François Mitterrand s'exprime sur le traité de Maastricht

03 septembre 1992
01m 39s
Réf. 00080

Notice

Résumé :
A quatre jours de l'ouverture officielle de la campagne référendaire sur la ratification du traité de Maastricht, le président de la République participe à une émission de télévision et s'engage en faveur du "oui".
Date de diffusion :
03 septembre 1992
Source :
FR3 (Collection: Soir 3 )
Personnalité(s) :
Lieux :

Éclairage

Le 20 septembre 1992, les Français sont appelés à ratifier par référendum le traité de Maastricht sur l'Union européenne. Celui-ci prévoit une renforcement des institutions et des transferts de souveraineté vers l'échelon européen, notamment dans les domaines de la santé, de l'énergie ou de la recherche. Il fixe également un calendrier pour la mise en œuvre de l'union économique et monétaire, qui doit aboutir de manière irréversible et au 1er janvier 1999 au plus tard à l'adoption d'une monnaie unique.

À quatre jours de l'ouverture de la campagne officielle, le président de la République, François Mitterrand, participe à une émission de télévision au cours de laquelle il est interrogé par trois journalistes ainsi que par un panel représentatif de Français, puis débat avec le chancelier allemand Helmut Kohl et Philippe Séguin (RPR), membre de l'opposition et partisan du "non".

Les intentions de vote publiées à la veille de cette émission sont très serrées, et donnent au "oui" une très courte avance sur le "non", à 51%. Considérant qu'il est partie prenante d'un texte dont il a supervisé les négociations et qu'il a signé au nom de la France, le président refuse de rester en retrait et décide de s'engager en faveur du "oui", au grand dam des partisans du "oui" dans l'opposition qui, à l'image de Jacques Chirac, redoutent que cette intervention présidentielle ne transforme le référendum en un plébiscite.

Avec une participation de 69,70 %, le "oui" l'emportera d'une courte tête lors du référendum du 20 septembre 1992, avec 50,05 % des voix.
Vincent Duchaussoy

Transcription

Richard Tripault
Mesdames, Messieurs, bonsoir ! Temps fort ce soir dans la campagne pour le référendum sur le traité de Maastricht. François Mitterrand est descendu dans l’arène pour répondre aux questions des Français et dès le début, vous allez l’entendre, le Chef de l’Etat a expliqué pourquoi il avait accepté cet exercice et évoqué l’hypothèse du Non.
François Mitterrand
Tous les responsables politiques ont pu s’exprimer, et s’exprimeront, on les entend, et on les voit. Y aurait-il d’interdit que pour moi ? Avec Pierre Bérégovoy, Roland Dumas, Elisabeth Guigou, nous avons négocié ce traité, c’est nous qui l’avons négocié et signé. Et nous serions, je serais le seul à ne pouvoir exprimer mes raisons, à pouvoir expliquer pourquoi je l’ai fait, je suis là pour ça ce soir, et j’entends bien préserver les prérogatives qui me sont consenties par la constitution française. Je ne cherche pas à plébisciter ma personne, c’est l’Europe qu’il faut maintenant plébisciter, si j’ose dire, que j’aimerais voir plébiscitée. Parce que c’est l’Europe qui est en cause et c’est une cause tellement importante, tellement décisive qui commande toutes les années à venir ; que parler de plébiscite personnel est absurde et même un peu ridicule. J’espère bien que ce sera le Oui et si c’était le Non, eh bien, nous aurions quand même peut-être 24 heures.
Journaliste
Et si c’était le Non ?
François Mitterrand
Si c’était le Non, je prendrais les responsabilités qui m’incombent mais je travaille, je lutte et je ne suis pas le seul, pour que les Français comprennent l’importance du Oui.