions, François Mitterrand peut jouer de son nouveau statut, affrontant le Premier ministre Georges Pompidou lors d’une réunion électorale à Nevers ou dénonçant les interventions du général de Gaulle qui renoncerait à être le garant de la Constitution pour se comporter en chef de majorité.
Réunion électorale à Nevers avec Georges Pompidou
Intervention télévisée avant les législatives
François Mitterrand sort renforcé de cette consultation : les gaullistes et leurs alliés ont failli ne pas retrouver leur majorité à l’Assemblée quand la FGDS et le PCF progressent très nettement. Les futures échéances étant éloignées - présidentielle et législatives ne sont prévues qu’en 1972 -, il dispose a priori du temps nécessaire pour rapprocher les différentes composantes de la FGDS et conduire des discussions programmatiques avec le PCF. Il pourrait ainsi présenter une véritable proposition d’alternance au moment où le pouvoir gaulliste donne des signes d’usure.
Las, Mai 1968 va bouleverser ces plans et François Mitterrand va réagir à la crise à contretemps. Alors que les manifestations étudiantes et ouvrières pour réclamer le départ du général de Gaulle ne cessent de prendre de l’ampleur et que celui-ci, qui a annoncé un référendum à l’objet bien flou mais dans lequel il met en jeu son mandat, ne semble savoir comment réagir, François Mitterrand donne une conférence de presse le 28 mai.
Mêlant le réel (l’appel à voter Non) et l’hypothétique (la démission du général de Gaulle et la chute du gouvernement), il propose, outre la formation d’un gouvernement provisoire dirigé par Pierre Mendès France, sa candidature à l’Elysée.
Conférence de presse du 28 mai 1968
C’est une erreur politique. Le président de la République trouve les mots et les moyens pour mettre un terme à la crise. Renonçant au référendum et procédant à la dissolution, il provoque des législatives anticipées les 23 et 30 juin 1968 que la gauche aborde, la peur du désordre s’étant conjoncturellement imposé comme l’enjeu principal, en position très défensive. François Mitterrand le sait et son appel pour replacer le vote dans une temporalité plus longue reste vain.
Intervention télévisée avant les législatives
La défaite de la gauche tourne à la catastrophe et François Mitterrand, qui, pour avoir dévoilé trop tôt ses ambitions gagne une encombrante réputation d’opportunisme, est bientôt éliminé par ses rivaux au sein de la FGDS. A l’automne 1968, celle-ci n’existe plus et son ancien président siège à l’Assemblée parmi les non-inscrits.
Le conquérant (1969-1981)
Le premier secrétaire du PS, maître d’œuvre de l’union de la gauche
Pour la seconde fois, la carrière politique de François Mitterrand semble proche de son terme. Mais les événements vont rapidement lui redonner un rôle central.
En effet, après son échec lors du référendum du 27 avril 1969, le général de Gaulle démissionne et une nouvelle élection présidentielle est organisée les 1er et 15 juin 1969. S’il ne peut s’y présenter, François Mitterrand plaide à nouveau pour une stratégie d’union de la gauche qui ne peut - il le sait - se réaliser.
Or l’échec d’une gauche déchirée, dont tous les candidats sont éliminés dès le premier tour, et la large victoire de Georges Pompidou indiquent qu’il ne se trompait pas. Sa stratégie reste la bonne. Autre constat : si la FGDS a volé en éclats à la première tempête, c’est que ses structures étaient trop lâches pour y résister.
Aussi faut-il à François Mitterrand un parti puissant. Organisant, avec une habileté tactique consommée, le rapprochement de la CIR et du Parti socialiste, qui vient de substituer à la SFIO, il prend la tête de celui-ci lors du congrès d’Epinay (11 au 13 juin 1971). Il précise alors l’objectif, la « vocation majoritaire » du parti, et la tactique, la signature d’un programme commun de gouvernement avec le Parti communiste - ce qui est chose faite le 27 juin 1972.
Esquissée dès 1965, l’union de la gauche, grande œuvre de François Mitterrand, devient une réalité. Reste à vérifier son attractivité électorale et les législatives des 4 et 11 mars 1973 font alors figure de test.
Le premier secrétaire du PS, lors d’une conférence de presse le 12 février, n’hésite pas à exprimer clairement sa volonté de renverser la majorité.
Intervention télévisée avant les législatives
Quelques années seulement après les désastres de 1968 et 1969 et alors que le PCF continue d’effrayer bon nombre de Français, elle semble quelque peu utopique. Finalement, la droite conserve une nette majorité mais la progression de la gauche et le rééquilibrage en son sein en faveur du PS constituent des résultats encourageants pour François Mitterrand.
Incontestablement, autour du parti d’Epinay et de son leader, naît une dynamique politique. La présidentielle anticipée des 5 et 19 mai 1974 le confirme avec éclat. Candidat unique des forces du programme commun (43,2 % au premier tour), François Mitterrand échoue d’un souffle face à Valéry Giscard d’Estaing (élu avec 50,8 % le 19 mai). Trop courte pour ne pas être frustrante, cette défaite n’en est pas moins pleine de promesses pour l’avenir.
La marche vers le pouvoir : percées, coup d’arrêt et inébranlable résolution
L’arrivée de la gauche au pouvoir est désormais une hypothèse plus que probable. Le débat politique devient alors passionnel - les taux de participation records en témoignent -, sinon hystérique et la bipolarisation droite/gauche s’impose jusque dans les assemblées locales.
Aussi les cantonales deviennent-elles des « élections politiques », comme le souligne François Mitterrand et le scrutin des 7 et 14 mars 1976 se révèle très favorable à la gauche et plus particulièrement au PS.
Déclaration après le premier tour des cantonales
Les élections municipales des 13 et 20 mars 1977, soigneusement préparées par le PS, confirment et accentuent cette tendance. Alors que les listes d’union s’imposent, souvent après d’âpres négociations, comme une nouvelle norme, la gauche triomphe. A l’issue du scrutin, elle dirige 159 des 221 villes de plus de 30 000 habitants contre 103 auparavant. Le PS s’empare notamment de Brest, Montpellier, Nantes ou encore Rennes.
François Mitterrand, qui compare alors la gauche à une « force tranquille », ne peut que se réjouir de ce succès qui semble annoncer une victoire presque inéluctable lors des législatives des 12 et 19 mars 1978.
Réaction de François Mitterrand après les municipales
Mais l’union profite plus au PS qu’au PCF et, entre les deux partenaires, les tensions s’accumulent au point que, en septembre 1977, les négociations sur l’actualisation du programme commun aboutissent à un constat d’échec. L’union de la gauche est ainsi rompue.
François Mitterrand évoque les relations entre socialistes et communistes avant les législatives
Les deux partis se présentent donc sans alliance lors des législatives. Au soir du premier tour, la gauche est légèrement majoritaire en voix mais l’issue demeure incertaine tant la qualité des reports entre socialistes et communistes s’annonce mauvaise.
A la hâte, les deux partis paraphent toutefois un accord de désistement le 13 mars.
Accord électoral de la gauche pour le second tour des législatives de 1978
Il se révèle insuffisant pour éviter une nouvelle défaite de la gauche, qui, si elle n’a rien d’une déroute, constitue, au vu des espoirs nés les années précédentes, une immense déception.
François Mitterrand se voit alors contesté dans les rangs du PS notamment par Michel Rocard qui souhaite en prendre la tête. Mais le premier secrétaire s’accroche à son rêve élyséen, repoussant les assauts des rocardiens lors du congrès de Metz (6 au 8 avril 1979) et menant la liste socialiste lors des premières élections européennes, le 10 juin 1979, où il ne recueille qu’un résultat assez moyen (23,5 %) mais néanmoins suffisant pour préserver ses ambitions.
François Mitterrand, Simone Veil et Georges Marchais débattent sur l'Europe
Maîtrisant l’appareil socialiste, il est à nouveau investi candidat socialiste pour l’élection présidentielle des 26 avril et 10 mai 1981.
Réunissant un score très satisfaisant lors du premier tour (25,8 %), profitant de l’effondrement communiste (15,3 % seulement pour Georges Marchais) - qui vide de toute substance le discours de son adversaire qui tente de jouer sur la peur suscitée par le PCF - et du rejet du pouvoir en place dans un contexte de crise économique, il est élu, à sa troisième tentative, président de la République.
La gauche accède au pouvoir pour la première fois sous la Ve République. L’événement est historique.
Le président (1981-1995)
Le président et les législatives
Pour que l’alternance soit pleinement réalisée, la gauche doit encore se doter d’une majorité à l’Assemblée nationale. François Mitterrand doit donc dissoudre et le fait dès son entrée en fonction. De nouvelles législatives ont lieu les 14 et 21 juin 1981.
Durant la campagne, le nouveau chef de l’Etat reste discret mais intervient cependant, par la voix du secrétaire général de l’Elysée Pierre Bérégovoy ou en marge d’un déplacement en province, pour enjoindre aux Français de confirmer leur choix du 10 mai - ce qu’ils font, en l’amplifiant très nettement, offrant une large majorité absolue au seul PS.
Discours de François Mitterrand avant les législatives
Soucieux d’adopter une position de surplomb mais aussi de rester cohérent avec l’ancien opposant qui dénonçait inlassablement toutes les interventions de ses prédécesseurs lors des campagnes, le président souhaite demeurer éloigné du jeu électoral.
Si, incidemment, à l’occasion de l’annonce d’une nouvelle dévaluation du franc le 23 mars 1983, il commente le résultat des municipales des 6 et 13 mars - pour minorer l’ampleur de la défaite, pourtant évidente, de la gauche -, il renonce bel et bien à son ancien costume de chef de parti.
Toutefois, lors des législatives, décisives pour la perpétuation de son pouvoir, il redescend dans l’arène. Avant le scrutin du 16 mars 1986, il défend donc sa majorité - très menacée et finalement défaite - mais soigne les formes en répondant aux questions du journaliste Yves Mourousi avant l’ouverture de la campagne officielle quand le général de Gaulle, Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing s’étaient adressés aux Français après sa clôture, sans que ses opposants ne puissent leur répondre.
Interview télévisée avant les législatives
S’il ne va pas jusqu’à cet extrême, la tentation de peser plus résolument sur des élections à l’issue incertaine est néanmoins grande lors des législatives de 1988 qui ont lieu les 5 et 12 juin, un mois après sa réélection très aisée à la présidence de la République (34,1 % le 24 avril et 54,0 % le 8 mai).
C’est que, après une campagne placée sous le signe de la France unie et de l’ouverture, provoquer une dissolution ne va pas de soi. Aussi François Mitterrand la justifie-t-il lors d’une allocution solennelle - ce qu’il avait soigneusement évité de faire sept ans plus tôt - avant de s’exprimer à nouveau entre les deux tours du scrutin devant le journaliste Patrick Poivre d’Arvor.
Annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale
La dernière bataille
Cela marque le terme du combat électoral pour François Mitterrand mais ce n’est pourtant pas sa dernière campagne.
En effet, il engage toutes ses forces dans la bataille de l’adoption du traité sur l’Union européenne, dit de Maastricht, qu’il soumet à référendum le 20 septembre 1992. Le président défend alors longuement le projet, accepte de débattre avec l’un de ses opposants, Philippe Séguin, et une fois le succès du Oui acquis - d’extrême justesse (51,0 %) - évoque, lors d’une allocution, « l’un des jours les plus importants de l’histoire de notre pays ».
Cette dernière bataille est donc une ultime victoire pour le vieux président mais si étroite qu’elle indique que celui-ci a échoué à imposer l’Europe comme horizon commun aux Français. Elle témoigne aussi de son affaiblissement politique.
Touché par l’impopularité, malade, il ne participe pas à la campagne précédant les législatives des 21 et 28 mars 1993 qui tournent au désastre pour un PS cerné par les affaires et réduit à une cinquantaine de sièges seulement.
Deux ans plus tard, il n’apporte qu’un soutien des plus timides à Lionel Jospin, candidat socialiste à la présidentielle des 23 avril et 7 mai.
Conclusion
François Mitterrand quitte l’Elysée le 17 mai 1995. Après la passation de pouvoir avec son successeur Jacques Chirac, il souhaite retourner au siège du PS, rue de Solférino, pour y faire ses adieux.
Il affirme alors que « le Parti socialiste est désormais le parti de l’alternance ». Les faits, bientôt, viendront lui donner raison - et ce à quelque échelon que ce soit.
Du point de vue du système politique français, il s’agit sans aucun doute de son principal legs.
François Mitterrand fait ses adieux au PS rue de Solférino
Bibliographie
- Becker (Jean-Jacques), Histoire politique de la France depuis 1945, Paris, Armand Colin, 2015.
- Benetti (Julie), Chevallier (Jean-Jacques), Carcassonne (Guy) et Duhamel (Olivier), Histoire de la Ve République. 1958-2015, Paris, Dalloz, 2015.
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- Bergounioux (Alain) et Tartakowski (Danielle) (dir.), L’union sans unité. Le programme commun de la gauche : 1963-1978, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012.
- Martin (Pierre), Comprendre les évolutions électorales. La théorie des réalignements revisitée, Paris, Presses de SciencesPo, 2000.
- Vigreux (Jean), Croissance et contestations (1958-1981), Paris, Le Seuil, 2014.