François Mitterrand après la ratification de Maastricht

20 septembre 1992
02m 41s
Réf. 00128

Notice

Résumé :
Déclaration du Président de la République, François Mitterrand, à la télévision depuis le Palais de l'Elysée, à la suite de la ratification de justesse par la France du traité de Maastricht.
Type de média :
Date de diffusion :
20 septembre 1992
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Éclairage

Le président de la République intervient depuis l'Élysée au soir du référendum sur la ratification du traité de Maastricht sur l'Union européenne. Après une campagne très disputée, le "oui" l'emporte avec seulement 51,04 % des voix, dans un scrutin qui a mobilisé près de 70 % des votants, un score très élevé pour un référendum.

Ce résultat est une victoire politique pour le président, qui s'était personnellement engagé dans la campagne du "oui", participant par exemple à une émission de télévision avec le chancelier allemand Helmut Kohl ou débattant avec Philippe Séguin, un des leaders du "non" au sein de la droite.

De plus, la victoire du "oui" permet de freiner temporairement la spéculation intensive qui s'était abattue contre le franc sur les marchés financiers dans les jours qui ont précédé le scrutin. En effet, alors que le résultat reste indécis et que les sondages ne permettent pas d'anticiper l'issue du vote, un mouvement de spéculation anticipait la victoire du "non" et la fin du projet d'unification monétaire européenne comprise dans le traité de Maastricht. La Banque de France dut intervenir massivement sur le marché des changes pour soutenir le franc et maintenir sa valeur dans les marges de fluctuation prévues par le Système monétaire européen.
Vincent Duchaussoy

Transcription

François Mitterrand
Mes chers compatriotes, nous venons de vivre en ce dimanche 20 septembre l’un des jours les plus importants de l’histoire de notre pays. Car la France, non seulement assure son avenir, renforce sa sécurité et consolide la paix dans une région du monde si cruellement déchirée par la guerre ; mais elle démontre aussi, et surtout, qu’elle est encore et toujours capable d’inspirer l’Europe en mesure désormais d’égaler les plus grandes puissances de la terre. À l’heure où je m’exprime, en effet, il paraît certain qu’une majorité d’entre vous a approuvé le traité d’Union Européenne adoptée à Maastricht, que je vous ai soumis et qu’ont soutenu des femmes et des hommes dont la fermeté de conviction et le courage intellectuel l’ont emporté sur toute considération partisane. Je veux, en votre nom, les remercier. Et c’est à vous, Français, à vous qui avez voté oui à la France, oui à l’Europe, oui à l’espoir, que va d’abord ma gratitude. J’avais dit, au début de la campagne électorale, qu’il y aurait à l’issue de ce scrutin, des vainqueurs, des vaincus. Le vote de ce jour engage toute la France, mais je respecte le sentiment des libres citoyens qui, en votant non, ont voulu sauvegarder les valeurs dans lesquelles ils croient. Imaginez maintenant la joie des pays de la communauté, nos amis les plus proches qui attendaient de nous le signe dont ils avaient besoin. Imaginez la joie des autres pays européens, presque tous, qui aspirent à nous rejoindre, surtout ceux qui ont été si longtemps privés de liberté. Je suis heureux, mes chers compatriotes, que vous ayez choisi la jeunesse, le renouveau, la sauvegarde du présent qui exige de vous tant d’efforts, et les chances, toutes les chances des lendemains. Vive la République, vive la France.