Enor da Jules Gros evit e 100 vloaz [Hommage à Jules Gros pour ses 100 ans]
Notice
Kant vloaz eo Jules Gros. Pennad-kaoz gant ar skrivagner ha yezhoniour brudet evit bezañ dastumet kantadoù a droioù-lavar e brezhoneg. [Jules Gros fête ses 100 ans. Portrait d'un linguiste et écrivain breton, connu pour avoir collecté des centaines d'expressions bretonnes.]
Éclairage
Jules Marcel Gros, greet "Marcel" anezañ en e famill, a zo ganet e Pariz e 1890. Dre ma laboure e dud, e voe fiziet ar bugel en e vamm-goz kostez e vamm. Setu neuze Michèle Allain, seiz bloaz hag hanter-kant dezi, nezourez a vicher e Tredraez, o sevel he mab bihan. Ar vaouez koz na gaozee nemed brezoneg hag ar pôtr Jules a zo bet savet er yez-se. Desket eo bet galleg gantañ er skol azaleg pemp ploaz. Da zeiz bloaz ez a en-dro da Bariz gand e dud, med daou vloaz goude e teu en-dro da Vreiz. An distro a zo poaniuz : n'eo ket gouest ken da gaozeal gand e vamm-goz, kollet e-neus e vrezoneg. Neuze e lak en e benn en em lakaad en-dro da zeski : evid-se e krog da lenn Kroaz ar Vretoned. Paket gantañ e vreved ez a da labourad e Pariz : pemzeg bloaz eo. Er mare-se e heuil ivez kenteliou noz hag e tesk meur a yez all – kembraeg, saozneg, spagnoleg. Beaji a ra ha mond da Vro-Gembre med ivez da Londrez ha da Verlin. E fin 1911 eo galvet da vond da zoudard : e-pad e bermisionou e teu en-dro da Vro-Dreger hag e krog da skriva ar hanaouennou kanet gand e vamm-goz hag ar geriou hag an troiou-lavar distaget gand tud e gorn-bro, martoloded ha labourerien-douar, eh en em gav ganto. Setu aze penn-kenta e zastumadenn.
E-pad ar brezel eo gloazet e Verdun. Embannet e vo war ar gelaouenn Buhez Breiz e 1919 e envorennou soudard : "Dek devez e Verdun", adembannet gand Brud Nevez e 1993. Goude ar brezel e heuil kenteliou Anatol ar Braz hag, asamblez gand Francis Gourvil, kenteliou Georges Dottin e skol-veur Roazon. Gand Francis Gourvil justamant e sav eur gelaouenn, embannet pep sizun, Mouez ar Vro : padoud a raio tri bloaz. E 1920, nevez-dimezet, ez a da Versailles. Eno e chom e darempred gand tud douget d'ar brezoneg ha d'ar vro, evel Tangi Malmanche hag Anatol ar Braz. Galvet da vond da zoudard en eil brezel e vo kaset d'ar Beljik evel jubennour. Dizoudardet e 1945 e teu da jom da vad e Lokemo : kas a raio da benn e labour dastum troiou-lavar brezoneg Bro-Dreger. E 1965 eh embann levrenn genta e zastumadenn – peder levrenn a vo en oll –, advoullet meur a wech abaoe : Le Trésor du breton parlé. E-barz e kaver 100 000 frazenn gand leun a droiou-lavar, mad da zistumma deuz doareou-soñjal galleg spered ar re a zesk brezoneg. Evel ma skriv Fañch Morvannou, levrioù Jules Gros "(...) constitueront longtemps la référence d'une langue authentique, à la fois dans sa spontanéité, sa correction native, et son pittoresque".
Marie-Françoise Keramprant – CRBC - UBO / UBE Brest
Un nebeud levrioù
Francis Favereau, Anthologie de la littérature bretonne au XXe siècle, Le premier "Emzao" 1900/1918, Skol-Vreizh, Morlaix, 2002.
Francis Favereau, Anthologie de la littérature bretonne au XXe siècle, Breiz Atao et les autres en littérature 1919/1944, Skol-Vreizh, Morlaix, 2003.
Histoire littéraire et culturelle de la Bretagne, Tome III L'invasion profane, sous la direction de Jean Balcou, Yves Le Gallo, Louis Le Guillou, Champion-Coop Breiz, Paris-Spezed, 1997.
Version française
Jules Gros, que ses proches appelaient "Marcel", est né à Paris en 1890. Les parents travaillaient et l'enfant fut confié à sa grand-mère maternelle, Michèle Allain, âgée de 57 ans, filandière à Trédrez. La vieille femme ne parle que breton, et c'est dans cette langue qu'elle élève son petit-fils. C'est à cinq ans, à l'école, qu'il apprend le français. Il a sept ans lorsqu'il retourne à Paris chez ses parents, mais deux ans plus tard il est de nouveau en Bretagne. Le retour est difficile : il a oublié le breton et réalise qu'il ne peut plus converser avec sa grand-mère comme avant. Il décide donc de réapprendre le breton et se met alors à lire Kroaz ar Vretoned. Après avoir passé le brevet, il va travailler à Paris ; il a alors quinze ans, et suit également des cours du soir. C'est ainsi qu'il apprend un certain nombre d'autres langues comme le gallois, l'anglais, l'espagnol. Il voyage et se rend au Pays-de-Galles, mais aussi à Londres et Berlin. Fin 1911, il est appelé sous les drapeaux : durant ses permissions, il revient dans le Trégor et commence à noter les textes des chansons chantées par sa grand-mère. Il relève également les tournures et les expressions employées par les marins et les paysans de son terroir lorsqu'ils parlent breton. Ce sont là les prémisses de son futur recueil.
Blessé à Verdun, ses souvenirs de guerre feront l'objet d'une publication dans la revue Buhez Breiz en 1919 : "Dek devez e Verdun / Dix journées à Verdun", réédité par Brud Nevez en 1993. Après la guerre, il est l'élève d'Anatole Le Braz et il suit les cours de Georges Dottin à l'Université de Rennes, en compagnie de Francis Gourvil. C'est avec ce dernier qu'il crée le nouvel hebdomadaire Mouez ar Vro qui paraîtra durant trois ans. En 1920, nouvellement marié, il s'installe à Versailles. Mais il continue d'entretenir des relations avec le milieu littéraire breton : il fréquente Tanguy Malmanche, Anatole Le Braz. Mobilisé lors de la Seconde Guerre, il est envoyé en Belgique en tant que traducteur. Démobilisé en 1945, il s'installe définitivement à Locquémeau : c'est là qu'il parachèvera son travail de recherche des expressions bretonnes trégoroises. A partir de 1965, commence la publication de la série des quatre tomes du Trésor du breton parlé, plusieurs fois réédité. On y trouve 100 000 phrases, de nombreuses expressions idiomatiques très utiles à ceux qui apprennent le breton. Comme l'écrit Fañch Morvannou, les ouvrages de Jules Gros "(...) constitueront longtemps la référence d'une langue authentique, à la fois dans sa spontanéité, sa correction native, et son pittoresque".
Marie-Françoise Keramprant – CRBC - UBO / UBE Brest
Bibliographie
Francis Favereau, Anthologie de la littérature bretonne au XXe siècle, Le premier "Emzao" 1900/1918, Skol-Vreizh, Morlaix, 2002.
Francis Favereau, Anthologie de la littérature bretonne au XXe siècle, Breiz Atao et les autres en littérature 1919/1944, Skol-Vreizh, Morlaix, 2003.
Histoire littéraire et culturelle de la Bretagne, Tome III L'invasion profane, sous la direction de Jean Balcou, Yves Le Gallo, Louis Le Guillou, Champion-Coop Breiz, Paris-Spezed, 1997.