Madeleine Pennec, la ouessantine
Notice
Madeleine Pennec est une ouessantine de 86 ans. Elle observe les changements de son île. Les femmes n'entretiennent plus les champs comme autrefois. Elle, continue cependant à bêcher, cultiver sa terre, filer sa laine et se rendre à pied au bourg.
Éclairage
Ce portrait haut en couleur de Madeleine Pennec, une habitante de l'île d'Ouessant, constitue un véritable témoignage de la rupture opérée dans la société traditionnelle bretonne quand celle ci accède à la modernité. Un fossé se creuse entre l'ancienne génération encore profondément ancrée dans les traditions d'une société rurale stable depuis des décennies et une nouvelle génération qui a intégré une culture et un style de vie plus citadin. Le témoignage de Madeleine Pennec confirme cette rupture entre deux styles de vie qui n'ont désormais plus grand chose en commun. Dans ce cas précis il faut aussi souligner la situation particulière des populations insulaires, ici les Ouessantins, qui plus encore que d'autres ont été tenus éloignés de la modernisation jusqu'au début des années 1960.
Cette interview de Madeleine Pennec, qui file la laine tout le long du tournage, permet donc de mesurer les évolutions qui ont secoué l'île d'Ouessant. Elle évoque l'exode des jeunes et notamment des jeunes filles "parties chercher un mari à Brest", l'émigration définitive à la ville, la retraite à cinquante ans ou encore les congés payés des marins d'aujourd'hui. Face à toutes ces évolutions, elle évoque sa vie et celle de nombreuses personnes de sa génération qui continuent à vivre selon les traditions. L'attachement à son île d'Ouessant et notamment à la terre, l'évocation du travail agricole - dont la coupe du gazon qui alimentait autrefois les fours de l'île et la culture des pommes de terre - qui rythme l'année ou encore le refus de la voiture témoignent bien de cette volonté de se raccrocher à des repères stables qui ont toujours rythmés son existence. Le décalage de certaines des déclarations de cette femme âgée au fort accent, qui mêle français et breton, représentante d'une société et d'une manière de pensée aujourd'hui quasiment disparues, peut parfois prêter à sourire. Elles nous permettent néanmoins d'approcher la façon dont cette femme et beaucoup d'autres ont vécu et ressenti les nombreuses évolutions successives de la société rurale bretonne dans la seconde moitié du XXe siècle.