Ouverture de la Maison de la Culture de Rennes
Notice
Rennes ouvre sa Maison de la Culture. MM. Leroux, Parigot et Goubert présentent successivement la structure, son public, ses aménagements et la programmation. Ce lieu est un lieu de rencontre entre un public varié et diverses disciplines culturelles.
Éclairage
En 1959, sous la Ve République naît le ministère des Affaires Culturelles. Les institutions françaises se dotent alors d'un véritable ministère consacré aux arts. A son arrivée aux Affaires Culturelles, André Malraux a pour but de "démocratiser la culture", la rendre accessible au plus grand nombre. Son ambition va s'incarner dans un projet novateur, les maisons de la culture, qu'il nommera ambitieusement "les cathédrales du XXe siècle". Au début des années soixante, trois hommes vont être chargés de mener à bien les réflexions et d'imaginer "une maison type" : Pierre Moinot et Gaétan Picon puis Emile Biasini. C'est ce dernier qui propose dans un document publié en 1962, Action culturelle An I, les principes et les fondements d'une maison de la culture. La polyvalence de cet équipement est au centre de son fonctionnement. Le but est de faire coexister dans un même lieu, bibliothèque, salle de spectacle dédié au théâtre mais aussi à la musique, cinéma, exposition d'arts plastiques... La rencontre entre les professionnels et les non initiés est le maître mot de cette nouvelle institution. On note également un présupposé non négligeable à l'implantation d'une maison de la culture : celle-ci n'est possible que là où une situation culturelle existe déjà.
C'est le cas à Rennes, où la Comédie de l'Ouest (CDO) mène une activité théâtrale intense et est soutenue financièrement par l'Etat. Le moment où le ministère des Affaires Culturelles imagine les maisons de la culture correspond pour la CDO à un âge d'or qui se qualifie pourtant par un manque de moyens matériels. Ce constat est par ailleurs partagé par le maire, Henri Fréville qui souhaite pallier à cette insuffisance. C'est pourquoi, sans confondre l'histoire de la décentralisation théâtrale et celle des maisons de la culture, il faut admettre que celles-ci se croisent, en particulier à Rennes. Pour légitimer son projet et donner les preuves de son bien fondé, le ministère est obligé d'aller vite et de multiplier ses atouts. Ainsi, l'héritage et l'expérience de la décentralisation théâtrale incarnés par la CDO est un appui important. De plus, la municipalité et la CDO ne cache pas leur intérêt pour une maison de la culture qui développerait l'action culturelle à Rennes. Dès 1961, la CDO, par les voix de Georges Goubert et Guy Parigot s'affirme au près du ministère comme élément porteur d'un projet de maison de la culture à Rennes. En février 1962 la décision est prise.
Après plusieurs tractations, le bâtiment abritant la maison de la culture s'installera rue Saint Helier. Elle est pensée dans sa construction comme un ensemble avec l'antenne régionale de la Radio Télévision Française (RTF). La prochaine proximité géographique de ces deux maisons ne fait qu'entériner "un partenariat" de longue date entre la RTF et la CDO. Pour accroitre son audience, la CDO créée dans les années cinquante plusieurs émissions de théâtre pour la radio. Avec l'arrivée de la télévision, ce "partenariat" va se poursuivre et l'on trouve de nombreux reportages dans les archives de la RTF.
En attendant la construction de ce bâtiment, la mairie rachète une salle de cinéma, "le Celtic", et la met à disposition des deux premiers directeurs de la maison de la culture, Georges Goubert et Guy Parigot. En 1965, en préfiguration à l'ouverture de la maison de la culture, la nouvelle salle "La cité" ouvre ses portes aux Rennais.
La véritable "cathédrale" ne sera inaugurée elle que le 21 décembre 1968, rue Saint Hélier, après plus de cinq ans de chantier.
Bibliographie :
Marie-Claire Mussat (dir), Action et pratique culturelles, La maison de la culture de Rennes, Paris, Editions du Layeur, 2002.