La Comédie de l'Ouest
Notice
Guy Parigot et Georges Goubert co-dirigent la troupe de théâtre la Comédie de L'Ouest. Basée à Rennes, la CDO sillone le grand Ouest. Ses comédiens organisés en coopérative se produisent ainsi dans les théâtres de la région.
Éclairage
Depuis sa création en 1949, le Centre Dramatique de l'Ouest (CDO) a connu plusieurs changements institutionnels. On peut repérer entre 1949 et 1963 (date de ce document) quatre événements importants.
D'abord, à la fin de la saison 1955-1956, le CDO devient la Comédie de l'Ouest, Centre Dramatique National. C'est une manière pour la troupe et son directeur de se légitimer un peu plus en tant qu'institution nationale, soutenue et subventionnée par l'Etat. Le second changement qu'il faut noter pour les années cinquante, c'est le départ d'Hubert Gignoux. Porteur du projet depuis sa naissance, il avait été appelé par Jeanne Laurent au poste de directeur du CDO à sa création. Le voilà nommé en 1958 à la Comédie de l'Est, à Strasbourg. Ce départ marque une nouvelle étape dans la décentralisation théâtrale pour l'Ouest. En effet, désormais, ce sont des "locaux" qui occupent les fonctions directrices, Guy Parigot et Georges Goubert dirigent maintenant la CDO. Après la déconcentration des moyens et un directeur venus de Paris, la décentralisation devient effective. C'est sous cette nouvelle direction que se crée la succursale de la CDO à Caen durant la saison 1961-1962. La troupe de Jo Tréhard, la Compagnie de Caen, élargit le rayonnement de la CDO en diffusant les spectacles. Si tout est encore centralisé à Rennes, il est prévu que la Compagnie de Caen fonctionne rapidement de façon plus autonome. Enfin, c'est au début des années soixante que se décide la création d'une Maison de la culture à Rennes, dont la direction sera confiée aux directeurs de la CDO. Outre ses fonctions de démocratisation culturelle, ce nouvel établissement doit entre autre permettre à la CDO de régler ses problèmes d'espace, le 8 de la rue Redon étant devenu depuis quelques années trop exigu pour toutes les activités de la CDO.
Malgré ces changements, le fonctionnement et les missions de la CDO restent constants durant cette période. Fondée en Société Coopérative Ouvrière de Production Artistique, la Comédie de l'Ouest tient à conserver son esprit de troupe et la pluridisciplinarité de ses comédiens. Tous participent à toutes les tâches : l'administration, la technique, la couture... Avec cette équipe polyvalente et dynamique la CDO a pour but de relancer une vie théâtrale, voire parfois dans certains endroits de l'inaugurer. Avec un répertoire varié, composé de classiques, de pièces déjà montées à Paris et de quelques créations originales, le Centre Dramatique National doit amener un nouveau public au le théâtre. Pour attirer ce public novice, la CDO met en place plusieurs actions parallèles aux représentations. C'est en quelques sortes les premiers pas de la médiation culturelle au service de l'expérience du théâtre populaire. La CDO organise des représentations scolaires, se déplace hors les murs dans les quartiers populaires de Rennes, multiplie les conférences autour du théâtre et des auteurs qu'elle joue. Elle développe aussi des actions médiatiques pour familiariser le public au théâtre et mieux se faire connaître. A la fin des années cinquante, la CDO a deux émissions de radio : "La vie au théâtre" animée par Guy Parigot et Pierre Barrat et "Ne tirez pas sur le poète" animée par Denise Bonal. Par le biais de l'association "Les amis de la CDO", la Comédie a un journal à travers lequel elle diffuse ses informations. Enfin, elle entretient de bon rapport avec le nouveau média télévisuel qui multiplie les reportages sur la structure. Il ne faut pas oublier qu'alors la télévision et la radio sont un relais de service public, et comme la CDO est un théâtre de service public, leurs missions se rejoignent.
Bibliographie :
Nathalie Ribet, Aux origines du Théâtre National de Bretagne, la décentralisation dans l'Ouest de 1943 à 1963, Paris, L'Harmattan, 2000.